La vérité sur les véhicules électriques (Demandez à RNCan)
Il y a tant de mythes qui entourent les véhicules électriques, notamment en ce qui concerne leur fonctionnement, la distance qu’ils peuvent parcourir ou encore leur prix. Dans cet épisode de « Demandez à RNCan », nous brisons ces mythes! Yves Madore, passionné d’automobiles et agent de programme à RNCan, parle des idées fausses les plus courantes qui circulent au sujet des véhicules électriques, notamment au sujet des bornes de recharge, de la durée de vie des batteries et du temps de recharge.
Transcription
Joel : Salut tout le monde! Bienvenue à l’émission « Demandez à RNCan ». Aujourd’hui, nous allons parler des véhicules électriques, en particulier, nous allons explorer les mythes courants au sujet des véhicules électriques. Pour ceux qui nous écoutent pour la première fois, le concept de l’émission est que l’on discute d’un sujet lié au travail qui se fait ici à Ressources naturelles Canada (ou RNCan). D’abord, on vous présente un sujet et on en discute avec un de nos experts. Ensuite, on vous laisse poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. À la fin de l’épisode, si vous avez des questions sur le sujet discuté aujourd’hui, nous vous invitons à venir sur Twitter nous en parler avec le mot-clic #DemandezàRNCan. Notre spécialiste fera de son mieux pour répondre à toutes les questions pertinentes. C’est bon? Allons-y!
Aujourd’hui nous accueillons à l’émission Yves Madore. Yves, ça va bien?
Yves : Ça va bien, toi?
Joe : Très bien, merci. Alors, toi tu fais partie de la Division du transport et des carburants de remplacement, c’est bien ça?
Yves : C’est ça.
Joel : Okay, parfait. Est-ce que tu peux nous expliquer ton travail en ce qui a trait aux véhicules électriques?
Yves : Oui, bien sûr. Notre travail, c’est surtout envers la sensibilisation. Ça fait qu’on a des vidéos, des fiches techniques… on a aussi le Guide de consommation de carburant, qui est une publication produite par notre groupe annuellement. À l’intérieur, il y a les codes de consommation de carburant de tous les véhicules. C’est un outil que les consommateurs peuvent se servir lorsqu’ils sont en train de magasiner un nouveau véhicule, pour comparer la consommation de carburant. Ils peuvent choisir le véhicule qui consomme le moins d’énergie qui répond à leurs besoins quotidiens.
Joel : J’aime le terme. Ces produits sont disponibles sur le site Web?
Yves : Oui, c’est ça. C’est au vehicules.gc.ca : sur le premier lien en haut de la page.
Joel : Parfait. Il y a beaucoup de croyances communes quand ça vient aux véhicules électriques à batteries. Ce que j’aimerais faire aujourd’hui avec toi, c’est que j’aimerais pouvoir examiner ces croyances et puis distinguer la fiction de la réalité. Est-ce que c’est quelque chose qui t’intéresse?
Yves : Absolument. J’adore parler de véhicules… une vie de voitures, c’est parfait pour moi.
Joel : D’accord, on va commencer par les préoccupations par rapport avec une batterie morte (disons avec pas de pouvoir). Au Canada, est-ce qu’on a l’infrastructure en place pour voyager partout, où c’est juste dans les centres urbains?
Yves : Absolument. Au Canada, il y a approximativement 4 400 bornes de recharge à niveau 2 (publiques). Il y a un réseau qui grandit tous les jours pour justement s’assurer qu’il y ait une couverture à l’échelle du Canada. Ils sont typiquement très faciles à trouver. Il y a des applications en ligne comme EVchargehub, CAA, Chargepoint… ils ont tous des sites Internet ou des applications qui ont des cartes qui expliquent exactement où se trouvent les bornes de recharge. Plusieurs de ces applications peuvent aussi aider à planifier un voyage : elles indiquent où se trouvent les bornes de recharge au long de ton parcours. Le gouvernement du Canada est en train de travailler sur sa propre map (carte) de bornes de recharge pour tous les carburants de remplacement, incluant les bornes de recharge électriques. On a aussi un programme qui est un réseau établi de bornes de recharge d’un océan à l’autre. C’est un programme qui encourage les installations de bornes de recharge à niveau 3. Jusqu’à maintenant, dans la première phase du programme, il y a eu 102 bornes de recharge à niveau 3 installées. La phase 2 vient de commencer.
