Recherche de matériaux pour pipelines (Demandez à RNCan)
Transcription
Animateur : Bienvenue à un autre épisode de « Demandez à RNCan », une série d’émissions balado au sujet de la science menée ici à Ressources naturelles Canada, ou RNCan pour les intimes.
Le concept du balado est qu’on vous présente un sujet et qu’on en discute avec un de nos experts ici à RNCan. Ensuite, on vous laisse poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. À la fin de l’épisode, si vous avez des questions sur le sujet abordé aujourd’hui, on vous encourage de nous en parler sur Twitter avec le mot-clic « #DemandezÀRNCan ». Le spécialiste fera de son mieux pour répondre à toutes les questions pertinentes.
C’est bon? OK, allons-y.
Dans le dernier épisode on vous a donné un aperçu des pipelines au Canada. On a mentionné que RNCan fait de la recherche sur les matériaux de pipelines. Alors aujourd’hui on va approfondir le sujet. RNCan possède de nombreux laboratoires qui s’adonnent à diverses recherches reliées aux ressources naturelles. Deux de ses laboratoires, un à Hamilton et l’autre à Calgary, font de la recherche sur les matériaux avancés conçus pour les pipelines. M. Philippe Dauphin, directeur général de CanmetMATÉRIAUX se joint à nous aujourd’hui.
Merci Philippe de prendre le temps de parler avec nous.
Philippe : Ça me fait plaisir de parler d’un sujet qui me tient à cœur – la recherche sur les matériaux liés aux pipelines.
Animateur : Parfait. Ma première question est la suivante : pourquoi la recherche sur les matériaux des pipelines est-elle nécessaire? Je demande parce que, sur le site Internet, on mentionne, et je cite ici, que 99,999 p. 100 du pétrole transporté par les pipelines réglementés par le gouvernement fédéral était transporté de façon sécuritaire. Alors, pourquoi la recherche est-elle nécessaire?
Philippe : D’abord, j’aimerais mettre le 99,999 p. 100 en contexte. Quand on parle de 99,999 dans notre vie de tous les jours, ça voudrait dire qu’on a pas plus qu’une panne d’électricité de cinq minutes dans toute une année. Ça veut dire que sur 1,4 milliards de barils de pétrole qui sont transportés par les pipelines au Canada, il y en a moins de 400 qui sont échappés ou qui se rendent dans l’environnement.
Maintenant, pourquoi on continuerait de faire de la recherche plutôt que de se dire qu’on a réussi et que les pipelines sont sécuritaires? Pourquoi les fabricants d’automobiles font-ils de la recherche sur les ceintures de sécurité, alors que, les ceintures sauvent des vies? Parce qu’on est capable d’éviter encore plus de blessures et on peut sauver plus de vies en ayant des systèmes qui sont plus performants. C’est la même chose pour les pipelines.
Au Canada on a 760 000 kilomètres de pipelines à travers le pays. Et, il y en a environ 73 000 kilomètres qui sont réglementés par le gouvernement fédéral et 30 p. 100 de ses pipelines-là ont plus de 30 ans. On comprend comment les opérer de façon sécuritaire mais on veut comprendre encore mieux quels sont les facteurs qui pourraient mener à un bris et un déversement de pétrole dans l’environnement ou un relâchement de gaz? Et les décisions qui sont prises par le gouvernement doivent être soutenues par la science la plus avancée. Et c’est nous qui fournissons ces conseils scientifiques.
Animateur : C’est super logique. Comment la recherche que vous menez à CanmetMATÉRIAUX contribue-t-elle à la sécurité des pipelines?
Philippe : On a trois grands objectifs. Le premier, c’est le développement de matériaux et de technologies pour rendre les pipelines plus sécuritaires. Donc on développe des aciers à haute résistance. On développe aussi des façons de souder des sections de façon performante de sorte que les soudures ne rompront pas, et puis, on veut des stratégies pour des pipelines qui peuvent rencontrer des mouvements dans le sol. Les fermiers vont souvent parler du gel-dégel qui fait monter les grosses pierres à la surface – on peut avoir des clôtures qui sont poussées par le gel-dégel ou les nids-de-poule qui apparaissent en hiver ou au printemps parce qu’on est soumis au gel-dégel. La même chose peut arriver à un pipeline qui est enfoui dans le sol. Le gel peut le faire monter à un endroit, puis initier une fissure qui pourrait mener à une fracture éventuellement. On veut aussi fournir des renseignements scientifiquement crédible et de l’information scientifique non biaisée pour aider les gouvernements à prendre des décisions. Et, finalement, en bout de ligne, notre but c’est d’améliorer la confiance du public dans notre infrastructure de transport de l’énergie. On veut continuellement améliorer l’intégrité de nos pipelines, et puis, on veut garder notre industrie de production de pétrole et du gaz compétitive à l’échelle mondiale.
