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Biodiversité, conservation et bien-être des peuples autochtones

Au Canada et dans le monde entier, les aires protégées et les mesures de conservation ont souvent été inspirées par des visions du monde non autochtones, qui considèrent l’environnement naturel comme un milieu où le contact avec les humains est limité. Cette approche a contribué à appauvrir les peuples autochtones, qui ont également dû faire face à des problèmes socio-économiques complexes. La santé, les moyens de subsistance et le bien-être des Autochtones étant intrinsèquement liés à la santé de la nature, des changements transformateurs étaient alors nécessaires pour restaurer et protéger la nature de manière à renforcer également la santé et le bien-être des peuples autochtones.

Faits essentiels sur les forêts du Canada et les peuples autochtones

Au Canada, près de 5 % de la population s’identifie comme autochtone, et près de 70 % d’entre eux vivent sur des terres forestières ou à proximité.

La culture et l’économie de plus de 200 groupes linguistiques sont fortement liées au territoire.

Lorsque les populations locales sont habilitées à aménager et restaurer les forêts, celles-ci sont plus résilientes, ont des effets positifs sur la biodiversité et procurent des avantages socio-économiques pour les communautés.

Les forêts résilientes sont capables de résister ou se régénérer rapidement après une perturbation ou face à de nouvelles conditions.

Au cours des deux dernières décennies, un vent de changement a soufflé avec une plus grande reconnaissance et des engagements en faveur de la réconciliation et du respect des droits des Autochtones au Canada dans le cadre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et à la suite de la création de la Commission de vérité et réconciliation (CVR). En réponse aux appels à l’action, la DNUDPA est devenue une loi en 2021 et stipule que « les peuples autochtones ont droit à la préservation et à la protection de leur environnement et de la capacité de production de leurs terres ou territoires et ressources » (article 29.1).

Parallèlement, des efforts ont été déployés pour atteindre les objectifs internationaux en matière de conservation, tels que ceux définis dans la Convention sur la diversité biologique (CDB). Le Canada s’est également engagé à lutter contre le changement climatique. Il a été reconnu que la conservation, la protection et la restauration de la nature sont les meilleures solutions fondées sur la nature pour atténuer leurs effets et que la collaboration avec les peuples autochtones est essentielle dans cette entreprise. Le gouvernement du Canada ayant pour objectif de désigner 25 % du territoire comme espace protégé d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030, il est essentiel, pour atteindre ces objectifs ambitieux, de promouvoir la conservation menée par les Autochtones et de trouver de nouveaux modes de collaboration.

Aires protégées et de conservation autochtones : une nouvelle voie pour promouvoir la conservation et la réconciliation menées par les Autochtones au Canada

En 2017, des représentants des gouvernements autochtones, des aînés et un éventail d’utilisateurs du territoire ont ajouté leur voix pour établir le Cercle d’experts autochtones dans le but de définir de nouvelles initiatives de conservation dirigées par les Autochtones : les Aires protégées et de conservation autochtones (APCA). L’objectif était de promouvoir et d’inspirer le leadership autochtone pour la prise de décisions en matière de conservation des terres et des eaux, mais aussi de reconnaître et aborder les conséquences de la colonisation en termes de gestion des parcs et des aires protégées. Par conséquent, les APCA visent à combler de multiples lacunes en plus des objectifs de conservation, comme la nécessité de faire avancer les mesures de réconciliation et de créer une collaboration, un respect et un partage entre les cultures autochtones et occidentales. Les APCA contribueront alors à faire progresser les efforts de conservation d’un point de vue autochtone et à restaurer les systèmes de connaissances autochtones qui ont été historiquement ignorés et parfois criminalisés.

Cette image montre trois cercles concentriques représentant ce qui est une zone aire protégée et de conservation autochtoneindigène protégée et conservée (APCA). Le cercle intérieur comporte montre une icône l’image d’un environnement naturel forestier avec un plan d’eau et représente l’APCA elle-même sur le territoire. Les cercles du milieu et de l’extérieur comportent plusieurs mots représentant les valeurs et les systèmes autochtones (droits, justice, bien-être, langue, histoire, connaissances, éducation et leadership sur le cercle du milieu, et économie, réconciliation, terre et eau, spiritualité, culture et social sur le cercle de l’extérieur). Les mots du cercle extérieur sont reliés par des flèches qui montrent qu’ils sont tous interconnectés. Il y a également cinq zones de texte à côté des cercles concentriques décrivant les APCA et leurs objectifs.

Les objectifs d’une APCA sont multiples et visent à restaurer et à préserver le leadership autochtone, leur environnement, leur culture et leurs systèmes de connaissances. (L’image a été modifiée à partir de Mansuy et coll., soumis.)