Joel : Alors, je pourrais partir de Halifax et me rendre à Vancouver?
Yves : Avec ce programme-là, le but du programme est d’un océan à l’autre, avoir une couverture de bornes de recharge.
Joel : Tu as mentionné des niveaux différents, niveau 2, niveau 3 pour les bornes… c’est quoi la différence entre les niveaux?
Yves : C’est essentiellement le courant. Le niveau 1 est une prise de courant normale, qu’on voit dans toutes les maisons. Le niveau 2 est plus comme la prise qui fait fonctionner une sécheuse à linge. Le niveau 3 est encore un plus haut niveau, généralement tu as une recharge à 80 % en 30 minutes. Chaque niveau réduit le montant de temps que tu as besoin pour recharger ta pile (tes batteries).
Joel : La majorité des personnes, est-ce qu’ils rechargent leurs véhicules à partir de cette infrastructure ou est-ce qu’ils le font ailleurs?
Yves : D’après les donnes qu’on a, la majorité du rechargement se fait au domicile. Tu arrives chez toi, tu as fini ta journée, tu stationnes ton véhicule et tu le branches. C’est fait. Le temps que tu fasses dodo, il va à la station de service et se remplit. Au travail aussi, les deux font 90 % du rechargement.
Joel : Ah okay! Tu parlais des recharges de 30 minutes au niveau 3 pour 80 %. Normalement à la maison, ça prend combien de temps plus ou moins?
Yves : Ça dépend de trois choses : du niveau du chargeur, combien d’autonomie il te reste dans ta pile, et la capacité de la pile. La Nissan Leaf, la plus populaire des véhicules électriques, pour une pleine recharge (figurant qu’il n’y a plus d’autonomie qu’il y reste), avec un niveau 2, on parle de 6 heures pour recharger le véhicule. Donc, tu as amplement de temps au courant de la nuit pour la recharger, même si tu es au bureau pendant la journée, tu as amplement de temps pour recharger le véhicule.
Joel : Oh, wow. Lorsqu'on parle de batteries – les batteries qu’on trouve dans les véhicules électriques actuellement, est-ce qu’elles sont fiables?
Yves : C’est dur à avoir des données là-dessus parce que c’est une technologie qui est encore pas mal neuve et si tu regardes les véhicules les plus populaires, comme la Nissan Leaf ou la Tesla modèle S, ces constructeurs-là offrent une garantie sur les batteries de huit ans. En termes de la dégradation des batteries, c’est dur d’avoir de bonnes données parce que la technologie est pas mal neuve, mais il y a une recherche intéressante qui regarde la dégradation des batteries sur les Tesla après deux types de périodes : les années passées et le montant de kilomètres parcourus. Finalement, ce qu’on voit avec les participants à cette recherche est qu’une batterie d’un à trois ans voit une dégradation de 2 à 9 % (de 91 à 98 % de la capacité de la batterie). Quand on parle de la capacité, on parle d’autonomie, celle du départ (quand le véhicule était neuf) et l’autonomie maintenant. L’autre facteur : après 100 000 kilomètres, on voit une perte maximale d’environ 10 % de la capacité. À peu près pareil après 200 000 kilomètres. On voit que ces batteries retiennent quand même très bien leur autonomie ou leur capacité d’offrir une autonomie au propriétaire.
Joel : Quand on parle des véhicules à carburant, il faut changer la batterie de toute façon, du temps que ça dure encore plus longtemps.
Yves : Ce n’est pas la même batterie de 12 volts, c’est un peu plus que ça.
Joel : C’est bon de savoir qu’une fois que la batterie est finie, tu peux toujours la remplacer.
Yves : En parlant avec les constructeurs, ils sont en train de regarder si une fois que la vie du véhicule est finie, comment avoir une deuxième utilisation pour les batteries. Ils sont déjà en train de planifier quoi faire avec les batteries une fois qu’elles ne sont plus serviables dans un véhicule.
