L’avenir des énergies fossiles au Canada: La voie à suivre pour le captage et le stockage du carbone
Table des matières
- Avant-propos du président du Groupe de travail
- Le Groupe de travail écoÉNERGIE sur le captage et le stockage
- Abréviations et unités
- L’avenir des énergies fossiles au Canada — Résumé
- Relever le défi du carbone
- Une technologie novatrice
- Les composantes
- Intégration à l’échelle commerciale
- Les arguments en faveur du CSC
- Possibilités au Canada
- Compétitivité internationale
- La tâche à accomplir
- La nécessité d’un soutien fi nancier de l’État
- L’urgence d’agir
- Recommandations du Groupe de travail
- Mesure immédiate no 1
- Mesure immédiate no 2
- Mesure immédiate no 3
- Étape suivante no 1
- Étape suivante no 2
- Étape suivante no 3
- Observations fi nales
- Appendice 1
L’avenir des énergies fossiles au Canada – Résumé
Le défi
Le Canada connaît actuellement un essor économique important, en grande partie sous l’impulsion du secteur des ressources naturelles et plus particulièrement des industries des combustibles fossiles de l’Ouest canadien. Réunies sous l’étiquette d’« énergies fossiles », les ressources en pétrole, en gaz naturel et en charbon font du Canada un des grands pôles mondiaux de l’énergie pour les investisseurs et les développeurs.
Cet essor économique, cependant, s’accompagne d’un certain nombre de défi s, comme l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et la gestion des impacts des changements climatiques. Au Canada, les émissions de GES ont augmenté de plus de 25 p. 100 depuis 1990. Les craintes grandissantes de l’opinion publique sont confi rmées par ce consensus de la collectivité scientifi que internationale, exprimé par la voix du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat : sous l’effet de la croissance des émissions planétaires, les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2) vont bientôt augmenter à des niveaux sans précédent depuis 10 millions d’années, d’où un risque croissant d’une accélération des changements climatiques.
Devant cette perspective inquiétante, les gouvernements du Canada prennent des mesures. Ainsi, le gouvernement fédéral a fi xé un objectif national qui consiste à réduire les émissions de 20 p. 100 par rapport aux niveaux actuels d’ici 2020, et de 60 à 70 p. 100 d’ici 2050. Neuf provinces canadiennes sur dix ont annoncé leur intention de recourir à la réglementation. L’Alberta a déjà adopté des règlements qui s’appliquent aux grandes entreprises. Certaines des cibles proposées constituent un défi de taille pour un pays qui tire 77 p. 100 de son énergie primaire des combustibles fossiles et dont les richesses viennent en grande partie de la production et de l’exportation de ces ressources précieuses.
Le défi est de concilier une réduction des émissions de GES avec le maintien de la croissance économique.
Le Canada n’est pas le seul pays aux prises avec ce problème. À l’échelle de la planète, 80 p. 100 des approvisionnements énergétiques proviennent de combustibles fossiles et, en raison de la croissance de la demande d’énergie dans les pays en émergence rapide, comme la Chine, on prévoit que cette proportion passera à 82 p. 100 d’ici 2030. Entre temps, de nombreux pays et les Nations Unies réclament une réduction substantielle des émissions planétaires de GES.
Chaque pays doit réduire de manière radicale ses émissions de GES sans compromettre sa croissance économique. Voilà une tâche complexe compte tenu des liens étroits entre la vigueur de l’économie, la consommation d’énergies fossiles et les émissions de GES. L’ampleur de ce défi a été constatée dans un rapport récent du Groupe de travail sur les fi lières énergétiques de l’Académie canadienne du génie. On y constate la nécessité d’un « changement transformationnel », en précisant que ni les entreprises ni les gouvernements ne peuvent faire cavalier seul et que le défi commande un effort national concerté.
La solution
Pour que le Canada et les autres pays puissent relever le défi du carbone, la technologie du captage et du stockage du dioxyde de carbone (CSC) est essentielle. Le CSC est un processus novateur qui consiste à extraire le dioxyde de carbone (CO2) des émissions et des fumées de combustion des grandes installations industrielles, à le comprimer et à l’injecter dans de profondes formations géologiques où il ne représente aucun danger.
Le CSC off re un moyen viable de réduire considérablement les émissions de GES au Canada.
