La façon dont les forêts et les produits forestiers peuvent contribuer à réaliser les objectifs du Canada en matière de climat

Sur cette page


Introduction

Les forêts jouent un rôle déterminant dans le cycle du carbone de la planète. Lorsque les arbres croissent, elles absorbent le gaz carbonique (CO2) de l’atmosphère par le processus de la photosynthèse. Le CO2 est ensuite stocké sous forme de carbone dans les troncs, les branches, les racines, les feuilles, la matière organique morte et les sols.

D’ailleurs, le CO2 peut être stocké sous forme de carbone dans les produits ligneux pendant des périodes plus ou moins longues après la récolte. D’autre part, les arbres et les sols où ils sont enracinés libèrent le CO2 et d’autres gaz à effet de serre (GES) lorsqu’ils se décomposent ou brûlent, qu’il s’agisse du résultat d’un feu de végétation, d’une épidémie d’insectes, ou d’autres perturbations. Les produits ligneux libèrent eux aussi du CO2 ou d’autres GES lorsqu’ils sont brûlés ou laissés pour se décomposer dans des sites d’enfouissement.

Le Canada s’est engagé, d’ici 2035, à réduire ses émissions de GES de 45 à 50 %, par rapport aux niveaux de 2005 et à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour ce faire, il faudra à la fois une réduction des émissions de GES et une séquestration du carbone.

Bien que les efforts visant la réalisation de tels objectifs doivent miser sur la transformation profonde des systèmes énergétiques et du comportement humain, les forêts et le recours aux produits forestiers jouent eux aussi un rôle déterminant. Dans la lutte contre les changements climatiques, tout effort visant à réduire les émissions et à accroître la séquestration du carbone peut faire la différence.

L’activité humaine dans les forêts et le secteur forestier contribuent à la réalisation des objectifs du Canada en matière de réduction des émissions des manières suivantes :

  • Augmentation de la séquestration du CO2 : élimination accrue de CO2 de l’atmosphère.
  • Augmentation du stockage du carbone : augmentation et renforcement de la capacité de stockage du carbone dans les forêts et les produits ligneux.
  • Réduction des émissions de CO2 : Réduction des émissions de GES forestiers et substitution de matériaux et de sources énergétiques à forte teneur en carbone par des produits forestiers.

Les mesures qui réduisent les émissions de GES ou qui augmentent la séquestration et le stockage du carbone en vue de ralentir les effets des changements climatiques sont collectivement désignées « mesures d’atténuation des changements climatiques ».

Dans le secteur forestier, l’efficacité et l’impact des différentes mesures d’atténuation peuvent varier, particulièrement d’une région à l’autre, et la mise en œuvre de diverses mesures peut optimiser les avantages globaux.

Les équipes de recherche du Service canadien des forêts (SCF) et d’autres organismes continuent à réfléchir aux moyens par lesquels les forêts et le recours aux produits ligneux peuvent contribuer à atténuer les changements climatiques.

Mesures d’atténuation des changements climatiques dans le secteur forestier
Version texte

Les activités qui accroissent la séquestration du gaz carbonique comprennent une amélioration de la fertilisation, l’amélioration de la génétique des arbres et l’intensification de la récolte sélective. Le renforcement de la résilience aux feux de végétation, la substitution de produits à fortes émissions par le bois et la diminution du brûlage de rémanents d’exploitation réduisent les émissions de gaz carbonique. Le renforcement de la conservation des forêts accroît le stockage du carbone. La création de nouvelles forêts accroît la séquestration et le stockage du gaz carbonique. Le recyclage de produits ligneux réduira les émissions de gaz carbonique et accroîtra le stockage du carbone.

 

Aménagement forestier

L’aménagement des forêts en vue de favoriser leur santé et leur résilience contribue à accroître la séquestration du carbone et la réduction des émissions. À titre d’exemple, le renforcement de la résilience des forêts aux feux de végétation par des mesures de gestion anticipatoire, dont l’éclaircie et le brûlage dirigé, permettra d’éviter les émissions futures attribuables aux feux de grande ampleur et d’intensité.

Nombreuses sont les autres mesures d’aménagement forestier permettant d’accroître la séquestration du carbone, par exemple : gestion des infestations de ravageurs; plantation d’une variété d’essences forestières; fertilisation; prolongation des calendriers de récolte jusqu’à ce que les arbres atteignent un âge plus avancé; et assurance de la réussite de la régénération à la suite de la récolte ou de perturbations naturelles. De telles mesures peuvent contribuer à maintenir la santé globale des forêts, tout en répondant aux besoins de la société en matière de produits ligneux.

Changement d’affectation des terres

Les mesures d’atténuation impliquant les changements d’affectation des terres sont axées sur l’amélioration de la capacité de séquestration du carbone, et ce, au moyen du boisement et du déboisement évité. Le boisement renvoie à la création d’une forêt sur un terrain qui n’était pas boisé auparavant (p. ex., régénération de la couverture forestière sur des terres agricoles ou des sites industriels autrefois déboisés). En effet, l’augmentation et le rétablissement de la couverture forestière peuvent avoir des avantages considérables pour l’environnement, la biodiversité et l’atténuation des changements climatiques.