Joel : Est-ce que l’hiver la température froide affecte la performance de la batterie?
Yves : Oui, la température froide va diminuer ton autonomie. Encore une fois, ça dépend de la grandeur de la batterie et comment il fait froid. C’est un peu comme laisser ton téléphone portable dans ta voiture en hiver. Tu l’allumes… tout est lent – c’est pareil. Le froid va avoir un impact sur l’autonomie du véhicule. En termes de dégradation de la batterie, c’est la chaleur qui est le pire. Les constructeurs vont soit refroidir les batteries pour assurer qu’elles maintiennent une bonne température pour ne pas affecter l’autonomie.
Joel : Tantôt tu parlais des charges (du kilométrage). Si on a une batterie complètement chargée, c’est quoi le kilométrage qu’on peut avoir sur une charge complète?
Yves : Avec la technologie, l’autonomie s’agrandit chaque année. Au départ, on voyait 100 kilomètres pour une voiture électrique, maintenant tu regardes la Chevrolet Bolt qui a une autonomie au-dessus de 380 kilomètres. La Nissan Leaf se trouve n’importe où entre 200 et 270 kilomètres selon le modèle de l’année. Ils viennent de sortir une nouvelle batterie avec l’année modèle 2018. Chaque fois qu’il y a une nouvelle année modèle, les autonomies grandissent aussi.
Joel : C’est quand même respectable quand on parle de 200 à 380 kilomètres.
Yves : 380 kilomètres c’est ça. C’est environ ce que tu fais avec une voiture comme une Honda Civic ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas un grand écart entre les deux. Quand tu penses aussi que je recharge aussi à la maison, tu te sauves plein de temps parce que tu n’as pas à aller à une station de service. Je ne sais pas comment souvent que tu vas mettre du gaz dans ton véhicule par semaine… une fois par semaine, il y en a une fois toutes les deux semaines… tu n’auras plus jamais besoin de faire ça.
Joel : On parle d’argent. On peut continuer dans cette direction-là. Les véhicules électriques, coûtent-ils plus chers que les véhicules à carburant? Sont-ils comparables?
Yves : C’est certainement beaucoup moins cher à opérer. Je veux te poser une question. D’après toi, c’est quoi le véhicule le plus vendu, la voiture la plus vendue au Canada?
Joel : Ceux que je vois le plus, c’est la Civic de Honda.
Yves : Bonne réponse! Si on pense à une Honda Civic, j’ai regardé sur Internet, le prix varie entre 16 000 $ et 25 000 $ à peu près (celles de base). Si on comparait ça à une Leaf, qui commence à 35 998 $, oui il y a une différence de prix. Par exemple, en Ontario, il y a aussi un rabais pour les achats de véhicules électriques. Il y a trois autres provinces aussi, notamment le Québec et la Colombie-Britannique. En Ontario, on obtient 14 000 $ sur une Leaf de 36 000 $. Quand il n’y avait pas beaucoup de départ en autonomie, il n’y a pas beaucoup de départ en prix d’achat non plus. Ça c’est le prix initial. Il y a aussi les économies qu’on fait en carburant. Une Honda Civic, d’après les cotes estimatives d’Energuide, va coûter environ 1 300 $ en essence pour 20 000 kilomètres (un an). Pour une Leaf, ça serait 484 $. Il y a des épargnes considérables juste en coûts d’opération, penses-y, tu n’as plus besoin de faire de changements d’huile non plus… ce sont des choses qui au fur et à mesure… c’est pas bien plus cher à acheter et ça coûte bien moins cher à opérer. Il y a beaucoup d’économies à faire là.
Joel : Ah, c’est bon à savoir! Pour moi, le plus gros obstacle à acheter un véhicule électrique, c’est… moi j’aime ça conduire, j’aime la performance du véhicule, j’aime ce qu’on appelle en anglais un « muscle car ». J’ai peur que conduire un véhicule électrique ne soit pas aussi amusant. C’est quoi ton opinion là-dessus?