Avec la mise en valeur des énergies renouvelables à grande échelle et le recours au nucléaire, le CSC est l’une des rares options à grande échelle qui s’offrent à nous pour disposer d’un approvisionnement énergétique abondant sans émissions de CO2. Il a ceci de particulier qu’il peut être déployé à partir de l’infrastructure technique et institutionnelle actuelle des énergies fossiles. On peut le mettre en oeuvre rapidement (en l’espace d’une dizaine d’années) à l’aide de la technologie existante, pendant que se développent les solutions énergétiques de la prochaine génération.
La récompense
L’effort en vaut nettement la peine. À la grandeur du Canada, le potentiel de captage et de stockage de CO2 pourrait atteindre entre 600 Mt/an, soit environ 40 p. 100 des émissions projetées pour le Canada en 2050. Le Groupe de travail a élaboré ses recommandations de manière à permettre au Canada de réaliser ce potentiel et plus particulièrement de franchir les étapes suivantes d’ici 2015 :
- réduction de 5 Mt/an des émissions de GES des nouvelles grandes installations industrielles équipées de la technologie du CSC;
- une première vague d’installations industrielles équipées pour capter et stocker le CO2 (trois à cinq projets opérationnels);
- leadership mondial sur le plan des capacités technologiques et de l’expertise en CSC;
- avantage du précurseur en ce qui concerne les protocoles d’attribution de crédits de CO2, la législation gouvernant la propriété et l’aliénation des droits d’enfouissement du CO2 et les solutions au problème de la responsabilité à long terme;
- institutions de premier ordre qui s’emploient à mettre au point les aspects commerciaux, juridiques et réglementaires du CSC;
- cadre de planifi cation des prochaines étapes de l’implantation du CSC au Canada.
Des perspectives considérables s’ouvrent au Canada. La réussite de l’entreprise dépendra de la mise en place des conditions nécessaires pour susciter une première vague d’investissements dans le CSC et les suivantes. Il faudra également amener le public à reconnaître que le CSC a sa place parmi les technologies utilisées pour relever le défi du carbone.
Avec le CSC, le Canada et ses industries ont l’occasion d’être parmi les premiers du monde à démontrer que la réduction des émissions, le progrès industriel et la croissance économique peuvent aller de pair. En atteignant l’objectif de 5 Mt/an d’ici 2015, le Canada pourrait s’assurer la position de chef de fi le sur la scène mondiale pour ce nouveau marché.
Pourquoi le CSC?
Le CSC est une solution qui s’impose d’elle même au Canada, pour plusieurs raisons.
Les technologies constitutives du CSC existent déjà. Il reste maintenant à les intégrer dans des installations industrielles commerciales.
Cette technologie permet à notre pays de mettre à profi t son infrastructure énergétique actuelle et ses abondantes ressources en énergies fossiles tout en gérant les émissions de carbone qui y sont associées. Le CSC est le seul moyen de réduction des émissions de GES qui a la souplesse voulue pour être intégré à la fois dans le parc industriel actuel et dans les nouvelles installations.
Les technologies constitutives du CSC (captage, transport et stockage) existent déjà à l’échelle industrielle. Il reste maintenant à les intégrer et à les mettre en oeuvre dans des installations commerciales sur une grande échelle. Le Canada pourrait compter parmi les premiers pays du monde à construire à l’échelle commerciale une centrale, une usine de valorisation du bitume ou toute autre installation faisant appel à des énergies fossiles qui aurait la capacité de piéger et de stocker les émissions de CO2.
La constitution de son sous-solavantage grandement le Canada. Les formations sédimentaires stables, comme celles du Bassin sédimentaire de l’Ouest canadien (BSOC), sont idéales pour le stockage du CO2. Les réservoirs qui ont retenu les vastes réserves de pétrole et de gaz naturel du Canada pendant des centaines de millions d’années peuvent servir à stocker le CO2. Le BSOC est également un lieu tout indiqué pour implanter le CSC, car de grandes sources industrielles d’émissions de GES y côtoient des puits de carbone importants. D’autres possibilités de stockage existent dans le Canada atlantique, dans le sud de l’Ontario et juste au sud de la frontière canadienne.
La colocalisation des sources et des puits de CO2 dans le BSOC fait de l’Ouest canadien une région idéale pour implanter le CSC.
