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Suivi de la fonte des glaciers dans l’Ouest canadien

Projet de glaciologie national, bilan massique des glaciers (Ouest canadien)

Les glaciers du monde entier fondent et disparaissent. Dans l’Ouest canadien, leur épaisseur diminue et ils reculent à des rythmes spectaculaires et toujours plus rapides.

Mars 2022

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(carte: Le Projet national de glaciologie : réseau de surveillance, Programme de géoscience des changements climatiques, CGC)

Cela ne fait aucun doute, les glaciers changent au Canada! C’est pour cette raison que les travaux relatifs au projet de glaciologie de Ressources naturelles Canada sont plus urgents que jamais. Or, une petite équipe de scientifiques effectue justement le suivi et évalue les changements importants qui se produisent actuellement dans les champs de glace et les glaciers de l’ensemble du Canada. Ce travail est important, gratifiant et difficile, et ce, pour de multiples raisons. Maintenir à jour des données du retrait des glaciers fournit aux climatologues un tableau clair et à jour de l’évolution exacte des glaciers au fil du temps. Ces renseignements fournissent à leur tour un outil précieux aux décideurs pour déterminer et planifier les façons les plus efficaces de nous adapter à un climat en changement.

Le glaciologue Mark Ednie de la Commission géologique du Canada (CGC) montre la voie. Il se rend régulièrement par avion aux plus importants glaciers de l’Ouest canadien en Colombie-Britannique, en Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest.

Les glaciers sont une source cruciale d’eau douce dans l’Ouest canadien, puisqu’ils libèrent de l’eau dans l’écosystème au cours des mois secs de l’été. Mais que se passe-t-il lorsque les glaciers reculent et diminuent? La réduction du ruissellement de la fonte des glaciers aura des répercussions sur les nappes phréatiques, les pratiques agricoles et même sur la disponibilité d’eau potable en aval.

Compilation de trois clichés d’un hélicoptère en action sur le glacier : livraison de matériel, vue du hublot et départ.

Glacier Bologna, réserve de parc national du Canada Nahanni, T.N.-O.

Glacier Bologna, réserve de parc national Nahanni, T.N.-O.

Au moins deux fois par an, Mark et son équipe se rendent en hélicoptère à ces sites éloignés, soit une fois au printemps pour mesurer la quantité de neige tombée au cours de l’hiver et une autre fois à l’automne pour mesurer la quantité de glace ayant fondu au cours de l’été. Ces données sont essentielles pour déterminer dans quelle mesure le glacier s’est étendu ou a fondu cette année-là. Leurs tâches consistent à entretenir les stations météorologiques, à déterminer l’épaisseur et la densité de la neige ainsi qu’à mesurer les pieux de bilan massique (tiges métalliques insérées dans la glace afin de surveiller la fonte verticale du glacier). L’équipe enfonce les pieux de quatre mètres de longueur manuellement ou avec un perforateur; 16 pieux de bilan massique sont actuellement répartis sur l’ensemble des trois bassins du glacier Bologna.

Compilation de trois clichés de l’équipe au travail : préparation d’un drone, installation de matériel et vue grand-angle d’une personne au loin marchant vers le glacier.

Il y a seulement quatre ans, la personne sur cette photo aurait été recouverte de 20 mètres de glace. (Photos : Mark Ednie et Laurent Lessard)

À pied ou vu d’en haut, le récit est le même

C’est un travail physique qui peut être très astreignant. L’équipe mesure la fonte de la neige et de la glace dans la zone d’accumulation du glacier Bologna. Cette région est la partie du glacier où, chaque année, les chutes de neige excèdent la fonte; où est donc enregistré en fait un gain de masse. En revanche, la zone d’ablation est la partie du glacier qui perd plus de glace qu’elle n’en gagne. En plus d’être difficile, ce travail nécessite beaucoup d’expertise en escalade glaciaire et en utilisation de matériel spécialisé. Tous les membres de l’équipe sur le terrain sont formés en techniques d’auto sauvetage en cas de chute dans des crevasses et portent un matériel d’alpinisme de sauvetage, comme des cordes et des harnais. Il fait froid dans le Nord, mais malgré une température de l’air annuelle moyenne de -6 °C, le glacier Bologna fond et recule. Il y a seulement quatre ans, la personne sur cette photo aurait été recouverte de 20 mètres de glace (l’équivalent d’un édifice de quatre étages). Lorsque les chercheurs ne peuvent atteindre un site en personne, ils utilisent des drones pour prendre des images haute résolution, vidéo ou fixes, afin de produire des cartes d’altitude numériques permettant d’analyser la mesure dans laquelle les glaciers fondent.

Compilation de trois clichés : bois de caribou sur la glace, surface ondulée de la glace et deux scientifiques debout au bord d’un profond moulin glaciaire.

