Combattre les feux de forêt autrement
Les feux changent, mais nous modernisons nos façons de les combattre. Notre invité aujourd’hui nous fera découvrir comment un satellite de la taille d’un lave-vaisselle pourrait changer complètement nos façons de combattre les incendies au Canada.
Transcription
Joël Houle (animateur) : Les feux de forêt sont imprévisibles et difficiles à maîtriser.
Vous savez peut-être que l’évolution des régimes climatiques entraîne plus d’incendies extrêmes. Les feux de forêt sont de plus en plus difficiles à éteindre, comme on le voit en ce moment en Australie, comme on l’a vu l’an dernier en Californie. L’exemple qui nous vient en tête au Canada, c’est surtout les feux de Fort McMurray il y a quelques années.
Les feux changent, mais NOUS modernisons notre façon de LES combattre. Notre invité aujourd’hui nous fera découvrir comment un satellite de la taille d’un lave-vaisselle pourra changer complètement nos façons de combattre les incendies au Canada.
Bienvenue à un nouvel épisode du balado La science, tout simplement! Oui, vous avez bien entendu! Finis, les balados Demandez à RNCan et les balados
Éléments naturels. À l’avenir, tous nos balados – peu importe le format – porteront l’étiquette de La science, tout simplement.
Pourquoi? C’est parce qu’on veut simplifier les choses.
C’est quand même un peu comique qu’une chaîne de balados appelée La science, TOUT SIMPLEMENT trouve le moyen de mêler son audience en donnant des noms différents à tous les formats de balados qu’elle produit.
Donc, on ramène tout sous la bannière La science, tout simplement. Qu’est-ce que ça veut dire au juste?
Premièrement, on ne sera plus limité à seulement deux formats, ça va nous permettre d’être un petit peu plus créatif. On va pouvoir changer les choses de temps en temps, avoir plus d’invités, peut-être même diffuser en direct en dehors du studio.
Alors ce qu’on veut faire, c’est repousser les frontières. On veut explorer différentes techniques de communication. Nos scientifiques, nos spécialistes ici à Ressources naturelles Canada font des choses vraiment incroyables! Et nous voulons vous faire connaître leur travail et leurs histoires de la meilleure façon possible.
On aimerait aussi recevoir vos commentaires! De quoi voulez-vous entendre parler? Quels invités aimeriez-vous écouter? Nous savons que vous êtes à l’écoute, alors ne soyez pas timides.
Nous allons continuer à diffuser deux épisodes par mois, alors assurez-vous de vous abonner pour ne rien manquer.
Bon. Ça suffit l’autopromotion. Je pense qu’on peut commencer l’émission.
Aujourd’hui en studio, on reçoit Cathy Khoury, une de nos animatrices de La science, tout simplement. Cathy, ça va bien?
Cathy Khoury : Ça va très bien, merci! Toi?
Joël Houle : Très bien! Tu es ici aujourd’hui pour nous parler des nouvelles méthodes de lutte contre les feux de forêt. Est-ce que tu peux nous expliquer les types de dégâts que peuvent causer les feux de forêt?
Cathy Khoury : On connait tous la puissance et les effets dévastateurs des feux de forêt. En 2019, la saison des feux de forêt au Canada a été plutôt normale, alors ça a donné un répit aux régions qui avaient écopé par le passé. D’autres pays ont eu moins de chance.
Tu as déjà mentionné les feux dévastateurs an Australie et en Californie.
Les feux détruisent des maisons, des entreprises, des villes entières. Fort McMurray est encore en reconstruction. Les dégâts immédiats qu’on voit dans les médias sociaux sont spectaculaires. C’est sans compter les impacts économiques qui peuvent se faire sentir pendant des années.
Les feux anéantissent les forêts et les populations animales. Alors oui, on se démène pour protéger nos forêts et parer aux menaces, mais c’est toute une commande. Et Dame Nature ne coopère pas tout le temps.
En moyenne, les feux détruisent environ 25 000 kilomètres carrés de végétation par année au Canada. La moitié de la superficie de la Nouvelle-Écosse. Dans une seule année.
C’est quand même assez incroyable!
Joël Houle : Oui, c’est incroyable! Que fait Ressources naturelles Canada pour s’attaquer au problème?
Cathy Khoury : Le Ministère joue un rôle très important. Nos scientifiques cherchent des moyens de mieux prévoir les feux et de mieux les combattre. En fait, RNCan est considéré comme un chef de file mondial de la recherche sur les feux. Il l’est depuis des décennies.
Joël Houle : Alors toi tu veux nous parler d’un projet spécial : la mission WildFireSat (GardeFeu). Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu?
Cathy Khoury : Oui!
WildFireSat (GardeFeu) est une collaboration pangouvernementale qui réunit des scientifiques de RNCan et des spécialistes de l’Agence spatiale canadienne et d’Environnement et Changement climatique Canada.