Yves : Là on parle de chars. Qu’est-ce qu’on aime. Tu disais la puissance… c’est ça qu’on aime des muscle cars. On aime le look, on aime l’odeur de l’essence, du caoutchouc qui brûle… on aime le sentiment du couple. Tu sais, quand tu appuies sur l’accélérateur et tu t’enfonces dans ton siège, c’est excitant ça.
Joel : En respectant les limites….
Yves : Forcément, il y a un temps et un endroit pour tout. Quand ça vient au couple, le moteur électrique a un avantage… pense à une lumière, tu appuies sur l’interrupteur et la lumière s’allume. C’est allumé ou éteint, c’est instantané. Le couple, il n’y a pas une courbe au couple comme dans un véhicule à moteur thermique. Il n’y a pas de courbe en couple. Si on comparait le couple comme d’une Nissan Lead par exemple, c’est à peu près 210 livres par pouce carré, ou 280 Newton mètres. Il y a énormément de couples dans ces moteurs. De ce côté-là, tu peux quand même avoir du plaisir. Le véhicule, par exemple, ne va pas être heureux avec toi… Je pense à mon véhicule : il y a un écran, numérique évidemment, avec des feuilles. Quand j’appuie sur l’accélérateur pour sentir les couples là, les feuilles disparaissent. Tu ralentis… ils sont le fun à conduire dans un différent sens. Ce qu’on aime des muscle cars, c’est que quand tu t’arrêtes quelque part, le monde te regarde, tu sais… il attire l’attention. Les gens vont aussi te parler de leur expérience avec un tel véhicule. Il y a toujours une histoire cool à propos du véhicule que tu conduis. C’est un peu pareil avec un véhicule électrique, parce que la technologie est tellement neuve. Tu te stationnes dans le stationnement de l’épicerie et quelqu’un te regarde : « Ah, c’est un véhicule électrique… » Ils ont des questions, tu parles de chars… c’est un fun, mais un différent fun aussi. Les constructeurs ont aussi des applications. Tu peux avoir un sens de la performance de ton véhicule pas mal instantanément à travers un téléphone intelligent. Pour mon véhicule par exemple, ils vont aussi te mesurer contre d’autres conducteurs de véhicules électriques dans la région. Ils vont dire que toi tu as eu une conduite écologique de tant de pourcentage, et c’est ici que tu te mesures avec les autres conducteurs de véhicules semblables dans la région.
Joel : Un petit air de compétition…
Yves : C’est ça. Ça devient un peu compétitif, ils vont te donner toutes sortes de médailles. Si tu as 100 % de conduite écologique pour un mois, tu gagnes une médaille. C’est le fun.
Joel : Je pense que tu fais un très bon job! Merci beaucoup Yves d’avoir pris le temps de parler avec nous aujourd’hui.
Yves : Avec plaisir! Merci Joel.
Joel : C’est maintenant le moment de l’émission où nous invitons nos auditeurs à poursuivre la conversation dans les réseaux sociaux. Si vous avez des questions pour Yves, ou des commentaires sur l’épisode, vous pouvez nous les adresser sur Twitter avec le mot-clic #DemandezàRNCan. Nous voulons aussi vous inviter à visiter La science, tout simplement, le nouveau magazine scientifique de Ressources naturelles Canada. L’objectif premier du magazine est de mettre en valeur non seulement les travaux scientifiques effectués dans notre ministère, mais aussi les personnes qui les font. Nous utiliserons des balados, comme celui-ci, des vidéos et des articles pour rendre ces travaux attrayants et accessibles. Vous pouvez trouver La science, tout simplement en ligne au www.rncan.gc.ca/science-simplement. Si vous jetez un coup d’œil à la page de La science, tout simplement sur ce balado, vous y trouverez des liens vers toute documentation pertinente. Alors, vous pouvez vous renseigner et ensuite nous envoyer vos questions. Si vous nous écoutez sur iTunes ou SoundCloud, nous vous invitons à vous abonner à notre émission pour prendre connaissance des épisodes antérieurs ou futurs. Voilà qui conclut l’épisode d’aujourd’hui. Merci de nous avoir écoutés, et revenez-nous au prochain épisode. D’ici là, n’hésitez pas à communiquer avec nous sur Twitter.
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