ARCHIVÉE - Développement durable
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Stratégie du développement durable, 1997-2001
Protéger notre actif, assurer notre avenir
Le développement durable et les ressources naturelles du Canada
Prendre des décisions plus judicieuses
Dans son rapport de 1987 intitulé Notre avenir à tous, la Commission mondiale de l'environnement (la Commission Brundtland) définit ainsi le développement durable:
« Développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Les Canadiens se rendent de plus en plus compte qu'à l'échelle nationale, les questions environnementales sont indissociables des questions économiques. Dès lors, le développement durable consiste à intégrer les facteurs sociaux, économiques et environnementaux dans le processus décisionnel, de façon à hausser la productivité et la prospérité sans nuire à la qualité de l'environnement.
Le développement durable offre un cadre pour ce qui est de la gestion du développement économique et de la croissance humaine, tout en préservant les systèmes qui entretiennent la vie sur la planète. Aucun de ces objectifs ne peut être atteint isolément. La santé et les perspectives économiques des Canadiens sont inextricablement liées à la qualité de l'environnement. En même temps, il faut répondre aux besoins économiques et sociaux; l'élimination de la pauvreté et l'instauration de fortes économies augmentent la capacité de tous de protéger l'environnement.
La Loi sur le ministère des Ressources naturelles, entrée en vigueur en janvier 1995, faisait du développement durable un des domaines de responsabilité du nouveau ministère. Pour RNCan, le défi consiste maintenant à passer à l'action, à trouver et à développer des moyens pratiques de mettre en uvre les principes du développement durable.
Dans la présente section, il sera question de quelques-uns des principaux concepts liés à l'application du développement durable dans le secteur des ressources naturelles.
Ressources naturelles et développement durable
Les minéraux et les métaux, les ressources énergétiques, les forêts et la masse continentale du Canada résument bien la problématique du développement durable. Toutes ces ressources procurent des avantages économiques et sociaux importants à tous les Canadiens (voir le tableau 1).
Aujourd'hui, les ressources énergétiques, minérales et forestières du pays comptent pour 38 p. 100 dans ses exportations et fournissent des moyens de subsistance à 0,75 million de Canadiens ainsi qu'à 500 collectivités réparties d'un océan à l'autre. Or, si elles sont importantes au point de vue économique, elles le sont tout autant sur le plan de l'environnement. La masse continentale canadienne abrite presque 10 p. 100 des eaux douces de la planète, 10 p. 100 des forêts du globe et un habitat de près de 300 000 espèces animales. Sur le plan social, les Canadiens sont très attachés aux lacs, aux forêts, aux montagnes, aux océans et aux grands espaces qui font partie de leur paysage physiographique et psychologique. La façon dont ces ressources sont gérées aujourd'hui sera déterminante pour la qualité de vie des générations actuelles et futures de Canadiens.
Sociales | Économiques | Environnementales |
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Source : RNCan, selon les données de 1996 et les données sur la faune de 1991. |
L'aspect économique du développement durable
Les ressources renouvelables et non renouvelables
Il est peut-être plus facile de comprendre le concept du développement durable dans le cas des ressources renouvelables comme les forêts, les poissons ou certaines formes d'énergie, notamment les énergies éolienne, solaire et hydraulique. On peut assurer le développement durable de telles ressources en respectant leur capacité de régénération et en maintenant l'intégrité globale de l'écosystème duquel elles dépendent.
Quant aux forêts, on assure depuis longtemps leur développement en les exploitant dans la limite de leur capacité de régénération, tout en prenant en compte les pertes attribuables à des causes naturelles comme les incendies, les insectes et la maladie (voir la figure 1).
Ainsi, on exploite l'« intérêt » tandis qu'on laisse le « capital » naturel intact. Toutefois, le concept du développement durable est beaucoup plus complexe. Il consiste à gérer les forêts de manière à maintenir les différents produits et valeurs qu'offre cette ressource. Cela signifie non seulement de protéger le bois mais aussi de conserver un habitat viable pour la faune, la qualité des terres et de l'eau, les fonctions écologiques des écosystèmes des forêts et les autres utilisations de la forêt comme les parcs, les loisirs et les régions sauvages.