Le BSOC offre également des possibilités de récupération assistée du pétrole (RAP), une technique qui consiste à injecter du CO2 dans des réservoirs de pétrole pour en extraire un plus grand volume d’hydrocarbures. La RAP par injection de CO2 est déjà une activité économique en croissance; il existe d’autres possibilités d’expansion de la RAP, qui ouvrent des débouchés commerciaux au CSC.
Le CSC est utile partout où l’on utilise des énergies fossiles. Peu d’autres solutions nous permettent de contenir la croissance des émissions de GES dans le secteur des centrales à charbon et dans une industrie en plein essor, celle des sables bitumineux. Cette technologie peut trouver des applications partout au pays, car toutes les régions comptent des raffi neries, des usines pétrochimiques, des usines de transformation, des cimenteries ou des usines sidérurgiques qui consomment du pétrole, du gaz naturel ou du charbon.
Le CSC est une solution pour le Canada et pour les autres pays, et commande un investissement public dès maintenant.
Si des provinces comme l’Alberta et la Saskatchewan font oeuvre de pionnières et rendent possibles la construction et l’exploitation des premières installations commerciales à énergies fossiles équipées de la technologie du CSC, elles permettront au Canada de s’affi rmer comme un acteur de premier plan sur la scène internationale du CSC. Il est important de demeurer compétitif à l’échelle internationale, car la technologie évolue constamment et le marché du CSC augmente à l’extérieur du Canada – la Chine, l’Inde et d’autres économies émergentes ont besoin de solutions pour poursuivre leur développement économique tout en réduisant leurs émissions.
Pourquoi un soutien de l’État?
Le Canada a une longue tradition de partenariat d’investissement public-privé. On peut d’ailleurs citer de nombreux exemples d’ententes qui ont ouvert de nouveaux marchés importants au pays :
- Syncrude a joué un rôle central dans l’expansion de l’industrie des sables bitumineux;
- Hibernia a joué un rôle essentiel dans le lancement des activités pétrolières et gazières au large de la côte est;
- le réseau ferroviaire, le réseau pipelinier, le réseau de transport d’électricité et d’autres infrastructures ont tous relié des marchés à des moments cruciaux de l’histoire du Canada.
Chacune de ces initiatives qui ont contribué à la construction de la nation a été réalisée dans l’intérêt des Canadiens, et ceux-ci continuent d’en bénéfi cier. Dans chaque cas, le soutien de l’État et du secteur privé a permis de répartir les risques associés aux premiers projets et d’entreprendre des activités qui exigeaient une mise de fonds initiale, mais qui servaient clairement l’intérêt supérieur de la nation.
Le Canada possède la technologie, les atouts géologiques et l’expertise nécessaires pour devenir un chef de fi le mondial du développement et de l’implantation du CSC. Toutefois, à l’instar de toute nouvelle technologie environnementale, le CSC a un coût différentiel (ou manque à fi nancer) qui correspond à l’écart entre le coût d’une installation équipée de la technologie et le coût d’une installation qui produirait les mêmes extrants en l’absence du CSC.
Compte tenu des incertitudes entourant l’intégration des éléments du CSC à l’échelle commerciale, la clarté de la réglementation et les prix du marché du carbone, entre autres, il serait très diffi cile pour une entreprise du secteur privé d’investir des centaines de millions de dollars dans un bien public (la réduction des émissions de GES, en l’occurrence), sans savoir si elle en retirera des profi ts. C’est ce manque à fi nancer qui nous empêche d’implanter le CSC à l’échelle commerciale.
Pour combler ce manque à fi nancer et confi er au CSC un rôle important dans la stratégie de réduction des émissions de GES au Canada, il faut une étroite collaboration entre l’industrie et les gouvernements.
Pourquoi maintenant?
Il faut commencer dès maintenant à se doter de compétences spécialisées en CSC, en mettant à profi t l’expertise qui existe déjà dans l’industrie, dans le secteur public et dans les centres de recherche.
Si le Canada veut être le premier à élaborer des solutions CSC adaptées à son industrie, il doit s’y atteler dès aujourd’hui. Il doit s’engager à soutenir fi nancièrement le développement du CSC tandis que, de son côté, l’industrie doit s’engager à concevoir et à réaliser dès maintenant des projets de CSC.
