ARCHIVÉE - Les questions de l'eau et la foresterie
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Eau douce : le rôle et la contribution de Ressources naturelles Canada
Le Canada est constitué d'environ 418 millions d'hectares de forêts, soit à peu près 10 pour cent de la superficie totale des forêts mondiales. Nos forêts contribuent à hauteur de 34 milliards de dollars au PIB du Canada et procurent 376 000 emplois directs aux Canadiens. Le Canada est le plus grand exportateur de produits forestiers au monde (40 milliards de dollars en 2003). Les forêts du Canada sont essentielles non seulement pour notre économie, mais aussi pour assurer notre approvisionnement national en eau. Les forêts constituent une partie intégrante du cycle hydrologique. Elles recyclent l'eau dans l'atmosphère, ce qui a pour effet de réduire la quantité d'eau qui pénètre dans le sol ainsi que l'eau de surface. En outre, elles filtrent l'air et l'eau, tempèrent le climat, procurent un habitat à la faune, stabilisent les sols et constituent une caractéristique dominante de l'économie, de la culture, des traditions et de l'histoire du Canada.
La forêt exerce un rôle clé dans la régulation du climat et des réseaux hydrographiques, la prévention de l'érosion, l'atténuation de la pollution atmosphérique et la création d'habitats d'espèces sauvages.
Recherches sur l'hydrologie forestière[40]
Le gouvernement du Canada a fortement appuyé la recherche en hydrologie forestière vers la fin des années 1960 et au début des années 1970, période qui porte le nom de « Décennie hydrologique internationale ». Pendant cette période, on a installé et utilisé des instruments de mesure dans beaucoup de bassins hydrographiques. On a aussi réalisé diverses études sur les répercussions les plus immédiates de la coupe à blanc sur le débit des cours d'eau et l'érosion. Les résultats de ces études ont servi à l'élaboration des pratiques de gestion forestière actuelles, dont le but est de protéger les sols et les ressources en eau douce du Canada. Bien que la plupart des opérations de récolte se déroulent encore en une seule étape (coupe à blanc), on a de plus en plus recours, au Canada, à des méthodes de coupe graduelle, entre autres la coupe de jardinage, la coupe progressive et la coupe avec réserve de semenciers. On a généralement diminué la superficie totale des zones de coupe à blanc et augmenté le nombre de bandes non exploitées (rideaux d'arbres) au sein des blocs de coupe.
Les incidences de la récolte du bois sur les bassins hydrographiques
De nombreux centres urbains tirent la totalité ou une partie de leurs approvisionnements en eau des bassins hydrographiques forestiers. Étant donné ces attributs, les bassins hydrographiques forestiers procurent un éventail de services importants à la population, y compris l'approvisionnement en eau de ruisseau propre et le soutien d'écosystèmes aquatiques sains.[41] Des recherches ont démontré que les niveaux des nappes phréatiques, le volume et le régime des débits dans les cours d'eau, la qualité de l'eau, l'érosion et la sédimentation représentent les changements les plus importants à survenir après une récolte dans les bassins hydrographiques forestiers. Or, des changements semblables peuvent survenir après un incendie. Cependant, les effets sur les bassins hydrographiques diffèrent si on compare les pratiques forestières avec les autres aménagements du territoire, y compris l'agriculture et l'exploitation minière.[42] En règle générale, les conséquences des récoltes sur le régime hydraulique et sur la qualité de l'eau sont de courte durée et moins graves que celles dues à l'utilisation changeante du sol, étant donné que le sol des forêts est protégé et que la végétation récupère rapidement.[43]
Les études en foresterie ont avant tout permis de constater que la sédimentation était grandement attribuable à la construction et à l'utilisation de chemins forestiers ainsi qu'aux perturbations sur les berges causées par la machinerie. Au Canada, on a apporté des changements aux pratiques forestières pour réduire au minimum ces répercussions. La présence croissante de sédiments dans les sources d'eau est attribuable à la construction et à l'utilisation de chemins forestiers ainsi qu'aux perturbations directes sur les berges causées par la machinerie.[44] Des changements dans les pratiques forestières ont été mis en place partout au Canada afin de réduire au minimum ces répercussions. Quand la réglementation est respectée, les infiltrations de sédiments dans les ruisseaux causées par l'exploitation forestière sont de courte durée et souvent limitées.[45]
Transformation de produits forestiers
Au Canada, il existe à peu près 155 entreprises des pâtes et papiers et plus 500 autres œuvrant dans des domaines connexes tels que les produits de papier transformé, le papier-toiture asphalté ainsi que les boîtes et les sacs en papier. En 2002, on a expédié une quantité totale de 30,5 millions de tonnes de pâtes et papiers, pour une valeur approximative de 26 milliards de dollars. En 2001, le Canada était le premier producteur mondial de papier journal, avec approximativement 92 pour cent de sa production acheminée vers des marchés d'exportation. La plupart des producteurs des pâtes et papiers ont des activités d'envergure mondiale et sont installés dans des collectivités éloignées qui se trouvent à proximité des ressources forestières. Partout au Canada, et particulièrement dans l'Ouest, ils comblent leurs besoins en fibres à l'aide des copeaux qui sont les sous-produits du bois d'œuvre issu des scieries.[46] Bien que le secteur des pâtes et papiers ait de beaucoup réduit sa production de déchets de bois et d'écorce grâce au recyclage, la gestion de l'eau et celle des eaux usées continuent de représenter une question problématique pour la plupart des scieries.[47]
Les eaux usées et l'utilisation de l'eau dans les scieries et les papeteries
Les usines de pâtes et papiers sont de grands utilisateurs d'eau. L'eau joue quatre rôles essentiels dans la production des pâtes et papiers :
- traitement des produits chimiques (p. ex., ajout d'eau au chlorate de sodium);
- transport/contrôle de matériaux dans les processus de fabrication;
- séparation et purge de contaminants du produit;
- refroidissement : une activité hydrique importante dans les usines consiste à extraire la chaleur de différents processus de fabrication.