Cette notion de récolter uniquement la valeur de croissance sans épuiser le capital se révèle cependant plus difficile à appliquer aux ressources non renouvelables comme les minéraux, le pétrole, le gaz et le charbon. Des préoccupations sont souvent exprimées quant au taux de consommation des ressources non renouvelables et leur disponibilité à long terme pour les générations futures. Le concept du développement durable prend une autre dimension lorsqu'il s'agit de ressources non renouvelables.
Dans le cas de l'énergie, le développement durable ne signifie pas nécessairement la préservation d'une forme particulière d'énergie ou d'une autre. La figure 2 illustre les changements au fil du temps au chapitre de la demande énergétique, qui est passée du bois au charbon et finalement au pétrole, au gaz, à l'électricité, à l'énergie nucléaire et à d'autres sources. Le défi que pose le développement durable ne consiste pas à fournir aux générations futures suffisamment de réserves d'une forme ou autre d'énergie, mais d'assurer un mélange sûr, efficace et de plus en plus respectueux de l'environnement de solutions énergétiques.
Par ailleurs, on s'inquiète souvent de l'épuisement des réserves mondiales actuelles de ressources minérales précieuses, comme le cuivre, le zinc ou le nickel. Toutefois, les réserves de minéraux connues comptent seulement pour une fraction des stocks en minerai de toute la planète. La quantité de réserves connues à un moment précis est fonction de la demande et du prix pour un minerai donné, ainsi que des coûts et de la technologie liés aux processus d'extraction et d'exploitation (voir la figure 3). Par ailleurs, la mise au point de matériaux de remplacement peut réduire la valeur et la demande de certains minéraux. Un grand nombre de minéraux et de métaux, comme le nickel ou le fer, sont recyclés et réutilisés, ce qui diminue la nécessité d'une nouvelle exploitation. Ces minéraux et métaux recyclés, ainsi que les dépôts de minerai connus et non découverts, composent l'actif naturel que nous léguons aux générations futures.
Le développement durable ne fait pas allusion à la préservation des ressources existantes pour l'avenir ni à ce que les réserves de la planète sont illimitées et qu'on peut les utiliser toujours davantage. Toute exploitation et toute utilisation des ressources ont une incidence sur l'environnement. Afin d'assurer le développement durable, il faut limiter l'exploitation des ressources dans les limites de la capacité des écosystèmes naturels, réduire les incidences environnementales de l'exploitation et de l'utilisation des ressources, continuer de mettre au point des solutions de remplacement plus propres et plus respectueuses de l'environnement, recycler et réutiliser les ressources afin de réduire la nécessité d'une nouvelle exploitation, et diminuer notre consommation de produits qui nuisent à l'environnement et épuisent les ressources de la planète.
Les défis posés par le développement durable
Ces concepts du développement durable représentent un véritable défi pour les Canadiens. Ceux-ci comptent sur les ressources pour maintenir leur niveau et qualité de vie, mais veulent en même temps qu'elles soient utilisées de manière efficace et que le milieu naturel soit protégé.
On ne peut toutefois réduire le développement durable à une simple alternative; il faut une plus grande compréhension scientifique de l'environnement.
Il existe peu de solutions « faciles ». Certains événements très médiatisés qui se sont produits récemment au Canada démontrent bien la réalité et la complexité du processus décisionnel. Ces situations sont difficiles à résoudre et sont souvent l'objet de débats publics voire, dans certains cas, de protestations ou de contestations judiciaires.
Les importants dépôts de nickel, de cuivre et de cobalt découverts à la baie de Voisey, à Terre-Neuve, illustrent le défi qu'ont à relever les collectivités qui doivent établir un équilibre entre le besoin de créer des emplois, d'assurer la croissance économique, de protéger la faune et de préserver le mode de vie traditionnel. La mine Inco de la baie de Voisey, une des plus grandes réserves de nickel connues au monde, dont le potentiel est évalué à 4,3 milliards de dollars, permettrait d'accroître le revenu des particuliers de la province de 3 p. 100 et le PIB, de 11 p. 100. La mine et la raffinerie permettraient de créer 3 700 emplois au cours de la phase de construction et possiblement un autre 2 000 au cours de la phase d'exploitation, réduisant ainsi le chômage de 2 à 3 p. 100 dans une province aux prises avec un problème de chômage chronique. Par ailleurs, 2 milliards de dollars seront peut-être investis avant que les projets proposés de la mine et de l'usine de traitement ainsi que de la fonderie et de la raffinerie soient entièrement opérationnels, ce qui créerait des retombées économiques intéressantes dans toute la province.
