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Service canadien des forêts : 125 ans d’histoire

Les gens, la passion, la persévérance : le Service canadien des forêts, de minuscule section à centre scientifique de premier plan

Août 2024

Une seule personne et un budget de 1000 dollars : c’est ainsi que débute le Service canadien des forêts (SCF) en 1899, sous le nom de Dominion forestier du Canada. Cent vingt-cinq ans plus tard, cet organisme gouvernemental à vocation scientifique de renommée mondiale compte d’impressionnants instituts de recherche, deux forêts expérimentales et des centaines de collaborateurs passionnés.

Elihu Stewart, premier surintendant du Dominion forestier du Canada, une ancienne affiche du ministère et une photo récente d’une forêt mixte.

Elihu Stewart, premier surintendant du Dominion forestier du Canada au début du siècle. Une ancienne affiche du ministère et une photo récente d’une forêt mixte au Québec. [Photos : (à gauche) Bibliothèque et Archives Canada/ Topley Studio fonds/a091094, (à droite) Martin Girardin, chercheur au SCF].

D’hier à aujourd’hui

En plus de fournir des conseils sur la gestion durable des forêts, les scientifiques du SCF se penchent sur certaines des questions les plus préoccupantes de notre époque : depuis l’évaluation des feux de forêt à la gestion des parasites, en passant par l’étude des changements climatiques et les calculs relatifs à la gestion du carbone. Les gens ont toujours été au centre de ce mandat, qu’ils s’affairent à creuser le sol, à scruter à travers des microscopes, à analyser des données satellitaires ou à se rendre à cheval, en bateau ou en avion sur leurs lieux de recherches.

Si vous parcourez cette galerie de photos, qui s’étend sur plus d’un siècle, vous constaterez qu’il s’agit d’une véritable machine à remonter le temps. Vous pourrez découvrir quelques-unes des personnes inspirantes qui ont fait du SCF le centre de recherche forestière de renommée mondiale qu’il est aujourd’hui.

des hommes et des chevaux au sommet d’une montagne, plusieurs rangées de tentes blanches avec un panneau souhaitant la bienvenue dans la ville de Budworm, un chercheur examinant un tronc d’arbre à l’aide d’un instrument métallique, un homme dans la forêt.

La bataille des insectes

Les insectes constituent le groupe d’organismes le plus diversifié au Canada. Nos forêts en abritent des milliers d’espèces. Seul un petit nombre d’entre eux tue les arbres, mais une infestation peut s’avérer catastrophique. Au début du siècle, en Colombie-Britannique, les équipes de contrôle des insectes devaient utiliser des chevaux de bât pour atteindre les régions éloignées. En 1952, la lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette s’intensifie au Canada atlantique. En 1968, sur la côte ouest, Bob Betts commençait tout juste sa carrière de plus de 30 ans au SCF et utilisait une technologie avancée pour l’époque – un adaptateur de terrain pour les stéréomicroscopes – afin d’étudier le puceron lanigère du sapin.

Aujourd’hui, le défi posé par les ravageurs persiste, tout comme le dévouement des scientifiques du SCF qui continuent à trouver des solutions aux problèmes posés par ces espèces destructrices. Cette année, le scientifique Christopher Edge effectue des recherches sur le terrain à la Forêt expérimentale Acadia. Il étudie deux nouveaux insecticides pour lutter contre le puceron lanigère de la pruche, un ravageur qui détruit les pruches en Nouvelle-Écosse.

Plusieurs personnes travaillant dans des serres au fil des ans.

Une fondation qui se cultive : la recherche en serre au cœur de la science du SCF

En 1951, l’année même où « I Love Lucy » débutait à la télévision, deux chercheurs en chemise blanche et cravate cultivaient Pinus monticola dans des pots – ce qui témoigne des recherches réalisées en serre à l’époque. Aujourd’hui, des travaux fondateurs continuent de façonner la science du SCF, au profit des générations futures. En 2019, le scientifique Mike Cruickshank, du Centre de foresterie du Pacifique, s’est occupé de plus de 2000 semis de douglas de Menzies, assurant leur survie pendant les périodes de confinement de la COVID-19. À l’heure actuelle, Mackenzie Good, étudiante à la maîtrise en foresterie à l’Université du Nouveau-Brunswick, travaille avec Rob Vaughn, biologiste spécialisé en recherche forestière, au Centre de foresterie de l’Atlantique. Ils cultivent des semis de différentes espèces de conifères dans des mini-serres à climat contrôlé afin de mesurer les effets des changements climatiques sur les forêts.

Femme au microscope dans les années 1950, femme au microscope en 2019, femme en tenue de sécurité avec de la fumée d’incendie de forêt en arrière-plan.

Des pionnières en laboratoire, sur le terrain et au-delà...

Au début du 20e siècle, Clara Fritz a ouvert la voie en devenant la première pathologiste du bois. Elle a connu une carrière fructueuse et a pris sa retraite en tant que chef de la pathologie du bois aux laboratoires des produits forestiers d’Ottawa en 1954. Clara a été un exemple remarquable pour son époque et, aujourd’hui, des générations de femmes passionnées par la science choisissent le SCF comme port d’attache, notamment Véronique Martel et Ellen Whitman. Véronique dirige les recherches sur les parasitoïdes de la tordeuse des bourgeons, tandis qu’Ellen est une chercheuse de premier plan dans le domaine des incendies de forêt, souvent sollicitée par les médias à l’international et d’autres organisations du fait de son expertise en la matière.

