Les effets cumulatifs dans les forêts boréales du Canada
Les perturbations naturelles et humaines mettent de plus en plus en péril la santé des forêts et leur utilisation. Séparément, de telles perturbations nuisent aux écosystèmes forestiers. Lorsqu’elles sont combinées, leurs « effets cumulatifs » peuvent avoir des répercussions plus importantes sur les valeurs environnementales, culturelles, sociales et économiques inhérentes aux zones boisées.
Parmi les nombreux événements naturels et causés par l’être humain qui perturbent les zones boisées, se trouvent :
- les feux de forêt
- les infestations de ravageurs forestiers infestations
- les changements climatiques
- l’exploitation des ressources (p. ex. la foresterie, les mines, le pétrole et la gaz, l’agriculture)
- les perturbations linéaires (p. ex. les routes, les oléoducs, les lignes d’exploration sismique)
- les activités récréatives et autres activités humaines
- l’expansion urbaine
Dans le cadre de son programme national, le Service canadien des forêts (SCF) a publié une série d’articles dans le but de relier ensemble le travail des chercheurs du SCF lié aux effets cumulatifs dans les forêts canadiennes.
Comprendre les effets cumulatifs
La science liée aux effets cumulatifs a recours à l’analyse des interactions entre les perturbations du paysage. Les chercheurs dans le domaine travaillent à déterminer si ces interactions sont positives ou négatives et à en mesurer les risques sur l’environnement. Pour étudier la façon dont les multiples perturbations modifient le milieu forestier, ils examinent également certains indicateurs comme la santé des arbres et les espèces menacées.
Les ressources naturelles constituent un élément de premier plan de l’économie du Canada. Chaque secteur qui utilise une de ces ressources doit mesurer l’interaction de ses activités avec les autres qui se déroulent au sein du même paysage. Lorsque ces activités touchent les écosystèmes forestiers, leurs répercussions touchent également les collectivités rurales. L’économie ainsi que le bien-être régional sont étroitement liés à la santé et à la productivité des forêts locales.
Le caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) représente un exemple de l’importance de la recherche sur les effets cumulatifs dans les forêts du Canada. Le caribou des bois est présent dans les forêts anciennes et denses, qui abondent en lichen et comptent peu de prédateurs (loups). Or, l’exploitation forestière et le reboisement ont créé de jeunes forêts, des zones que préfèrent l’orignal et le cerf, lesquels attirent les loups. L’activité pétrolière et gazière, quant à elle, a entraîné la construction de milliers de kilomètres de chemins d’exploration et de routes d’accès connexes. Ainsi, les paysages fragmentés qui en résultent permettent aux loups d’accéder plus facilement aux forêts denses plus anciennes. L’accumulation de tels effets a donc entraîné une augmentation de la prédation par les loups et a eu une lourde incidence sur les populations du caribou des bois. Le rétablissement des populations de caribou des bois nécessite un effort commun de plusieurs partenaires et doit s’appuyer sur la recherche sur les effets cumulatifs afin d’en réduire les répercussions.
La gestion des effets cumulatifs et l’expertise du Service canadien des forêts
Les activités de recherche menées au Service canadien des forêts (SCF) comportent un programme national sur les effets cumulatifs. Comprendre les effets cumulés des perturbations des paysages dans la forêt boréale permet de mieux éclairer la prise de décisions sur l’utilisation durable des ressources naturelles du Canada.
Ce Programme national de recherche sur 10 ans comporte deux éléments clés.
- Comprendre et évaluer les effets cumulatifs et en réduire les risques
- Les chercheurs du SCF s’emploient à élaborer des stratégies et des outils visant à évaluer, à prévenir et à limiter les risques et les répercussions des effets cumulatifs sur les forêts. Toutefois, il existe des lacunes dans les connaissances et les données pour comprendre, évaluer, prédire et gérer les effets cumulatifs des projets d’exploitation des ressources. Les différents secteurs des ressources naturelles du Canada doivent combler ces lacunes pour maintenir une solide réputation en matière d’environnement, de même que pour respecter les normes du commerce international.
- Le SCF travaille avec les partenaires nationaux, les provinces et territoires, les communautés autochtones et d’autres intervenants. De telles collaborations aident à définir les enjeux, les besoins, les lacunes scientifiques et les possibilités.
- L’incidence des effets cumulatifs sur les droits et intérêts des Autochtones doit être prise en considération compte tenu des engagements du gouvernement du Canada à l’égard de la réconciliation. Les connaissances et les valeurs autochtones peuvent jouer un rôle important, en collaboration avec la science occidentale, pour orienter la prise de décisions sur la gestion des ressources naturelles.
- Créer et développer des connaissances et des outils pour restaurer les écosystèmes forestiers
- Les chercheurs du SCF mettent au point des outils et techniques fondés sur des données probantes pour améliorer la remise en état des terres et la restauration des paysages forestiers. De tels processus sont nécessaires pour que les écosystèmes détériorés retrouvent leur état initial ou soient transformés en paysage durable.
- Le travail de restauration en cours prévoit l’amélioration de la qualité de l’habitat du caribou des bois. Ainsi, une collaboration et un engagement permanents avec les partenaires des différents secteurs des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables et des autres ministères fédéraux sont requis.
Les changements climatiques sont l’un des plus importants facteurs qui alimentent les répercussions des effets cumulatifs sur les forêts du Canada. Par conséquent, le plus grand défi de la recherche sur les effets cumulatifs consiste à comprendre la façon dont ces répercussions interagissent avec les changements climatiques.
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