Mesurer les secousses et vibrations dans l’ouest de l’Arctique canadien
Il n’est pas facile de voyager et de travailler dans les régions éloignées du Nord canadien. Demandez à Andrew Schaeffer, sismologue à Ressources naturelles Canada (RNCan), qui s’est aventuré dans les Territoires du Nord-Ouest l’été dernier dans le but de mieux comprendre les tremblements de terre et les dangers naturels connexes.
« Je vais dans cette région depuis cinq ans, et je m’étonne toujours de constater comment il est difficile simplement de se rendre là-bas », affirme Andrew. « La région est d’une beauté éblouissante, mais je suis bouleversé de voir à quel point le paysage a changé pendant cette courte période. »
Enregistrer d’infimes mouvements pour obtenir une vue d’ensemble
Andrew et une petite équipe se sont rendus dans le Nord pour faire l’entretien de quatre sismomètres et en installer un nouveau à Tuktoyaktuk. Chaque sismomètre enregistre les vibrations du sol, aussi infimes soient-elles – une information dont on peut se servir ensuite pour en apprendre plus sur la récurrence, l’ampleur et l’emplacement des tremblements de terre, de même que sur la structure du sous-sol. La nouvelle station est située plus près du delta du Mackenzie et de la mer de Beaufort que les autres stations, ce qui la rend plus sensible aux tremblements de terre qui frappent les côtes avoisinantes.
L’ouest de l’Arctique canadien, qui subit un nombre relativement élevé de tremblements de terre, est une région à haut risque sismique. Comme il s’agit d’une région très isolée, où les conditions de travail sont difficiles, il y a cependant peu d’instruments de mesure sismique là-bas. Les scientifiques ont donc de la difficulté à se faire une idée précise de la quantité, du type et de l’ampleur réels des séismes susceptibles de s’y produire.
Paysage en rapide mutation
« C’est tout un défi de travailler là-bas, mais il est essentiel d’y étudier les tremblements de terre pour améliorer notre compréhension du phénomène dans cette région », indique Andrew. « La région connaît une rapide mutation sous l’effet des changements climatiques : la couverture de glace de mer continue de rétrécir, le pergélisol fond, et on observe des signes d’érosion côtière. Dans ces conditions, un tremblement de terre aujourd’hui est susceptible de causer relativement plus de dommages qu’un séisme similaire ne l’aurait fait par le passé. « Par exemple, une secousse relativement faible pourrait à son tour fragiliser davantage la structure terrestre sous-jacente et contribuer ainsi à provoquer un cycle continu d’effondrement et d’érosion des berges. »
Régions d’un intérêt particulier
Les régions côtières où fond le pergélisol revêtent un intérêt particulier, car les sols meubles, non consolidés sont susceptibles de subir beaucoup plus de secousses pendant un tremblement de terre qu’une zone de toundra au sol gelé. Cette instabilité peut en partie contribuer à accroître l’effondrement des berges. De plus, les séismes qui se produisent en mer dans le delta Mackenzie ou la mer de Beaufort entraînent des risques de tsunami; or, un tsunami exacerberait encore davantage l’érosion côtière, déjà si rapide.
Grâce à la nouvelle station à Tuktoyaktuk, les scientifiques pourront en apprendre davantage sur l’activité sismique dans le Nord et obtenir des estimations plus précises des dangers éventuels dans la région.
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