Savoir traditionnel (Demandez à RNCan)
Transcription
- Bienvenue au tout premier épisode de « Demandez à RNCan », une nouvelle série d’émissions baladodiffusées au sujet des travaux scientifiques menés ici à Ressources naturelles Canada (ou RNCan pour les intimes).
- Le concept du balado est le suivant : Nous présentons un sujet. Nous en discutons avec l’un des experts de RNCan, puis nous vous laissons poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux.
- À la fin de l’épisode, si vous avez des questions sur le sujet abordé aujourd’hui, nous vous encourageons à nous en parler sur Twitter avec le mot-clic #DemandezÀRNCan. Notre expert fera de son mieux pour répondre à toutes les questions pertinentes.
- C’est bon? Alors, commençons l’émission…
- Le sujet abordé aujourd’hui sera « l’utilisation du savoir traditionnel pour compléter le travail scientifique mené ici à RNCan ».
- Tout d’abord, qu’est-ce qu’on entend par « savoir traditionnel »? Il n’y a pas de définition établie, mais on pourrait le décrire comme les connaissances, le savoir-faire, les habiletés et les pratiques qu’une communauté a perfectionnés et qui sont transmis de génération en génération.
- Notre invitée aujourd’hui, Mme Jennifer Galloway, est chercheuse à la Commission géologique du Canada, à RNCan. Mme Galloway a un baccalauréat en sciences spécialisé en biologie de l’Université Queen’s et un doctorat en géosciences de l’Université Carleton. En plus de travailler à RNCan, elle est aussi professeure auxiliaire adjointe à l’Université de Calgary et à l’Université Carleton.
- Son domaine de recherche est la palynologie, soit l’étude du pollen et des spores et d’autres matières organiques appelées microfossiles. Elle étudie le pollen et les spores préservés dans les roches, les sédiments lacustres et marins, et les tourbières pour reconstituer l’évolution de l’environnement, le climat et la végétation du passé.
- Mme Galloway est établie à Calgary, mais travaille actuellement à un projet dans les Territoires du Nord-Ouest qui intègre savoir traditionnel et connaissances scientifiques.
- Jennifer Galloway, merci d’être avec nous aujourd’hui.
Jennifer Galloway
- Merci de m’avoir invitée.
Animateur
- Tout d’abord, pouvez-vous nous parler un peu du projet qui vous occupe dans les Territoires du Nord-Ouest?
Jennifer Galloway
- Oui. C’est un projet de trois ans financé par Savoir polaire Canada, une direction d’Affaires autochtones et du Nord Canada, et par Ressources naturelles Canada, plus précisément la Commission géologique du Canada. Nous étudions l’impact des changements climatiques sur le transport et le devenir des métaux et des non-métaux dans les hautes latitudes. Le projet s’intitule « Outils géoscientifiques pour l’évaluation du risque environnemental associé à l’extraction des métaux ». C’est un grand projet collaboratif auquel participent plusieurs groupes et institutions des gouvernements, des universités, de l’industrie et des Premières Nations, sous la direction du professeur Tim Patterson à l’Université Carleton et de moi-même. Les communautés autochtones participantes sont la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes, le gouvernement des Tlichos, l’Alliance métis North Slave et un groupe inuit de Kitikmeot.
Animateur
- Et, ce projet a lieu prêt de Yellowknife?
Jennifer Galloway
- Le projet se déroule au centre des Territoires du Nord-Ouest et dans le sud de la partie continentale du Nunavut, dans la province géologique Slave, riche en minéraux. Il doit permettre d’établir les flux et les niveaux de référence des métaux et des non-métaux dans l’environnement et de comprendre comment les changements climatiques, tant passés que futurs, influeront sur le transport et le devenir des métaux et des non-métaux dans ces milieux naturels. Nous nous sommes concentrés jusqu’ici sur la région de Yellowknife, où 65 années d’exploitation de l’or à l’ancienne mine Giant et à d’autres mines d’or moins importantes ont laissé un dépôt d’arsenic considérable. Nous travaillons aussi dans le centre des Territoires du Nord-Ouest au site minier Tundra/Salmita, et nous espérons pouvoir nous rendre jusqu’à la baie Hope dans le sud du Nunavut, où une mine d’or vient d’ouvrir.