Ensemble, ils mettent au point le premier satellite spécialement conçu pour la surveillance des incendies. Grâce à l’intelligence artificielle, il pourra analyser les images satellitaires, presque en temps réel. C’est très avantageux pour les pompiers sur le terrain, parce que ça leur donne de l’information fiable sur la propagation du feu. Alors ils peuvent planifier et affecter les ressources en conséquence. Tout ça grâce à un satellite de la taille d’un lave-vaisselle, en orbite à environ 800 kilomètres au-dessus de la Terre.
Le lancement n’aura pas lieu avant cinq ans, mais le travail avance très bien.
Pour en apprendre davantage sur les feux de forêt et sur le projet WildFireSat (GardeFeu), on a fait appel à Helena van Mierlo, ingénieure de planification à l’Agence spatiale canadienne. Voici ce qu’elle nous a dit :
Helena van Mierlo : On détecte des feux de forêt facilement surtout quand ils sont proches des zones résidentielles. Présentement, il y a tellement de feux de forêt. C'est sûr qu'on ne peut pas… on n’a pas les équipes pour attaquer tous les feux, donc il faut choisir. Et pour choisir, il faut savoir quels feux ont le plus grand potentiel de devenir catastrophiques.
Cathy Khoury : Les petits feux de forêt persistants sont souvent ceux qui causent le plus de dégâts. Si on ne les éteint pas, ils peuvent facilement se transformer en brasier. Mais, il est impossible de repérer tous les petits feux. Et c’est là que ça peut dégénérer et que l’imagerie satellitaire entre en jeu.
Helena van Mierlo : Donc, avec les satellites, on peut mesurer l'énergie qui vient des feux. Et avec ça on a beaucoup plus d’information à donner aux gestionnaires des feux de forêt pour qu'ils puissent déterminer à quels feux ils doivent s’attaquer.
Cathy Khoury : WildFireSat (GardeFeu) est conçu spécialement pour les feux de forêt. Il va donner de l’information presque en temps réel aux gens sur le terrain. De l’information comme disons la hauteur des flammes, la chaleur dégagée par le feu, la profondeur de brûlage dans le sol. WildFireSat (GardeFeu) va mesurer les panaches de fumée, contrôler la qualité de l’air et déterminer la quantité d’émissions de carbone. Des renseignements cruciaux auxquels les pompiers n’ont pas accès en ce moment. Helena nous donne plus de détails.
Helena van Mierlo : Normalement, les satellites qui sont déjà là, ils sont aussi déjà utilisés pour les feux de forêt mais ils n’ont pas été conçus pour ça. Donc, si par exemple on utilise un satellite pour observer les plantes qu’on a, ce n’est pas grave si ça prend trois ou quatre heures avant que les données arrivent. Dans le cas d’un feu de forêt, c’est très important que les utilisateurs reçoivent les données très très vite. Donc, avec WildFireSat (GardeFeu) ça va prendre seulement 30 minutes.
Cathy Khoury : Il ne suffit pas de collecter des données. Il faut aussi les traiter et les analyser. Depuis 2010, les experts de RNCan mettent au point des systèmes intelligents qui utilisent des données de télédétection et ils embrassent l’intelligence artificielle. La mission WildFireSat (GardeFeu) va d’ailleurs être la première du genre à miser sur l’intelligence artificielle pour fournir aux responsables de la gestion des feux de forêt l’information détaillée dont ils ont besoin pour prioriser leurs efforts.
Nos experts essaient de montrer aux ordinateurs comment regarder une image et l’interpréter comme le ferait un humain. Ils mettent au point un système d’intelligence artificielle qui examinera les données envoyées par satellite et déterminera s’il y a bel et bien un incendie.
Et ce n’est qu’un début! On peut s’attendre à ce que toute une panoplie d’outils de renseignement tactique fournisse de l’info encore plus précise. Les responsables de la gestion des feux de forêt pourront ensuite utiliser cette information riche en contenu pour hiérarchiser les petits incendies dangereux et les éteindre avant qu’ils prennent trop d’ampleur.
Mais, il ne faut pas oublier que WildFireSat (GardeFeu) ne sera pas lancé avant plusieurs années. D’ici là, beaucoup de pompiers canadiens au grand cœur ont offert courageusement leur aide à l’Australie.
Joël Houle : C’est un sujet super fascinant. Merci beaucoup Cathy de nous en avoir parlé.
Cathy Khoury : Ça me fait plaisir.
Joël Houle : Pour en savoir plus sur la mission WildFireSat (GardeFeu), consultez les liens figurant dans la description de cet épisode.
WildFireSat (GardeFeu) : améliorer la gestion des feux de forêt au Canada, Agence spatiale canadienne – https://www.asc-csa.gc.ca/fra/satellites/wildfiresat/default.asp
Feux de forêt, Ressources naturelles Canada – https://ressources-naturelles.canada.ca/nos-ressources-naturelles/forets-foresterie/feux-de-vegetation-insectes-pert/feux-foret/13144
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