Un relevé par radar pouvant pénétrer la glace a indiqué une épaisseur du glacier d’environ 120 mètres au niveau du moulin sur la photo ci-dessus. (Photos : Mark Ednie)

Le glacier Bologna est très intéressant pour plusieurs raisons. Il fait partie du plus important champ de glace des Territoires du Nord-Ouest et fournit des informations précieuses sur l’évolution des glaciers de cette région. L’eau de fonte du glacier s’écoule dans la rivière Nahanni Sud, joyau de la réserve de parc national Nahanni qui est une partie importante des territoires traditionnels des Premières Nations Dehcho. La surface du glacier évolue continuellement; de nouvelles crevasses et réseaux de drainage se forment et disparaissent régulièrement. Le glacier compte plusieurs moulins. Il s’agit de puits circulaires verticaux drainant l’eau de la surface supérieure du glacier vers les systèmes internes de drainage inférieurs. Ces moulins présentent un grand intérêt et, lorsque de nouveaux apparaissent, les chercheurs en prennent note comme constituant un danger potentiel. Les scientifiques ont essayé de mesurer la profondeur de celui-ci, mais il s’enfonçait plus profondément que leur ruban de mesure de 80 mètres. Un relevé par radar pouvant pénétrer la glace a indiqué une épaisseur du glacier d’environ 120 mètres au niveau du moulin (voir la photo ci-dessus).

Malgré le froid et la glace, le glacier Bologna n’est pas stérile. Des oiseaux y nichent sur des affleurements rocheux au-dessus de la glace et des caribous, des porcs-épics, des carcajous et d’autres espèces l’utilisent comme couloir de déplacement. Chaque printemps, l’équipe y voit de multiples traces de caribous; preuves de leur traversée vers les vallées voisines, qui serait difficile, voire impossible, sans la présence du glacier. Les caribous profitent en outre des températures plus fraîches et des vents soufflant sur le glacier, qui les aident à échapper aux mouches noires et aux moustiques.

Glacier Peyto, parc national Banff, Alberta

Comparison

Deux photos montrant le rétrécissement du glacier entre 2011 et 2021.

Chaque année, Mark et une équipe de chercheurs passent deux à quatre jours au glacier Peyto, qui fait partie du célèbre champ de glace de Wapta dans le superbe parc national Banff. Après de nombreuses années de clémence record des températures estivales, le glacier Peyto fond désormais à un rythme alarmant; comme ces deux photos de 2011 et 2021 le montrent. Aujourd’hui, après les dômes de chaleur et les feux de végétation sans précédent de 2021, le glacier Peyto est pratiquement méconnaissable du fait du recul spectaculaire du front glaciaire.

Deux plans larges du glacier et une représentation graphique montrant le rétrécissement de 2011 à 2021.

Une autre source, des images satellites optiques Landsat d’août 2021, montre le recul spectaculaire du front glaciaire sur 10 ans, soit pratiquement 500 mètres. Le glacier Peyto a continué à fondre de façon significative depuis. Le lac proglaciaire s’est agrandi de façon spectaculaire, rendant l’accès à pied au glacier pratiquement impossible en été.

Chaque année, Mark mesure près de cinq mètres de glace fondue au niveau du front glaciaire. Ce recul rapide est réellement préoccupant puisque le glacier Peyto est l’un des principaux glaciers alimentant la rivière Saskatchewan Nord, source majeure d’eau pour les provinces des Prairies.

Glacier Helm, parc provincial Garibaldi

Cliché de Mark effectuant une coupe dans la neige.

(Photo : Steve Bertollo)

Dans la chaîne de montagnes côtière de la Colombie-Britannique, le manteau neigeux mesure généralement plus de cinq mètres de profondeur; ce qui rend difficile le prélèvement d’échantillons de neige près de la surface de la glace. Mark creuse donc des coupes dans la neige d’environ deux mètres, puis utilise des perforateurs pour atteindre des échantillons plus profonds. Au glacier Helm, dans le parc provincial Garibaldi près de Squamish (C.-B.), les échantillons de neige sont pesés pour calculer la densité de la neige et sa teneur globale en eau.

Après une période occupée de déplacements au printemps et à l’automne, Mark a terminé ses recherches. Il analyse les données, fait part de ses constats, rédige des articles et organise ses photos et vidéos. Même si ces recherches ne produisent pas toujours de bonnes nouvelles, elles sont vitales. Suivre la progression de nos plus importants glaciers est l’une des rares façons dont nous disposons pour démontrer l’évolution spectaculaire de certaines de nos caractéristiques géologiques emblématiques et fournir aux décideurs les renseignements dont ils ont besoin pour planifier pour l’avenir.

Cette expédition a été rendue possible par le Programme du plateau continental polaire (PPCP) de RNCan. Ce centre d’excellence de longue date dispose d’un réseau logistique bien établi comprenant tout ce qui peut aider les scientifiques (équipement de camp de base, aéronefs nolisés, motoneiges et même un centre ouvert toute l’année à Resolute au Nunavut) à se concentrer sur leurs importantes études. Avant la pandémie, le PPCP soutenait plus de 1000 expéditions dans le Nord canadien chaque année.

Pour de plus amples renseignements :

Glaciers au Canada, Ressources naturelles Canada

Glaciers au Canada | L’Encyclopédie canadienne

À regarder :

Mesurer des glaciers

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