L'industrie des pâtes et papiers, par sa nature diversifiée, peut évacuer un nombre important de composés chimiques dans l'écosystème aquatique. Les recherches effectuées sur les effets environnementaux des effluents des fabriques de pâtes et papiers ont identifié les fibres et les solides en suspension, la couleur et la turbidité ainsi que l'enrichissement en matières nutritives et organiques comme étant les trois principaux facteurs polluants à avoir des incidences négatives sur l'environnement.[48] L'industrie des pâtes et papiers est également le troisième pollueur industriel de l'air, de l'eau et de la terre, au Canada comme aux États-Unis. Chaque année, elle engendre une pollution supérieure à cent mille tonnes de produits toxiques.[49] Durant la dernière décennie, l'industrie des pâtes et papiers a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement fédéral, avec des organismes environnementaux non-gouvernementaux, avec les provinces ainsi qu'avec d'autres intervenants cruciaux pour veiller au respect des réglementations entourant la Loi canadienne sur la protection de l'environnement et la Loi sur les pêches.
L'industrie canadienne des pâtes et papiers a investi des milliards de dollars dans la recherches et le développement technologique dans le but de réduire ses émissions et d'améliorer la qualité des effluents. Ces investissements dans les processus et les améliorations technologiques ont permis à l'industrie d'atteindre les résultats suivants :
- réduction de 99 % des rejets de dioxines et de furannes chlorés dans l'eau;
- réduction de 26 % par rapport aux niveaux de 1990 des émissions de dioxyde de carbone (CO2), l'un des principaux gaz à effet de serre;
- réduction de 99,8 % de l'utilisation des produits contenant du nonylphénol, substance toxique, et ses dérivés éthoxylés (NPE);
- réduction de 94 % des rejets de matières exerçant une demande biochimique en oxygène (DBO) et de 70 % des rejets des matières en suspension (MES)[50]
Bien que les scieries aient réussi à faire baisser la toxicité de leurs effluents dans une proportion impressionnante, les données sur les études de suivi des effets sur l'environnement indiquent que les impacts continuent à se faire sentir au sein de l'écosystème aquatique.[51]
Activités du Service canadien des forêts liées à l'eau
Le Service canadien des forêts (SCF) de RNCan a depuis longtemps reconnu le besoin de mieux comprendre le lien entre les forêts, les pratiques forestières, les quantités et la qualité de l'eau douce. Les activités scientifiques et politiques de RNCan touchant à la foresterie et à la gestion des ressources en eau couvrent un large éventail de sujets, au nombre desquels figurent : les perturbations naturelles ou dues à la gestion forestière (y compris les pratiques forestières) sur la qualité et la quantité d'eau, ainsi que sur les systèmes hydrologiques forestiers; les activités innovatrices de conservation des ressources en eau, le transfert des meilleures pratiques et des connaissances aux décideurs et la compréhension sur la façon dont les changements climatiques influencent la relation entre l'eau et les pratiques forestières.
Effets des pratiques forestières sur la qualité et la quantité d'eau
La récolte du bois peut avoir des conséquences positives ou négatives sur l'eau de surface et l'eau souterraine, en fonction de la nature du site et de la perturbation. Pour mieux comprendre les effets des activités humaines ainsi que d'autres formes de perturbation sur les forêts et l'environnement, le SCF mène des recherches sur la qualité de l'eau et de l'air, en collaboration avec des collèges, des universités, d'autres agences fédérales et provinciales et l'industrie privée. Ce type de recherches constitue une base pour l'amélioration de la réglementation sur les aménagements forestiers appliquée par les provinces. Ces règlements réduisent au minimum les impacts négatifs des récoltes de bois en exigeant, par exemple, des bandes tampons le long des ruisseaux, méthode utilisée dans la construction de routes afin de contrôler l'évacuation de l'eau de surface, tout en améliorant la conception des drains et des ponts.
