Répercussions sur les écosystèmes forestiers
Les forêts canadiennes abritent des milliers d’espèces d’insectes et de pathogènes. À l’échelle du pays, leur occurrence varie d’un endroit à l’autre selon le type de forêt.
L’écologie de ces organismes diffère également. Ainsi, certaines espèces d’insectes se nourrissent exclusivement du feuillage d’une essence particulière, tandis que d’autres s’alimentent uniquement sous l’écorce d’arbres vivants. Les peuplements attaqués par des pathogènes forestiers peuvent présenter divers symptômes (p. ex. pourriture foliaire, pourridié, chancres, etc.).
Certains arbres sont suffisamment vigoureux pour résister à de telles attaques et se rétablissent sans présenter de séquelles importantes, mais les sujets plus âgés ou affaiblis peuvent y succomber. En général, plus l’infestation est grave, plus les arbres, même les sujets les plus sains, risquent d’être affectés.
Répercussions écologiques des insectes et pathogènes indigènes
Les insectes et pathogènes indigènes jouent un rôle essentiel dans les chaînes trophiques et le cycle des éléments nutritifs; dans ce processus, ils affectent la santé des forêts.
Alors que certains insectes et pathogènes indigènes réduisent les valeurs de la forêt, d’autres rendent divers services écologiques, comme la pollinisation et la décomposition. Même certains insectes indigènes considérés nuisibles contribuent à la création de conditions favorables à la régénération et à la croissance des forêts.
Par exemple, les infestations du dendroctone du pin ponderosa tuent généralement les plus vieux et plus gros arbres, mais les arbres plus jeunes qui survivent à l’attaque ont tendance à croître plus rapidement. Les épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette sont un autre exemple. L’insecte cible les essences de plus petite taille comme le sapin baumier, contribuant ainsi à éclaircir le peuplement, ce qui, en retour permet aux espèces plus longévives comme les épinettes d’atteindre la position dominante.
Toutefois, lorsqu’une grave infestation ou épidémie incriminant un insecte ou un pathogène indigène se déclare dans un habitat restreint ou vulnérable et que la gravité dépasse la limite historique, la santé écologique de cet habitat peut être compromise.
Menace posée par les insectes et pathogènes exotiques
Les insectes et pathogènes exotiques constituent une source de préoccupation particulière pour les gestionnaires forestiers. Comme ces organismes ne sont pas indigènes, il est difficile de prévoir comment l’écosystème forestier dans lequel ils se propagent va réagir à cette nouvelle perturbation. Même les répercussions bénéfiques habituelles des infestations d’organismes indigènes sur les écosystèmes forestiers peuvent ne pas se concrétiser.
Heureusement, dans la plupart des cas, les espèces exotiques sont incapables de s’adapter à leur nouvel environnement et ne parviennent pas à s’établir ou à se propager sur un vaste territoire. Leurs effets négatifs s’en trouvent alors réduits d’autant et sont souvent même imperceptibles.
Toutefois, il arrive qu’une espèce parvienne à s’établir et à se propager rapidement dans son environnement d’adoption pour infliger des dommages considérables aux arbres. Cette situation peut se produire lorsque l’insecte ou le pathogène envahissant ne compte aucun ennemi naturel capable de freiner sa propagation ou lorsque les arbres et autres organismes hôtes ne présentent aucune résistance naturelle contre ce nouvel envahisseur.
Depuis les années 1880, plus de 80 insectes et pathogènes exotiques importants ont été introduits au Canada, et plusieurs d’entre eux ont infligé des dommages considérables aux forêts canadiennes. Voici quelques exemples :
- Maladie hollandaise de l’orme : introduite au Canada en 1940 environ, cette maladie a décimé les populations d’orme d’Amérique, jadis l’une des essences les plus fréquemment plantées comme arbre d’ombrage en Amérique du Nord.
- Agrile du frêne : ce coléoptère a tué des millions de frênes en Ontario et au Québec depuis son introduction en Amérique du Nord au cours des années 1990. Un impact caché des méfaits du ravageur est la perte de patrimoine génétique unique associé aux populations de chacune des espèces de frênes indigènes.
- Spongieuse : cette espèce exotique envahissante originaire d’Asie a causé périodiquement des dommages considérables en Ontario, au Québec et dans les provinces Maritimes au cours du 20e siècle. Elle est considérée comme l’un des plus importants défoliateurs des feuillus en Amérique du Nord.
Voici un bref aperçu des répercussions que peuvent avoir les insectes et les pathogènes sur les écosystèmes forestiers :
Répercussions positives
Les insectes et pathogènes forestiers :
- contribuent à la régénération des forêts en éliminant les arbres surannés, affaiblis ou vulnérables pour diverses autres raisons;
- participent à la formation des sols en assurant la dégradation des arbres morts et des autres matières végétales et le recyclage des éléments nutritifs;
- procurent de nouveaux habitats et des sources de nourriture aux espèces sauvages;
- jouent le rôle d’agents de pollinisation.
Répercussions négatives
Les insectes et pathogènes forestiers :
- causent une perte d’accroissement radial et une réduction de la croissance en hauteur, des pertes de volume, le dépérissement des peuplements et des malformations;
- en infligeant de tels dommages, ils peuvent tuer des arbres, voire des peuplements entiers;
- en provoquant la mort de nombreuses forêts, ils peuvent entraîner le déplacement d’essences existantes.
Changements climatiques et activité des ravageurs forestiers
Certains spécialistes des écosystèmes forestiers considèrent les changements climatiques comme une perturbation susceptible d’affaiblir les forêts indigènes (en provoquant des sécheresses, par exemple) et d’accroître de façon générale leur vulnérabilité aux attaques des ravageurs. Les nouvelles conditions engendrées par les changements climatiques pourraient également rendre les forêts canadiennes plus hospitalières pour un plus grand nombre d’espèces envahissantes.
Les chercheurs du SCF s’emploient à déterminer si les changements climatiques et autres changements anthropiques affectant les forêts y ont entraîné une aggravation des perturbations occasionnées par les insectes et pathogènes indigènes.
À cet égard, une question cruciale consiste à savoir si une telle aggravation des perturbations peut miner la résilience des écosystèmes forestiers et compromettre leur capacité de se rétablir après d’importantes infestations ou épidémies.
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