Les grandes installations industrielles prennent beaucoup de temps à construire et exigent des compétences très spécialisées. Une grande partie des compétences nécessaires à l’implantation du CSC existent déjà dans les secteurs des hydrocarbures et de l’électricité, mais ce n’est qu’avec l’expérience que se développeront les capacités propres à cette technologie. Le Canada perdra la possibilité de déployer rapidement le CSC en réponse aux futures politiques de réduction des émissions de GES s’il attend plus longtemps pour lancer une première vague de projets de CSC à l’échelle commerciale.
L’apprentissage par la pratique est essentiel et commencera par la construction et l’exploitation des premières installations commerciales.
Entre-temps, l’industrie continue d’investir dans les énergies fossiles. Partout au Canada, y compris dans les régions de l’Alberta, de la Saskatchewan, de l’Ontario, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick qui dépendent du charbon, il faut construire de nouvelles centrales pour absorber l’augmentation de la demande et remplacer les usines parvenues au terme de leur vie utile. Des investissements de plus de 150 milliards de dollars (G$) ont été annoncés dans le seul secteur des sables bitumineux. Le gouvernement doit démontrer le sérieux de sa démarche à l’égard du CSC, sinon ces nouvelles installations seront construites avec une technologie ordinaire, et il coûtera plus cher de les équiper du CSC le moment venu. En revanche, si le gouvernement apporte son soutien fi nancier et son aide à l’implantation du CSC, les nouvelles installations pourront être conçues en fonction de cette technologie, de façon à éviter le verrouillage technologique.
En commençant à déployer le CSC dès maintenant, le Canada mettra en branle un processus d’apprentissage par la pratique qui lui permettra d’améliorer les matériaux et la conception des technologies, de normaliser les applications, d’intégrer et d’optimiser les systèmes et de réaliser des économies d’échelle, soit un processus qui débouchera en bout de ligne sur des réductions de coûts. Or, pour amorcer ce processus d’apprentissage qui mènera au succès, le pays se doit d’abord de réaliser un premier groupe de projets à l’échelle commerciale.
Le Canada fi gure parmi les chefs de fi le du CSC. L’Australie, la Norvège, le Royaume- Uni (R.-U.) et les États-Unis (É.-U.) ont déjà commencé à faire des investissements publics, à établir des cadres commerciaux pour les premiers projets et à mettre en place les régimes de réglementation qui favoriseront l’essor du CSC. En demeurant dans le peloton de tête, le Canada restera au diapason des développements internationaux.
En investissant dès aujourd’hui dans le CSC , le Canada assure sa compétitivité dans un monde où prévaut la contrainte carbone.
La réussite du CSC nécessite une approche équilibrée de la politique de réduction des émissions de GES. Dans sa lutte contre les changements climatiques, le Canada doit suivre la cadence de ses principaux partenaires commerciaux. S’il prend des mesures trop énergiques pour réduire les émissions de GES dans un court délai, il risque de placer son industrie dans une situation désavantageuse par rapport à la concurrence. Par ailleurs, en agissant trop lentement, il pourrait tout autant nuire à la compétitivité de son industrie sachant que les autres pays adoptent des normes qui pénalisent les sources d’énergie à forte intensité de GES. Le CSC est un facteur déterminant de la compétitivité du secteur canadien des énergies fossiles, qui doit à la fois mettre en valeur ces ressources énergétiques et faire face à ses obligations croissantes en matière de réduction des émissions de GES.
Le Canada doit donc, de toute urgence, développer les compétences et l’expertise nécessaires à l’implantation du CSC. Une action insuffi sante de sa part risque de faire perdre de l’importance à l’industrie canadienne des énergies fossiles. Par contre, en investissant dès maintenant, le Canada se taillera une position enviable de chef de fi le en ce qui a trait au développement du CSC. Et surtout, il se ménagera la possibilité de mettre en oeuvre le CSC sur une plus grand échelle si les politiques intérieures et internationales imposent une contrainte carbone de plus en plus stricte. Un investissement dans le CSC est une mesure essentielle pour gérer le risque auquel la contrainte carbone pourrait exposer l’industrie.
Les recommandations
Les installations de CSC seront construites et exploitées par l’industrie et exigeront un investissement de départ très risqué, dont le principal intérêt réside dans la perspective qu’il offre d’une réduction du coût de la réglementation actuelle et future des émissions de GES. Une installation industrielle ayant un potentiel de captage considérable (de l’ordre de une mégatonne de CO2 par an [Mt CO2/an]) nécessite un investissement total qui se situe entre plusieurs centaines de millions et des milliards de dollars. Avant même de décider d’aller de l’avant avec un projet, l’industrie investit des dizaines de millions de dollars dans des études préliminaires. Elle doit continuer de jouer ce rôle dans le déploiement du CSC, mais elle devrait bénéfi cier d’une aide de l’État.