 

Renforcer les initiatives de conservation menées par les Autochtones

Le Canada possède l’une des plus grandes masses continentales et l’une des plus grandes populations indigènes du monde. Les APCA peuvent donc contribuer de manière significative à la conservation de l’environnement et de la culture des peuples autochtones. Pour soutenir ces efforts de conservation, le gouvernement du Canada a mis en place le Programme des Gardiens autochtones qui fournit des fonds aux peuples autochtones pour qu’ils exercent un plus grand leadership et une meilleure intendance dans la protection et la conservation de leurs territoires traditionnels. Depuis 2018, trois APCA terrestres, Saoyú-ʔehdacho, Thaidene Nëné et Ts’udé Nilįné Tuyeta, ont été officiellement établies en vertu de la Loi sur les aires protégées. Elles sont toutes situées dans les Territoires du Nord-Ouest et ont une superficie totale de 24 715 km2, soit la superficie du lac Winnipeg. Dans le budget 2021, le gouvernement du Canada a annoncé jusqu’à 100 millions de dollars sur cinq ans (2021-2026) pour soutenir les initiatives nouvelles et existantes de Gardiens autochtones et pourrait positionner le Canada comme un leader de la conservation dirigée par les Autochtones. À ce jour, plus de 50 communautés autochtones à travers le pays ont reçu des fonds pour établir des APCA ou pour entreprendre des travaux de planification et d’engagement préliminaires qui pourraient déboucher sur des APCA supplémentaires.

La collaboration est essentielle à la protection des milieux naturels au Canada

Les APCA n’en étant qu’à leurs débuts, il existe une opportunité unique de combiner les connaissances et l’expertise des communautés avec la science occidentale pour protéger et restaurer des écosystèmes résilients. Le Service canadien des forêts (SCF), de concert avec Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et Parcs Canada, travaille avec les dirigeants et les universitaires autochtones pour soutenir les efforts de conservation menés par les communautés et les Autochtones afin d’atteindre ces objectifs. Parmi les exemples d’engagement, citons la collaboration avec la Première Nation Dene Tha’, située sur le Traité 8 dans la province de l’Alberta, et l’Université de l’Alberta, afin de s’assurer que les efforts de conservation sont mis en œuvre dans le respect des valeurs et du mode de vie autochtones. L’Université de l’Alberta dirige également le projet Ărramăt, auquel participent plus de 150 organisations autochtones du monde entier et qui suit les principes de réciprocité, de reconnaissance et de réconciliation.

La collaboration est essentielle pour rapprocher les différents systèmes de connaissances et les différentes visions des écosystèmes et des services écologiques qu’ils fournissent. Compte tenu des différentes valeurs et utilisations du territoire, la collaboration entre les multiples intervenants et utilisateurs du territoire est également importante pour développer des approches plus globales et interdisciplinaires. Les approches globales considèrent que la conservation de la biodiversité et le bien-être humain sont interdépendants et égaux et sont donc essentielles pour obtenir les multiples avantages des APCA (écologiques, socio-économiques et culturels). Face au changement climatique et aux modifications rapides de l’utilisation des terres, la collaboration avec les Peuples autochtones est fondamentale pour développer des approches adaptatives qui intègrent les multiples services et valeurs des écosystèmes dans la gestion de la conservation. Alors que la nécessité de protéger la biodiversité devient de plus en plus urgente, il est également nécessaire de promouvoir le rôle des Peuples autochtones en tant qu’intendants du territoire et de soutenir diverses mesures de conservation menées par les Autochtones.

Cette image présente deux photos, la première montrant trois aînés autochtones discutant autour de cartes dans un environnement naturel et la seconde montrant un caribou portant un collier capté par une caméra installée sur les terres de la Première Nation Dene Tha’ pour surveiller la population et les déplacements des caribous. Cette image présente également l’interface d’une application (l’application Guardians Field Survey App [v.1.0]). L’interface présente différentes parties où les utilisateurs peuvent saisir ou visualiser des informations (technicien, informations sur les commanditaires et le projet, classification des paysages, connaissances traditionnelles, science occidentale et équipement, préoccupations relatives à l’environnement et aux droits issus de traités et enregistrement photographique et audio). L’interface montre également une carte avec l’emplacement et les coordonnées spécifiées.

La science occidentale et les connaissances traditionnelles sont combinées dans le projet d’APCA du lac Bistcho, mené par la Première Nation Dene Tha’ en collaboration avec la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP). Cette collaboration a abouti au développement d’une application dans le cadre du programme Gardiens autochtones (Guardians Field Survey App), qui permet de localiser et de classer les connaissances traditionnelles dans une base de données géographiques. Ce projet a été financé par le Programme des Gardiens d’ECCC et du SCF. (L’image a été modifiée à partir de Mansuy et coll., soumis. Les photos sont une gracieuseté de la Première Nation Dene Tha’)

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