Animateur
- Je crois que vous intégrez le savoir traditionnel dans la recherche réalisée pour le projet. Pourquoi est-ce important? Que vous apprend le savoir traditionnel?
Jennifer Galloway
- Alors, le savoir traditionnel. Même s’il n’y pas de définition établie, on peut le résumer comme un bagage de connaissances qui fournit de l’information sur la subsistance, l’écologie, le climat et les processus. Et dans le Nord, où il se fait de l’extraction depuis longtemps, le savoir traditionnel peut aussi nous renseigner sur les conséquences à long terme de ces activités sur les populations et l’environnement. Il peut compléter les données dérivées du système occidental de connaissances scientifiques, mais aussi apporter un éclairage nouveau sur l’évolution passée du climat, de l’environnement et de l’utilisation du territoire – un éclairage que peu d’autres sources pourraient apporter. Nous travaillons donc avec les communautés autochtones dans le secteur à l’étude pour établir un mode de connaissance unique, capable de produire de l’information qui peut être associée aux données dérivées du système géoscientifique occidental pour apporter un éclairage sur l’évolution passée du climat et sur les impacts écologiques et culturels de l’héritage minier et des changements climatiques. Par exemple, en passant en revue des dossiers historiques et en interviewant des membres des communautés, l’Alliance métis North Slave a collecté une foule de données historiques sur la température, les tendances des précipitations et l’état des glaces. Et ces données, nous pouvons les comparer à nos reconstitutions fondées sur des indicateurs paléoécologiques. Nous travaillons aussi avec la Première Nation des Dénés Couteaux-Jaunes, qui en sait long sur les pratiques de l’ancienne mine Giant et leurs impacts sur l’environnement et les communautés. Ses connaissances seront extrêmement utiles à nos interprétations de la contamination historique dans la région.
Animateur
- L’intégration du savoir traditionnel gagne en importance à RNCan. Comment envisagez-vous l’évolution de cette initiative?
Jennifer Galloway
- Alors, je pense que toute décision sur l’aménagement du territoire doit tenir compte des populations locales et de leurs connaissances. L’intégration du savoir traditionnel, des connaissances des communautés et de la science citoyenne dans la science occidentale, et leur prise en compte dans les décisions d’aménagement du territoire gagnent en importance à l’échelle du pays. Et l’inclusion des perspectives locales est particulièrement pertinente dans le Nord canadien en raison de la nature cyclique des activités d’exploitation des ressources naturelles en régions éloignées, où les mines ferment et les projets sont abandonnés parfois sans grand préavis. Et bien sûr, ce sont les populations locales et les communautés autochtones qui restent coincées avec les problèmes environnementaux pouvant découler de ces activités. Or, tout impact écologique associé à l’extraction des ressources sera particulièrement marqué dans une région nordique, d’une part à cause de la lenteur relative des processus environnementaux qui ont à voir avec le rétablissement des milieux naturels dans les hautes latitudes nordiques, et d’autre part parce que le climat y change déjà rapidement. Et on prévoit que la tendance se maintiendra.
- Permettez-moi de vous remercier de m’avoir reçue. J’aimerais aussi remercier la direction à la Commission géologique du Canada de son soutien au projet.
Animateur
- Jennifer Galloway, merci d’être avec nous aujourd’hui.
- C’est maintenant le moment de l’émission où nous vous invitons à poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. Si vous avez des questions pour Mme Galloway, ou des commentaires sur cet épisode, vous pouvez nous les adresser sur Twitter avec le mot-clic #DemandezÀRNCan.
- Aussi, si vous souhaitez approfondir le sujet, nous vous encourageons à visiter notre site Web Science@RNCan, au www.rncan.gc.ca/science/accueil. Vous allez trouver un article sur le savoir traditionnel qui inclut des liens vers les documents pertinents.
- Et tant qu'à y être, faites le tour du site! Vous y trouverez une foule d’informations intéressantes : des articles, des portraits de scientifiques et notre série de vidéos « La science au travail », qui montre le travail scientifique de RNCan et ses effets sur la vie des Canadiens.
Voilà qui conclut notre premier épisode de « Demandez à RNCan ». Merci de nous avoir écouté aujourd’hui et revenez-nous au prochain épisode! D’ici là, n’hésitez pas à engager le dialogue avec nous sur Twitter.
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