Animateur : CanmetMATÉRIAUX existe depuis les années 40 je crois. Est-ce que vous pouvez décrire quelques-unes des plus grandes réalisations des laboratoires, relatives aux pipelines?
Philippe : Oui. On a développé, on développe souvent des standards qui sont utilisés pour mesurer de façon reproductible les facteurs physiques qui sont liés aux pipelines. Un d’entre eux s’appelle – c’est un standard – pour la méthode de « l’angle d’ouverture de la pointe d’une fissure ». Ça, ça nous permet de mesurer la résistance à la fracture des matériaux. Dans les pipelines qui transportent le gaz, les fractures peuvent se propager à une très grande vitesse et mener à un bris du pipeline sur une distance assez importante. L’acier qui est utilisé aujourd’hui est plus performant que celui qui était utilisé dans les années 50, 60, 70, et on est plus capable avec les tests standards qui étaient développés à l’époque, de mesurer vraiment la distance de la fracture. Donc, ce nouveau test, ce nouveau standard, va nous permettre, et va permettre aux ingénieurs de prendre des décisions adéquates sur la résistance de ces pipelines-là.
On a aussi un standard qui a été développé pour mesurer la qualité du revêtement qui est appliqué sur le terrain. Donc, quand on assemble un pipeline, il arrive recouvert d’un revêtement qui le protège contre la corrosion, sauf les deux bouts du tuyau qui vont être soudés ensemble, donc on doit ajouter un revêtement sur le terrain. On veut être sûr que le revêtement va coller sur le pipeline et va être compatible avec le revêtement qui avait été appliqué dans une usine. Donc, on a un nouveau standard qui a été développé à cet effet-là.
On travaille aussi à fournir des renseignements scientifiques non biaisés lors des demandes de permis pour un nouveau pipeline. Donc, l’Office national de l’énergie reçoit une demande de permis et nos experts, avec leurs connaissances spécifiques, peuvent décider si les mesures qui sont suggérées par la compagnie qui fait la demande de permis sont suffisantes ou vont devoir être améliorées. Et c’est nos experts qui font ça.
Animateur : Qu’est ce qui s’en vient pour votre équipe dans le futur?
Philippe : On veut continuer de s’améliorer constamment. On veut comprendre aussi, quand il y a une rupture, qu’est ce qui l’a causé? Donc, on veut avoir accès aux échantillons d’acier qui entourent la rupture de pipeline pour comprendre qu’est ce qui a mené à cette rupture-là, et qu’elles étaient les conditions de production des tuyaux, de production du pipeline – donc, quand il a été assemblé sur le terrain – et les conditions d’opération, de sorte que les standards qu’on développe à l’avenir vont nous permettre d’éviter ce type de rupture-là à l’avenir. J’ai mentionné qu’environ 30 p. 100 des 73 000 kilomètres de pipelines au Canada sont plus vieux que 30 ans. Donc, on veut développer des façons de mesurer quel est l’état de ces pipelines-là et combien de temps on peut continuer de les opérer. Quand ils ont été conçus on prévoyait 50 à 75 ans d’opération mais on doit continuer de mesurer pour voir quelle est l’évolution des propriétés physiques de l’acier de ces pipelines. Et puis, finalement, on veut continuer de contribuer à la bonne prise de décision lors de demandes de permis ou de modifications de fonctionnement des pipelines, que ce soit une augmentation de la pression, ou une augmentation du débit ou quelque chose comme ça.
Animateur : Super. Merci beaucoup Philippe pour votre temps – c’est très apprécié. C’est maintenant le moment de l’émission ou nous vous invitons à poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. Si vous avez des questions pour Philippe ou des commentaires sur cette épisode, vous pouvez nous adresser sur Twitter avec le mot-clic #DemandezÀRNCan. Aussi, si vous souhaitez approfondir le sujet, vous aimerez l’article « La recherche sur les pipelines » qui se trouve dans notre site Web au www.rncan.gc.ca/science-simplement/accueil. L’article contient aussi des liens vers des documents pertinents. Et, tant qu’à y être, vous pouvez faire le tour du site. Vous y trouverez une foule d’information intéressante. Alors, nous avons des liens à nos épisodes précédents, de notre balado – nous avons des articles, des portraits des scientifiques et aussi nous avons une série de vidéos « Science au travail » qui démontrent le travail scientifique de Ressources naturelles Canada et les effets que ceci a sur la vie des Canadiens.
Voici ce qui conclut cet épisode de « Demandez à RNCan ». Merci de nous avoir écouté aujourd’hui et revenez-nous au prochain épisode. D’ici là, n’hésitez pas à engager le dialogue avec nous sur Twitter.
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