Ce projet d'exploitation de la mine soulève cependant des préoccupations en ce qui concerne l'incidence sur les collectivités et l'environnement. Sept collectivités autochtones du Labrador désirent conclure des accords territoriaux et autres avant la mise en uvre du projet. Ces négociations portent sur des questions comme les terres qui reviendront aux Autochtones et les droits de superficie, les retombées économiques et les mesures de protection pour l'environnement. On craint que l'eau d'exhaure acide des résidus miniers contamine plusieurs lacs de l'endroit et détruise certains habitats de poissons. On a également fait part de préoccupations à l'égard des troupeaux de caribous dont le territoire, qui s'étend sur le Labrador et le Québec, sera hautement affecté par l'exploitation de la mine. Au moment de la préparation du présent rapport, une évaluation environnementale était en cours sur ces problèmes potentiels.
La décision concernant les travaux d'exploitation forestière dans la région de Clayoquot Sound, en Colombie-Britannique, est un autre exemple de la diversité des intérêts qui interviennent dans le développement durable. La région, qui s'étend sur 260 000 hectares, renferme le plus vaste bassin hydrographique intact de l'île de Vancouver. Elle contient 29 espèces de plantes rares et des étendues de forêts ombrophiles mûres ainsi que certains arbres de plus de 1 000 ans, qui représentent à la fois un habitat faunique important et une pierre angulaire des industries forestière et touristique - qui contribuent considérablement à l'économie locale. Depuis très longtemps, les Premières Nations utilisent la région à des fins de résidence, d'expression culturelle et d'exploitation des ressources. La province a décidé de protéger 34 p. 100 de la région et de restreindre la coupe de bois sur le reste des terres, sur les conseils d'une commission scientifique internationale. La commission comprenait des aînés de Nuu-Chah-Nulth et des experts de leur savoir-faire. Les entreprises forestières de la région mettront à l'essai d'autres méthodes d'exploitation, qui augmenteront les coûts mais qui, par contre, préserveront davantage la beauté des lieux, l'activité touristique et la richesse de l'environnement. L'équipe de mise en uvre a l'intention de faire participer les aînés de Nuu-Chah-Nulth aux activités de gestion des forêts. Pour satisfaire toutes les parties, les compromis auxquels on arrivera devront être viables autant sur le plan environnemental que sur le plan économique en plus d'être socialement acceptables.
L'industrie nucléaire du Canada offre un autre exemple de la complexité du développement durable. L'énergie nucléaire présente d'importants avantages économiques et environnementaux. Par exemple, elle ne produit pas de dioxyde de carbone (CO2), qui contribue au réchauffement de la planète, ni d'autres polluants de l'air. Depuis 1971, l'utilisation de cette énergie au Canada a permis de réduire de plus d'un milliard de tonnes les quantités de CO2 relâchées dans l'atmosphère. Si toute l'énergie nucléaire utilisée au Canada était remplacée par de l'énergie provenant des combustibles fossiles, les émissions de CO2 produites par la consommation d'électricité doubleraient et les émissions nettes de gaz à effet de serre au pays seraient de 15 p. 100 supérieures. Ce secteur joue également un rôle important dans l'économie; en effet, grâce à ses activités chiffrées à près de 6 milliards de dollars par année, il est à l'origine de la création de 30 000 emplois directs et de 10 000 emplois indirects dans les domaines de l'approvisionnement et des services.