L’industrie et les gouvernements devraient collaborer à la mise en place des conditions fi nancières et de la réglementation nécessaires à la mise en oeuvre du CSC. Les gouvernements apportent déjà leur aide sous plusieurs formes, notamment en fi nançant quelques-unes des études préliminaires. En outre, ils doivent participer au fi nancement des projets de CSC proprement dits. Les recommandations suivantes s’adressent aux gouvernements fédéral et provinciaux et concernent leurs rôles dans cette entreprise de collaboration.
Le Groupe de travail recommande trois mesures à mettre en oeuvre immédiatement pour commencer à déployer le CSC au Canada, et trois autres mesures à entreprendre plus tard. Les trois premières mesures exigent une attention immédiate, car elles visent à abattre les deux principaux obstacles qui entravent le déploiement du CSC : le coût différentiel des projets de CSC et les lacunes actuelles de la réglementation. Pour réussir à mettre en oeuvre le CSC, le Canada doit surmonter ces obstacles dans un court délai.
Trois mesures immédiates
Mesure immédiate no 1 – Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient affecter 2 G$ en complément des milliards de dollars que l’industrie investira dans les premiers projets de CSC. Ce fi nancement devrait être distribué dans le plus bref délai au moyen d’un processus de demande de propositions, de façon à ce que les projets de la première phase soient en marche dès 2015
Le fi nancement de la première vague de projets de CSC (au nombre de trois à cinq) permettra de réduire les émissions de GES de 5 Mt/an et mettra le pays sur la voie d’une solution toute canadienne pour réduire les émissions et exercer un leadership mondial dans le domaine du CSC.
Mesure immédiate no 2 – Les organismes responsables de la réglementation du pétrole et du gaz devraient donner à la réglementation la clarté voulue pour favoriser la réalisation des premiers projets de CSC : clarifi er rapidement l es dispositions des lois et des règlements concernant la propriété et l’aliénation des droits sur les espaces interstitiels des formations géologiques, énoncer clairement les modalités du transfert de la responsabilité à long terme de l’industrie au gouvernement et augmenter la transparence des processus de réglementation.
En confi rmant la compétence des provinces pour ce qui est de la propriété et de l’aliénation des droits sur les espaces interstitiels des formations géologiques et en dégageant clairement l’industrie de toute responsabilité à long terme, on créera un régime de réglementation propice au développement du CSC. Par ailleurs, le temps qu’il faudra pour modifi er la réglementation ne devrait pas retarder les décisions ou les approbations concernant les projets de la première phase.
Mesure immédiate no 3 – Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient voir à ce que les régimes de réglementation des GES confèrent les mêmes avantages au CSC qu’à toute autre option reconnue de réduction des émissions de GES, ce qui exigera la création de protocoles de mesure et d’attribution de crédits propres au CSC.
Une réglementation qui reconnaît au CSC un rôle dans la réduction des émissions de GES et qui fait en sorte que les crédits de CO2 provenant du CSC soient aussi négociables ou de même valeur marchande que les autres crédits favorisera la mise en valeur commerciale du CSC.
Les trois étapes suivantes
Étape suivante no 1 – L’industrie et les gouvernements fédéral et provinciaux devraient, au cours des deux prochaines années, établir un cadre de collaboration comprenant un groupe consultatif, pour coordonner les discussions, institutionnaliser les leçons de l’expérience et peut-être aussi mettre en oeuvre certains aspects des mesures immédiates 1, 2 et 3. Selon l’évaluation des besoins, ce groupe consultatif pourrait se transformer en une organisation plus offi cielle.
Un cadre de collaboration permettant de coordonner et d’institutionnaliser les connaissances et l’expérience acquises favorisera le développement des capacités de CSC dans l’industrie, le secteur public et les organisations non gouvernementales du Canada.