Un groupe de six personnes faisant du patin à glace, un groupe de personnes forant la glace, un gros plan sur une carotte de sédiments.

Photo d’archives, Bibliothèque et Archives Canada/Ministère des Forces militaires du Canada outre-mer/ a004972

Percer les secrets de la glace

Cette photo non datée, où des agents forestiers font une pause pour patiner, montre que les temps (et la mode) ont bien changé. Aujourd’hui, nos scientifiques porteraient des vêtements techniques pour se protéger du froid et foreraient probablement la glace au lieu de patiner dessus. Récemment, Martin Girardin et une équipe du Centre de foresterie des Laurentides ont foré au plus profond de six lacs au lac des Bois, au parc Opémican, en Mauricie et plus récemment dans le nord du secteur de Caniapiscau pour prélever des carottes de sédiments. L’objectif? Mieux comprendre les liens complexes entre les changements climatiques, les répercussions des activités humaines et les feux de forêt sur une période de 12 000 ans.

Deux hommes dans les années 1920 sciant un arbre, deux personnes vêtues d’équipements de sécurité et de la machinerie lourde à l’arrière-plan.

Photo d’archives : Bibliothèque et Archives Canada/Ministère des Forces militaires du Canada outre-mer/ a004003

Un jeu d’enfant?

De nos jours, les chercheurs doivent encore abattre des arbres pour réaliser leurs études, mais les similitudes entre ces deux scènes s’arrêtent là. Sur la photo de 1919 à gauche, les précautions de sécurité sont rares, voire inexistantes. En revanche, Melissa Vekeman et Kyle Harbin ne lésinent pas sur la sécurité alors qu’ils s’apprêtent à creuser une parcelle de la Forêt expérimentale de Petawawa à l’aide de machinerie lourde et d’un bon plan d’action. Or, même quand on dispose des outils les plus récents, on ne peut pas dire que c’est un jeu d’enfant.

Deux hommes dans les années 1930 avec de simples dispositifs de repérage en métal, un homme au téléphone fixe dans les bois, un chercheur dans un avion regardant une image sur un écran d’ordinateur.

Observateurs de feux de forêt c/ Bibliothèque et Archives Canada/ Collection Felix H. Man/e11297598

Des yeux en plein ciel

Dans les années 20 et 30, les observateurs des feux de forêt disposaient d’outils simples et d’un équipement limité, comme un téléphone d’urgence de faible technicité, pour effectuer leur travail. Aujourd’hui, les scientifiques ont recours à des avions, des satellites et des dispositifs de surveillance avancés pour voir plus clairement ce qui se passe au sol. Le chercheur Joshua Johnson est le chercheur principal de la mission GardeFeu, un projet mené en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne. L’objectif? Faire du Canada le premier pays au monde à utiliser des satellites spécialisés pour surveiller quotidiennement les feux de forêt.

Personne regardant une forêt à travers le hublot d’un avion, image de compilation de chercheurs prenant des mesures d’arbres au sol.

L’inventaire des forêts canadiennes

L’histoire du SCF a connu une avancée spectaculaire lorsque Hector Elmer (H.E.) Seely a découvert comment effectuer des relevés forestiers en recensant les espèces d’arbres et en calculant les volumes de bois à partir de photos aériennes. En 1952, le SCF ne se contente pas de surveiller les forêts du Canada, il les étudie et les répertorie. Nos scientifiques demeurent des pionniers dans l’utilisation de technologies de pointe telles que le LiDAR aérien et terrestre, l’imagerie numérique à haute résolution et la capacité de modélisation statistique. Mais malgré toute cette technologie, les chercheurs qui font l’inventaire forestier national recueillent encore des données dans parcelles permanentes.

Deux hommes sur une photo d’archives en noir et blanc mesurant les anneaux de croissance des arbres, un chercheur montrant une photographie d’anneaux de croissance des arbres dans un présentoir contemporain à côté d’un anneau grandeur nature.

Photo d’archives : Bibliothèque et Archives Canada/ Ministère de l’Emploi et de l’Immigration fonds/e01105565

Compter les anneaux des arbres et autres récits

En 125 ans, les chercheurs du SCF sont passés du simple comptage des anneaux à la mise au jour des récits fascinants qu’ils racontent. Lorsque G. Welburn, responsable de l’exploitation forestière, et Roy West, ingénieur forestier, comptaient les anneaux de cet énorme douglas de Menzies, ils ne cherchaient pas à les faire parler, ils se contentaient de consigner les chiffres. Plus récemment, Tony Trofymow, du Centre de foresterie du Pacifique, a entrepris un ambitieux projet visant à révéler les événements survenus au cours de la vie d’un énorme douglas de Menzies âgé de 460 ans. En se concentrant sur l’emplacement exact de l’arbre, Tony a intégré l’écologie forestière, la chronologie de la colonisation et les connaissances de trois Premières Nations. Son équipe a tracé des graphiques de la croissance des arbres, de la température et du CO2 sur une période de 520 ans, c’est-à-dire avant même l’accélération de la hausse du CO2 atmosphérique et des changements climatiques au XXe siècle et depuis le début de celle-ci.

Et ensuite?

Il est clair qu’il se passe beaucoup de choses en 125 ans! Imaginez ce que les 125 prochaines années nous réservent. Continuez à apprendre avec nous, que ce soit en observant un arbre de votre quartier, en vous promenant dans les bois ou en lisant sur les recherches menées par le SCF ci-dessous.

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