Gestion des feux
Tout comme les feux de végétation font partie intégrante de la forêt, la gestion de ces feux fait partie intégrante de l’aménagement forestier.
La gestion des feux de végétation comprend la planification des feux, la prévention de ces feux et la lutte contre ces feux afin de protéger les personnes, les biens et les ressources forestières. Elle implique aussi le recours aux feux visant à atteindre des objectifs en matière d’exploitation forestière, de faune et d’utilisation des terres.
Un changement d’attitude
Au Canada, les attitudes envers les feux de végétation ont grandement changé avec les années. Durant une grande partie du XXe siècle, le but était d’éteindre les feux de végétation (activité appelée suppression des feux). Cette méthode, souvent coûteuse, était généralement efficace, mais se faisait au détriment des valeurs écologiques.
Durant les années 1970, les avantages écologiques des feux de végétation ont été de plus en plus reconnus. Comme l’ont constatée les aménagistes forestiers, la suppression des feux n’était pas toujours nécessaire ou souhaitable. De nos jours, cette gestion comporte divers degrés de suppression des feux, allant de l’extinction complète à une intervention minimale à aucune intervention.
La décision de lutter contre un feu de végétation ou de le laisser brûler de manière naturelle est fondée sur la hiérarchie des priorités établie par l’organisme gouvernemental responsable de la gestion de ces feux à l’endroit où ils surviennent. Dans la plupart des forêts canadiennes, des organismes provinciaux et territoriaux sont responsables de la gestion des feux de végétation, alors que des organismes gouvernementaux fédéraux interviennent dans les parcs nationaux et les bases militaires.
Les zones de première priorité en matière de protection contre les feux de végétation comprennent les zones résidentielles, les forêts commerciales de grande valeur et les sites récréatifs. Les sites à faible priorité sont en général des parcs sauvages et des forêts éloignées à valeur économique limitée — quoique la protection des habitats rares, des zones importantes sur le plan culturel et d’autres valeurs semblables influera sur les décisions relatives à la suppression des feux de végétation.
La trousse d’outils du gestionnaire des feux de végétation
Durant les dernières décennies, les chercheurs canadiens ont grandement bonifié les connaissances sur les feux de végétation. Les données obtenues fournissent aux aménagistes forestiers un éventail d’outils servant à l’évaluation du risque de feu de végétation, à la prévision de ces feux et à l’intervention en cas de feux, si besoin est.
- Le Système canadien d'information sur les feux de végétation (SCIFV) fournit des données et des cartes sur les conditions propices aux risques de feu de végétation à l’échelle nationale. Les organismes responsables de la gestion de ces feux, les entreprises forestières et les chercheurs utilisent aussi de plus en plus la Méthode canadienne d'évaluation des dangers d'incendie de forêt (MCEDIF) pour estimer le rôle et les répercussions des feux de végétation sur les écosystèmes forestiers.
- L’aménagement forestier durable nécessite l’analyse de divers facteurs pour l’évaluation des options et des répercussions possibles des feux de végétation sur diverses valeurs forestières, dont l’approvisionnement en bois, les possibilités récréatives et les habitats fauniques. La Méthode d'évaluation de la menace d'incendie de forêt (MEMIF) sert à évaluer et cartographier les quatre composantes principales du risque de feu de végétation : l’allumage, les valeurs en péril, la capacité de suppression de ces feux et le comportement prévu de ces feux. La MEMIF permet de classer globalement la menace de feu, ce qui aide les aménagistes forestiers à déterminer dans quelle mesure les décisions relatives à l’utilisation des terres affectent la menace de feu dans une région donnée.
- Le Service canadien des forêts a mis au point une série de modèles et d’applications concernant les feux de végétation. Les outils de modélisation vont des prévisions horaires de la propagation des feux dans les peuplements forestiers à des évaluations de la vulnérabilité des paysages aux feux durant plusieurs saisons de feux, voire durant de nombreuses années. Ces outils aident les gestionnaires des feux de végétation à prendre des décisions judicieuses à l’égard de la manière d’affecter les ressources de lutte contre les feux de végétation et de l’endroit pour le faire.
Par exemple, le Modèle canadien des effets du feu (CanFIRE) peut servir à la prévision du comportement d’un feu de végétation en cours. Cette prévision aide les autorités à planifier les tactiques quotidiennes de suppression des feux de végétation. Le Système d'analyse probabiliste des feux (SAPF) est un modèle de la propagation des feux de végétation à long terme qui prévoit la distance sur laquelle un tel feu se propagerait si on le laissait se propager durant des semaines, voire des mois. Il permet de calculer la probabilité qu’un feu se propage de même que la probabilité qu’un feu persiste jusqu’à ce qu’il soit éteint de façon naturelle par la pluie ou la neige. - D’autres ressources importantes pour les gestionnaires des feux de végétation comptent les programmes conçus pour inciter les individus, les entreprises et les collectivités à participer à la gestion des feux de végétation.
Par exemple, l’initiative FireSmart® (en anglais seulement) comprend un programme de réduction du risque de feu de végétation qui s’adresse aux entreprises forestières. Elle présente les mesures d’exploitation (concernant la programmation de la récolte, le déboisement, le tracé des chemins forestiers, la régénération et les activités de soins culturaux) qui réduiront le risque de dommages associé aux feux de végétation non désirés. Ces mesures visent aussi à réduire le risque associé au brûlage dirigé.
Le brûlage dirigé
Les aménagistes forestiers ont parfois recours au brûlage dirigé pour éliminer les accumulations de charges de combustibles dans les superficies forestières. Un brûlage planifié et contrôlé est appelé « brûlage dirigé »; il constitue un outil de gestion polyvalent, souvent utilisé pour réduire le risque qu’un grand feu de végétation incontrôlable éclate.
Les grands feux sont responsables de la majeure partie des superficies brûlées au Canada et présentent le risque le plus élevé pour les biens, la santé et la sécurité des Canadiens.
Le brûlage dirigé est aussi employé dans l’amélioration des habitats fauniques ou pour l’atteinte d’autres objectifs en matière de gestion des ressources.
Relever les défis ensemble
Les aménagistes forestiers cherchent à atteindre un équilibre entre les avantages écologiques des feux de végétation et le besoin de protéger la sécurité et les biens des personnes ainsi que les ressources forestières. Les Canadiens constatent de plus en plus qu’il est impossible sur le plan économique et non souhaitable sur le plan écologique de supprimer l’ensemble des feux de végétation.
En vue d’établir une approche équilibrée, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont élaboré la Stratégie canadienne en matière de feux de forêt, qui prépare l’avenir en matière de gestion des feux de végétation. Elle renferme des mesures visant la réduction du risque de feu de végétation et l’amélioration de la préparation, de l’intervention et de la capacité de rétablissement en cas de feux de végétation.
La gestion des feux de végétation s’avère une grande responsabilité, et la lutte contre de tels feux peut être coûteuse. Heureusement, les organismes responsables de l’aménagement forestier au Canada font bonne figure en matière de collaboration et sont bien organisés pour relever les défis de l'avenir.
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