Cela dit, l'énergie nucléaire pose des défis économiques, sociaux et environnementaux. Dernièrement, il a été annoncé que sept des 19 réacteurs nucléaires seront mis hors service en Ontario pour une période indéterminée dans le cadre d'un vaste plan d'Ontario Hydro pour réviser ses pratiques de gestion et utiliser ses ressources afin de modifier le fonctionnement de ses réacteurs pour qu'ils répondent aux normes internationales. Cette décision a soulevé des questions concernant la gestion des centrales nucléaires d'Ontario Hydro et la capacité de l'énergie nucléaire de concurrencer avec le marché de l'électricité qui sera déréglementé en Ontario en l'an 2000.
En outre, même si la Commission de contrôle de l'énergie atomique exerce un étroit contrôle sur l'industrie nucléaire afin de protéger la santé et la sécurité du public, les Canadiens sont tout de même inquiets de la sécurité dans les centrales nucléaires. Contrairement aux autres sources d'énergie, tous les déchets liés aux centrales nucléaires doivent en principe être contenus et stockés sur le site. Toutefois, le public continue de se préoccuper des répercussions sur l'environnement et sur la santé des déchets radioactifs, notamment le combustible nucléaire irradié.
Afin d'assurer la survie de l'industrie à long terme, il est essentiel de trouver une solution permanente à l'élimination des déchets. Énergie atomique du Canada Limitée a mis au point un procédé d'enfouissement en profondeur du combustible épuisé. Une commission d'évaluation environnementale étudie présentement ce projet et devrait présenter son rapport en 1998.
Le développement durable dans l'opinion publique
L'établissement des priorités en matière de développement durable s'avère un choix de société. Les Canadiens doivent déterminer quelle utilisation doit être faite des ressources naturelles et ce qu'ils sont prêts à faire pour prolonger la durabilité de ces dernières. Ce qui suit se veut une explication des principales questions et préoccupations de la population concernant le développement durable des ressources naturelles. Ces questions sont décrites plus en détail à l'Annexe A.
Maintenir un milieu sain :
Les Canadiens sont de plus en plus conscients du lien qui existe entre l'environnement et la santé humaine et reconnaissent l'importance de protéger les écosystèmes essentiels au maintien de la vie.
Créer des emplois et assurer la stabilité des collectivités :
Les Canadiens désirent maintenir l'apport du secteur primaire dans l'économie, la création d'emplois et les moyens de subsistance de 500 collectivités.
Équilibrer l'utilisation de la terre :
Les collectivités doivent souvent essayer de concilier des demandes faisant concurrence à d'autres pour l'utilisation de la terre pour les lotissements, les espaces naturels, l'aménagement récréotouristique ou l'urbanisation. Dans certaines régions, les titres autochtones aux terres ne sont pas encore déterminés.
Modifier les habitudes de consommation :
Les acheteurs canadiens doivent adopter des habitudes de consommation conformes aux principes du développement durable (c.-à-d., réduire la consommation, recycler et réutiliser les produits dérivés des ressources).
Assumer ses responsabilités internationales :
À titre de responsable d'une grande partie des ressources et de l'environnement de la planète, le Canada doit exploiter ses ressources naturelles de manière durable.
Atténuer le changement climatique :
Les émissions de gaz à effet de serre, provenant principalement de la combustion de combustibles fossiles, ont des répercussions considérables sur le climat mondial (voir « Le défi du changement climatique »).
Préserver la biodiversité :
Le maintien de la diversité est un moyen de rendre les écosystèmes de la planète suffisamment forts et vigoureux pour supporter le stress et les changements d'origine humaine ou naturelle.
Faire participer les peuples autochtones :
Le développement durable des ressources du Canada est étroitement lié aux populations autochtones, notamment à leur autonomie gouvernementale, à leurs revendications territoriales, à leurs droits innés et issus des traités sur les territoires traditionnels et aux responsabilités de l'État à l'égard des terres autochtones.
Léguer un riche héritage aux générations futures :
Les Canadiens auront l'esprit en paix s'ils savent que la beauté physique de leur pays est préservée, qu'ils auront encore accès à des espaces naturels et qu'ils laissent un patrimoine à leurs enfants et petits-enfants.
Jouer un rôle dans le développement durable :
Les collectivités désirent participer directement aux prises de décisions concernant le développement durable ainsi qu'une plus grande coopération entre les différents organismes gouvernementaux.
Le défi du changement climatique
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