Effets de la pollution sur les bassins hydrographiques
Bien qu'un certain nombre de problèmes environnementaux liés au secteur de la foresterie soient réglés, il reste à mieux comprendre le rôle des forêts dans le cycle hydrologique mondial et les impacts environnementaux cumulatifs des polluants, sulfates et nitrates anthropiques sur les forêts (fig. 3-5). Pour régler certains de ces problèmes, le SCF, en collaboration avec des organismes partenaires, contrôle la qualité de l'eau sur un site à l'étude près de Sault-Sainte-Marie, en Ontario. L'étude du bassin versant des lacs Turkey est un projet initié en 1979 et réalisé en collaboraiton avec plusieurs organismes afin d'évaluer les effets des perturbations d'origine humaine sur les écosystèmes du Bouclier canadien. Parmi les participants à l'étude figurent les gouvernements tant fédéral que provincial ainsi que plusieurs universités. Axée à l'origine sur les seuls effets des pluies acides, l'étude incorpore aujourd'hui des recherches sur les effets d'autres polluants et perturbations écologiques, tels que la récolte de bois et les changements climatiques.
Effets des pesticides sur la qualité de l'eau
Dans le cadre de son programme de protection des forêts, le SCF examine l'évolution et la persistance de pesticides forestiers dans les sédiments retrouvés au fond de l'eau et dans les ressources aquatiques, y compris les communautés de poissons, d'amphibiens, d'insectes aquatiques, de zooplanctons, de phytoplanctons et de microbes. Les études mesurent non seulement les effets des pesticides sur l'individu, la population et la communauté, mais elles incluent l'interaction biotique de même que les méthodes d'écosystèmes et tentent de comprendre les effets de multiples facteurs de stress.
Effets de la transformation des produits forestiers
RNCan soutient les recherches dans le domaine de la transformation des produits forestiers par l'intermédiaire d'organismes tels que l'Institut canadien de recherches sur les pâtes et papiers (Paprican). Paprican est un organisme de recherche appliquée et de technologie sur les pâtes et papiers axé sur le marché et dont la mission consiste à augmenter la compétitivité technique de l'industrie des pâtes et papiers. De la recherche sur les produits forestiers à la diffusion technologique, Paprican joue un rôle indispensable dans le but de minimiser les impacts négatifs de l'industrie des pâtes et papiers sur l'environnement. Les trois principales questions environnementales quant au rejet des effluents des usines de pâtes et papiers sont la conformité aux réglementations relatives à la toxicité, les effets potentiels sur la reproduction des poissons et le respect du programme de suivi des effets sur l'environnement.[52]
Notes :
40 Extrait de Thormann, M.N., P.Y . Bernier, N.W. Foster, D.W. Schindler, et F.D. Beall, « Pratiques Et Changements Concernant L'aménagement Du Territoire - Foresterie » pp. 57-66 dans Menaces Pour L'approvisionnement En Eau Au Canada - Perspective (Ottawa : Environnement Canada, 2004), p. 57. Retour au texte.
41 Ibid, extrait p. 57. Retour au texte.
42 Ibid, extrait p. 58. Retour au texte.
43 Ibid, extrait p. 62. Retour au texte.
44 Mattice, C.R., Forest road erosion in northern Ontario : a preliminary analysis (Sault Ste. Marie, Ont. : Service canadien des forêts, Centre de foresterie des Grands Lacs, Inf. Rep. O-X-254, 1977). Retour au texte.
45 Plamondon, A.P., « Augmentation de la concentration des sédiments en suspension suite a l'exploitation forestière et durée de l'effet » Can. J. For. Res. 13 : 883-892, 1982. Retour au texte.
46 Information tirées du site Internet du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada : http://www2.nrcan.gc.ca/cfs-scf/industrytrade/
francais/view.asp?x=1 Retour au texte.
47 Informations tirées du site Web de PAPRICAN : http://www.paprican.ca
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48 Owens, J.W., "The hazard assessment of pulp and paper effluents in the aquatic environment : A review," Environ. Toxicol. Chem. (10 : 1511-1540, 1991). Retour au texte.
49 Environnement Canada, Évaluation nationale des données des études de suivi des effets sur l'environnement des fabriques de pâtes et papiers (Série de rapports d'évaluation scientifique de l'INRE, ISSN 1499-5905; no. 2, 2003). p. 36.
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50 Extrait du communiqué de presse d'Environnement Canada : Des règlements sur l'environnement et des efforts volontaires entraînent des réductions spectaculaires de la pollution de l'eau et de l'air causée par l'industrie des pâtes et papiers (Ottawa : juin 6, 2003). http://www.ec.gc.ca/press/2003/030606_n_f.htm Retour au texte.
51 Environnement Canada, Évaluation nationale des données des études de suivi des effets sur l'environnement des fabriques de pâtes et papiers (Série de rapports d'évaluation scientifique de l'INRE, ISSN 1499-5905; no. 2, 2003). p. 36.
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52 Informations tirées du site Web de PAPRICAN : http://www.paprican.ca
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