Nouveau rapport : s’adapter aux changements climatiques
D’un bout à l’autre du Canada, des experts réputés demandent la mise en œuvre urgente de mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs impacts sur nos collectivités, notre environnement et notre économie.
Juin/juillet 2021
La question n’est plus de savoir si les changements climatiques existent, mais de déterminer ce que nous pouvons faire pour les combattre. Selon Le Canada dans un climat en changement : Rapport sur les enjeux nationaux — un nouveau document éclairant qui décrit les impacts qu’ont les changements climatiques sur le Canada – il s’agit maintenant non seulement de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de nous adapter à la « nouvelle normalité », et il est urgent d’agir.
Le Canada est depuis toujours un pays d’extrêmes climatiques, et les émissions de gaz à effet de serre augmentent l’intensité de ces extrêmes et accélèrent la vitesse des changements. En fait, le Canada se réchauffe en moyenne deux fois plus vite que la planète dans son ensemble, et ce sont les régions nordiques du pays qui subissent les changements les plus importants. Nous avons plus de chaleurs extrêmes, moins de froids extrêmes, des saisons de croissance plus longues, des périodes de couverture de glace et de neige au sol plus courtes et des printemps plus précoces, et nous assistons à la fonte des glaciers, au dégel du pergélisol et à l’élévation du niveau des océans. Tous ces changements ont une incidence sur nos collectivités, notre environnement et nos économies.
Des mesures supplémentaires requises
Le rapport rassemble les toutes dernières connaissances et données scientifiques, y compris les connaissances autochtones. « L’adaptation fait actuellement l’objet de travaux pour permettre aux Canadiens de devenir plus résilients face aux changements climatiques et de tirer profit des possibilités qui se présentent », affirme Catherine Lafleur, coauteure d’un des huit chapitres du rapport. « En général, ces travaux n’en sont toutefois qu’aux stades de l’acquisition de connaissances et de la planification. Il est urgent de mettre en œuvre plus de mesures. Fondamentalement, il existe deux manières de passer à l’action, et elles sont d’une importance critique : l’atténuation (réduire les émissions de gaz à effet de serre) et l’adaptation. Nous ne sommes pas obligés de choisir l’une ou l’autre de ces approches. Les deux peuvent être utilisées conjointement ».
Mme Lafleur possède des diplômes d’études supérieures en foresterie et en chimie et onze ans d’expérience au Service canadien des forêts. Évoluant aujourd’hui à la Division des impacts et de l’adaptation liés aux changements climatiques de Ressources naturelles Canada (RNCan), elle est la coauteure du chapitre du rapport qui se penche sur les changements climatiques et les mesures que prennent les divers secteurs économiques du Canada pour s’y adapter. Elle a rassemblé les travaux de recherche de plusieurs experts à RNCan : Yan Boulanger et Marc-André Parisien, sur la modélisation des risques d’incendie; Amy Christianson, sur les données concernant les évacuations en cas de feux de végétation; et Nirmal Subedi, sur les coûts directs et indirects des feux de végétation.
Tout est lié
Dans certains secteurs (p. ex. foresterie, agriculture et pêches), les changements climatiques peuvent avoir des impacts directs sur la production et les activités opérationnelles, car ils peuvent provoquer des événements extrêmes comme des inondations, des sécheresses ou des vagues de chaleur. De plus, tous les secteurs subissent des effets indirects tels que des perturbations au niveau des infrastructures et des chaînes d’approvisionnement, ce qui complique aussi bien le transport des fournitures et des travailleurs jusqu’aux lieux de travail que l’acheminement des produits vers les marchés. Par ailleurs, un effet domino particulièrement néfaste pour nos ressources naturelles est associé aux changements climatiques. Par exemple, les changements climatiques peuvent causer directement des sécheresses, ce qui rend les forêts plus vulnérables aux infestations d’insectes nuisibles et aux feux qui, à leur tour, peuvent provoquer des évacuations, des problèmes de santé et la fermeture d’entreprises. Dans les paysages marqués par des feux de forêt, la stabilité du sol et la qualité de l’eau peuvent changer, ce qui a des conséquences sur la faune, la santé publique et la planification des infrastructures. Il s’agit d’une dynamique complexe.
Comment nous adaptons-nous?
La plupart d’entre nous connaissent des façons de réduire leur empreinte carbone, mais savons nous comment nous adapter aux changements climatiques? La clé, c’est d’être préparés et proactifs et d’avoir une bonne capacité d’adaptation. Bon nombre de collectivités et de secteurs économiques commencent déjà à s’adapter. Si vous vivez dans le Nord et que le dégel du pergélisol a bloqué la seule route menant à votre village, il faudra peut-être relocaliser cette dernière et effectuer dans l’avenir plus de recherches pour s’assurer que les infrastructures de transport — les routes et les ponts — sont bâties sur de solides fondations. Si vous vivez en Nouvelle-Écosse ou au Nouveau Brunswick, des saisons de croissance plus longues et plus chaudes pourraient forcer le secteur forestier à envisager la culture d’autres espèces de feuillus tandis que les aires de répartition des espèces se déplacent vers le nord. Au pays, le secteur touristique ressent la pression qu’exerce le réchauffement de la planète. C’est particulièrement vrai pour les entreprises de loisirs hivernaux, qui pourraient devoir investir dans des canons à neige supplémentaires ou envisager des approches alternatives pour inciter les clients à utiliser leurs services autrement.
Changer la donne
« Nous avons tous un rôle à jouer », souligne Mme Lafleur, qui a récemment obtenu le titre de professionnelle des changements climatiques décerné par l’Association of Climate Change Officers. Nous pouvons réduire notre empreinte carbone, tandis que les gouvernements, les entreprises et les collectivités peuvent prendre des mesures pour s’adapter aux changements climatiques à plus grande échelle. « Les gens écoutent; ils sont prêts pour le changement. Nous pouvons travailler à ça ensemble — en fait, c’est mieux de le faire ensemble — en adoptant une approche globale et intégrée », ajoute t elle.
Le rapport sur les enjeux nationaux fait partie de l’évaluation nationale Le Canada dans un climat en changement : Faire progresser nos connaissances pour agir, qui se penche sur le comment et le pourquoi des changements climatiques au Canada, sur les impacts de ces changements sur nos collectivités, notre environnement et notre économie ainsi que sur les moyens que nous prenons pour nous y adapter. Ce rapport repose sur les bases scientifiques établies dans le Rapport sur le climat changeant du Canada, rendu public en 2019. RNCan dirige le processus intitulé Le Canada dans un climat en changement, qui mise sur la collaboration d’un vaste partenariat formé d’experts en la matière et d’utilisateurs des résultats de l’évaluation issus de tous les ordres de gouvernement, d’organisations autochtones, d’universités, de groupes professionnels et non gouvernementaux ainsi que du secteur privé.
Pour de plus amples renseignements :
Rapport sur les enjeux nationaux
La science simplifiée : Rapport sur le climat changeant du Canada
La science simplifiée : La fonte du pergélisol entraîne des problèmes majeurs dans les collectivités du Haut-Arctique canadien
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