Le déboisement évité renvoie aux efforts de conservation visant à empêcher que les terres forestières ne passent à d’autres affectations. De tels efforts visant à entraver la conversion des forêts à d’autres affectations (p. ex., terres cultivées, développements urbains ou sites industriels) peuvent contribuer à renforcer le stockage du carbone et à protéger les puits de carbone, la biodiversité et la connectivité des forêts.

Produits ligneux

Les produits ligneux peuvent offrir d’importants avantages au chapitre de l’atténuation des changements climatiques. À titre d’exemple, les produits ligneux à longue durée de vie peuvent stocker le carbone pendant des décennies. En augmentant l’utilisation des produits ligneux comme matériaux de construction à faible teneur en carbone, et en utilisant des produits ligneux issus d’un approvisionnement durable à la place de matériaux à forte teneur en carbone — dont le béton, l’acier et les plastiques —, il est possible de réduire les émissions.

L’aménagement forestier durable et la prolongation de la durabilité et de la circularité des produits ligneux peuvent assurer encore davantage le rôle des produits ligneux dans l’atténuation des changements climatiques, et ce, en réduisant les émissions tout en répondant aux besoins de la société.

Bien conçus et maintenus, les produits ligneux durables peuvent stocker le carbone sur de longues périodes. D’ailleurs, on peut stocker le carbone encore plus longtemps en recyclant et en réutilisant les produits ligneux à la fin de leur durée de vie, favorisant ainsi une économie circulaire.

Bioénergie forestière

Les avantages que procurent les produits forestiers en matière d’atténuation des changements climatiques s’étendent au-delà de leur durée de vie utile. Les résidus issus des activités d’aménagement forestier, de la fabrication de produits ligneux ou de produits ligneux à la fin de leur durée de vie peuvent être utilisés en tant que source d’énergie renouvelable pour produire de la chaleur ou de l’électricité, ou, en d’autres termes, de la bioénergie.

Contrairement à la combustion des combustibles fossiles, qui libère le carbone contenu dans les réserves géologiques depuis des millions d’années, les émissions découlant de la bioénergie font partie du cycle naturel du carbone (c.-à-d., carbone biogénique), soit un cycle où les absorptions de carbone se produisent parallèlement aux émissions découlant de la combustion de la biomasse dans le cadre de l’aménagement forestier durable. Il s’agit d’une possibilité économique importante pour le secteur forestier du Canada; en effet, il pourra améliorer sa productivité et diversifier sa production, et ce, en optimisant l’utilisation des ressources pour créer une valeur supplémentaire à partir de résidus.

De nos jours, le secteur forestier a réduit de manière considérable ses émissions de carbone et sa consommation d’énergie en ayant recours aux résidus forestiers pour la production de chaleur et d’électricité. Ainsi, le secteur forestier a réussi à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, tout en contribuant à une réduction des déchets. D’ailleurs, il existe d’autres possibilités de réduction des déchets et de dépendance aux combustibles fossiles pour réaliser des absorptions de CO2 à long terme, par exemple en combinant la bioénergie aux technologies de captage et de stockage du carbone. Une telle combinaison permettra de réduire davantage les émissions provenant du secteur forestier canadien et de compenser d’autres secteurs difficiles à décarboniser, ce qui en fait une option intéressante pour l’atténuation des changements climatiques.

L’aménagement forestier offre des co-bénéfices pour la population et la nature

L’aménagement forestier peut contribuer à l’atténuation des changements climatiques et à l’adaptation à leurs effets, tout en offrant des co-bénéfices pour la population et la nature. Les lois forestières du Canada sont parmi les plus rigoureuses au monde. Elles protègent nos forêts et assurent la conformité aux pratiques d’aménagement forestier durable d’un bout du pays à l’autre.

Les forêts canadiennes abritent une riche biodiversité et sont une source essentielle de prospérité économique. En effet, elles soutiennent de nombreuses industries, dont la foresterie, le tourisme et l’industrie des loisirs, en plus d’assurer la subsistance de nombreuses collectivités partout au pays. En outre, les forêts favorisent le bien-être humain, car elles contribuent à modérer les températures dans les villes, à améliorer la santé mentale et à réduire les risques d’inondation au sein des collectivités.

 

Outils d’évaluation des possibilités de gestion du carbone forestier

Il existe de nombreux outils en libre accès permettant d’évaluer la mesure dans laquelle les diverses activités d’aménagement forestier influent sur le bilan du carbone. À cet effet, le SCF a mis au point des outils permettant de calculer les stocks de carbone forestier et de suivre leur évolution (le Modèle du bilan du carbone du secteur forestier canadien et le Modèle générique du bilan du carbone). Les aménagistes forestiers peuvent donc profiter de tels outils pour évaluer les conséquences de leurs actions sur le carbone et envisager de nouvelles stratégies ayant une plus faible incidence.

En savoir plus