Étape suivante no 2 – Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient apporter une aide fi nancière stable pour que le déploiement du CSC puisse se poursuivre au delà des projets de la première phase. Ils pourraient, par exemple, lancer d’autres demandes de propositions pour une deuxième vague de projets, instituer des programmes d’encouragement au stockage du CO2 ou encore offrir des incitatifs fi scaux (taxes et redevances).
Les gouvernements doivent soutenir largement les projets de la deuxième phase, afi n de permettre au Canada de réaliser des réductions considérables d’émissions de GES, lesquelles pourraient atteindre le tiers, voire la moitié des émissions de GES projetées pour le Canada d’ici 2050.
Étape suivante no 3 – Les centres de recherche et les développeurs de technologie du Canada qui s’intéressent au CSC devraient axer leurs activités de recherche et de démonstration sur les deux objectifs suivants : abaisser le coût de la technologie du CSC et rendre possible le déploiement de la technologie et des processus de CSC de la prochaine génération. Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient soutenir fi nancièrement ces activités
La recherche effectuée au Canada qui vise à rendre la technologie actuelle plus effi ciente et à développer la technologie de la prochaine génération facilitera l’implantation du CSC dans d’autres secteurs et à d’autres endroits, au Canada comme à l’étranger.
Ces recommandations reposent sur l’hypothèse que les gouvernements, tout en demeurant conscients de la nécessité de maintenir la compétitivité internationale de leur industrie, continueront à s’efforcer d’augmenter la clarté et la certitude des politiques de réduction des émissions de GES, dont dépend en bout de ligne le succès du CSC. Seule une politique équilibrée en matière de GES permettra aux pays d’atteindre l’objectif fondamental de tous ses investissements initiaux dans le CSC, la fi lière éolienne et autres options de réduction des émissions; une politique qui apportera une solution durable au problème du dioxyde de carbone.
La voie à suivre
Les technologies constitutives du CSC existent déjà et peuvent être intégrées dès aujourd’hui dans des installations industrielles. Ce qui manque, ce sont des renforts fi nanciers et un cadre de réglementation favorable. Quelques projets entièrement intégrés suffi ront à démontrer à l’industrie et à la population qu’il est possible d’intégrer en toute sécurité les divers éléments du CSC dans des installations commerciales. Ces projets de la première phase lanceront un processus d’apprentissage par la pratique qui débouchera sur des réductions de coûts. Ils permettront de mettre à l’épreuve les processus de réglementation et contribueront à ouvrir la voie à d’autres projets qui nécessitent des approbations. Chacun de ces résultats est essentiel si l’on veut que le CSC joue un rôle majeur dans la réduction des émissions de CO2.
Le Canada pourrait être le premier pays du monde à construire une centrale, une usine de valorisation du bitume ou une autre installation commerciale qui met en valeur des énergies fossiles et qui est équipée pour capter et stocker le CO2 qu’elle produit. L’industrie et les gouvernements devraient collaborer à la mise en place des conditions fi nancières et de la réglementation nécessaires pour favoriser le déploiement du CSC.
L’industrie, pour sa part, fera un investissement considérable et risqué dans la construction et l’exploitation des premières installations de CSC. Ce rôle lui revient, mais elle a besoin du soutien de l’État et d’un investissement public dans cette technologie et cette infrastructure essentielles. Les gouvernements apportent déjà leur aide sous plusieurs formes, notamment en fi nançant quelques-unes des études préliminaires, mais ils doivent aussi participer au fi nancement des projets pour accélérer le développement et le déploiement du CSC.
Le Groupe de travail estime qu’un investissement public de 2 G$ est nécessaire pour combler le manque à fi nancer des projets de CSC de la première phase, qui permettront de réduire les émissions de CO2 de 5 Mt/an en 2015, ce qui équivaut à éliminer les émissions de 1,4 million de véhicules chaque année au Canada. Outre les projets de la première phase (qui devraient être opérationnels en 2015), le Groupe de travail envisage la nécessité d’une aide supplémentaire de l’État pour soutenir les activités de CSC en attendant que le marché du carbone se soit développé ou que la réglementation ait évolué au point de combler suffi samment le coût différentiel du CSC.
Cet investissement public initial est majeur mais important, car il permettra plus rapidement au Canada de réaliser des réductions d’émissions de GES à l’échelle industrielle (au moyen du CSC) tout en demeurant compétitif dans un monde sous contrainte carbone.
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L’avenir des énergies fossiles au Canada: La voie à suivre pour le captage et le stockage du carbone
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