Inventaire des forêts du Canada
Pour la première fois, de nouvelles données détaillées sur les placettes terrain des forêts du Canada seront disponibles annuellement; mais comment peuvent-elles nous renseigner sur les ressources forestières, la biodiversité et les impacts des changements climatiques?
Septembre 2022
Dans une mosaïque de couleurs vives, d’espèces diverses et de formations uniques réparties en 15 différentes écozones, les forêts du Canada représentent l’un des plus grands paysages naturels au monde. Elles couvrent environ 40 % du pays.
Le Canada compte plus de 362 millions d’hectares, ce qui représente 9 % des forêts du monde. Dresser l’inventaire de cette vaste ressource constitue un travail de taille. Comme presque toutes les forêts du Canada se trouvent sur des terres publiques, provinciales, territoriales ou fédérales, tous les ordres de gouvernement doivent travailler de concert pour recueillir et analyser les données. Selon votre lieu de résidence, les forêts peuvent représenter plus de 80 % de votre région, comme dans l’écozone maritime de l’Atlantique, ou seulement 3 %, comme dans les Prairies.
Dresser l’inventaire sur le terrain… et depuis l’espace
Depuis l’an 2000, l’Inventaire forestier national (IFN) du Service canadien des forêts (SCF) compile et gère les données d’inventaire forestier recueillies par des équipes dans tout le pays. Les équipes peuvent accéder aux mesures forestières de différentes manières. L’une consiste à utiliser un réseau de 1 114 placettes terrain permanentes où les chercheurs évaluent les caractéristiques de la forêt comme l’âge, la santé et le taux de croissance des arbres ainsi que la composition des espèces. Ils recueillent également des échantillons pour déterminer les éléments nutritifs du sol, la teneur en carbone et la profondeur du tapis forestier.
Une autre façon pour le Canada de mesurer ses forêts consiste à utiliser 13 158 placettes photos. Un grand nombre de ces placettes se situent dans des zones difficiles d’accès, de sorte que les chercheurs et les scientifiques ont recours à des images recueillies à partir d’avions ou de satellites. Le SCF analyse ces informations pour brosser un tableau clair de nos forêts et de leur évolution au fil du temps.
Un changement important pour les forêts du nord du Canada
À partir de cette année, pour la première fois, les données des parcelles terrain de l’IFN seront publiées annuellement. Les scientifiques n’auront plus à se fier aux données publiées seulement une fois par décennie. Pouvoir travailler avec de nouvelles données chaque année aidera les scientifiques à surveiller les taux de changement de la végétation, comme la croissance et la décomposition, ce qui peut aider à répondre à des questions importantes liées à la gestion durable des forêts, à la biodiversité forestière et aux impacts des changements climatiques.
Luc Guindon, chercheur scientifique en télédétection et en écologie forestière au Centre de foresterie des Laurentides, affirme que l’accès aux données de terrain et de télédétection change la donne pour son travail de cartographie des régions forestières du Nord.
« Le plan d’échantillonnage systématique de l’IFN et l’utilisation de données à haute résolution interprétées à partir de photos constituent un excellent choix pour inventorier les régions nordiques éloignées et difficiles d’accès », explique Luc. « Pour la composition des espèces et la végétation des sous-bois, il s’agit de la première base de données pancanadienne rigoureuse. C’est un atout considérable pour les études scientifiques sur les vastes forêts nordiques du Canada. »
Comprendre l’incidence des changements climatiques
L’accès à des renseignements complets et de qualité sur les régions éloignées est particulièrement important pour les scientifiques qui surveillent les changements dans la forêt boréale du Canada. Les effets des changements climatiques modifient les modèles de perturbations naturelles et la dynamique forestière dans les forêts du Nord. La mesure et la surveillance des impacts des perturbations (incendies, insectes, maladies, sécheresse, coups de vent, inondations et variations extrêmes de température) sont d’une importance capitale.
Bien que les forêts du Nord puissent être difficiles à atteindre, elles peuvent fournir des réponses à des questions importantes sur les changements climatiques, notamment les espèces les plus touchées ou les plus résilientes, les impacts de la fonte du pergélisol, les voies de migration des ravageurs envahissants et la propagation des incendies de forêt.
« Les données de l’IFN nous aident à en apprendre davantage sur la façon dont les changements climatiques touchent les forêts du Nord », indique Lisa Smith, forestière chargée de l’inventaire et de la planification au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. « Nous sommes en mesure d’accroître nos connaissances forestières dans des zones qui ne sont normalement accessibles que par hélicoptère. »
Au pays et partout dans le monde
Les données de l’IFN aident également les scientifiques du monde entier. Des données forestières de grande qualité sont exactement ce dont Jonathan Wang, Ph. D. et chercheur postdoctoral à l’Université de Californie, avait besoin pour cartographier la densité de la biomasse aérienne dans les parties occidentales des forêts boréales d’Amérique du Nord.
« Disposer des données les plus précises et les plus cohérentes est particulièrement important pour évaluer les changements que nous estimons dans le puits de carbone aérien au fil du temps », précise Jonathan. « Il nous est tout simplement impossible de remonter dans le temps pour prendre de nouvelles mesures. »
Grâce à la validation des données de l’IFN, Jonathan prévoit maintenant étendre ses recherches pour inclure tout le Canada et l’Alaska en tirant parti des progrès des nouvelles technologies (une méthode également utilisée par le SCF).
Céline Boisvenue, Ph. D. et chercheuse scientifique au SCF, utilise les données de l’IFN comme une lentille « gros plan » afin de voir les effets de toutes les composantes qui influencent la dynamique forestière.
« Toutes les données recueillies sur les forêts à différentes échelles spatiales (des données satellitaires mondiales aux instruments qui survolent la forêt par avion, en passant par les mesures des arbres fournies par l’IFN) sont comme des lentilles qui nous donnent une image de nos forêts », explique-t-elle. « Les renseignements complets fournis par l’IFN sont cruciaux. Nous utilisons ce niveau de données pour nous assurer que nous interprétons correctement les autres types de données recueillies à d’autres échelles spatiales. »
L’avenir de nos forêts
Les forêts du Canada sont confrontées à la réalité des changements climatiques et aux dynamiques des écosystèmes. Nos chercheurs sont présents et observent et interprètent ces phénomènes pour assurer la protection à long terme de notre environnement. Grâce aux données sur les parcelles terrain qui sont maintenant publiées chaque année, RNCan est en mesure de nous aider à mieux comprendre comment nos forêts se transforment d’année en année, ce qui contribue à créer un avenir meilleur pour tous les Canadiens et pour nos amis de la forêt.
À découvrir :
Rapport annuel sur l’état des forêts au Canada 2021
Inventaire forestier national du Canada
Ce que la technologie spatiale peut révéler sur les forêts du Canada (article de La science simplifiée)
Détails de la page
- Date de modification :