Écologie des feux
Le feu est un élément vital et naturel des forêts canadiennes. Nombre de plantes et d’animaux en dépendent pour leur survie.
Comprendre l’interaction entre le feu et la santé de l’écosystème aide les organismes de gestion des feux remde végétation à trouver un équilibre entre la suppression des incendies et le maintien de la santé des paysages. Les écologistes du feu étudient la façon dont les feux de végétation :
- influencent les schémas et processus écologiques;
- influencent la régénération forestière;
- peuvent servir d’outil de restauration écologique.
La diversité de la forêt boréale canadienne est principalement le résultat des nombreux feux qui se sont produits dans le paysage sur une longue période.
La forêt boréale : une forêt façonnée par les feux
La forêt boréale canadienne est une mosaïque d’espèces d’arbres et de peuplements. Sa composition varie : peuplements de feuillus purs, peuplements mixtes de feuillus et de conifères, peuplements de conifères purs, etc. Les feux de forêt, principalement provoqués par la foudre, influencent la dynamique de la végétation à tous les niveaux, soit :
- les espèces;
- la structure des peuplements;
- les combustibles;
- le paysage.
Dans la forêt boréale, les feux varient en fréquence, en intensité, en gravité, en taille et en forme, et ce, selon la saison. Ces caractéristiques ont un effet sur la végétation qui se régénère. Les changements dans la structure des forêts influencent les déplacements des populations d’animaux sauvages, lesquels ont besoin de nourriture et d’abris. La pyrodiversité rompt l’uniformité de l’écosystème et, par conséquent, favorise et entretient la biodiversité des espèces.
Réactions de certaines espèces boréales aux feux de végétation
Les feux de végétation ont un impact sur la structure, la croissance et le renouvellement de nombreux écosystèmes forestiers et de prairie du Canada. Les espèces d’arbres réagissent différemment à ces feux.
Après un feu, la forêt commence à se régénérer en établissant les espèces pionnières telles que :
- le tremble (Populus spp.);
- le bouleau à papier (Betula papyrifera);
- le pin gris (Pinus banksiana);
- le pin tordu latifolié (Pinus contorta var. latifolia).
Toutes ces espèces ont besoin d’un ensoleillement total pour se développer. Chacune d’elles est bien adaptée aux paysages où les feux reviennent régulièrement.
Le tremble et le bouleau peuvent se rétablir rapidement en poussant à partir de souches et de racines d’arbres brûlés. De plus, ces espèces recolonisent les sites incendiés en produisant abondamment des graines qui peuvent être emportées par le vent sur de longues distances.
Le pin gris et le pin tordu latifolié dépendent du feu pour se régénérer. Leurs cônes sérotineux (protégés par une couche de cire) ont besoin d’une chaleur extrême pour libérer leurs graines. Les feux créent des conditions favorables à la germination de ces graines, soit :
- en libérant des éléments nutritifs dans le sol;
- en mettant à nu le sol minéral;
- en éliminant des espèces concurrentes;
- en augmentant l’exposition du sol forestier à la lumière du soleil.
L’épinette noire (Picea mariana) a des cônes semi-sérotineux et peut s’établir dans une zone qui a été touchée par un feu. Cependant, l’espèce pousse lentement en plein soleil. Par conséquent, si un feu ne se reproduit pas sur une période de 100 ans, les arbres pionniers finissent par mourir et sont remplacés par l’épinette noire, qui pousse dans le sous-étage. D’autres espèces d’arbres tolérantes à l’ombre s’établissent ensuite.
Les espèces telles que le sapin baumier (Abies balsamea), l’épinette blanche (Picea glauca) et le thuya occidental (Thuja occidentalis) ne sont pas adaptées au feu. Elles colonisent les zones brûlées grâce aux graines transportées par le vent ou par les animaux depuis les zones non brûlées. Le sapin baumier et le thuya occidental sont rares dans les zones brûlées à plusieurs reprises ou dans celles où le feu a été important, car les incendies rendent leur croissance difficile. Ces espèces peuvent mettre beaucoup de temps à réapparaître après un feu, voire parfois jusqu’à 150 ans.
Régime des feux
Le régime des feux désigne le patron global des caractéristiques des feux de végétation à travers le temps, notamment l’occurrence et l’intensité. Dans certains écosystèmes, il s’agit d’un élément fondamental de la régénération forestière.
À l’heure actuelle, les changements climatiques et l’augmentation de l’empiètement sur les milieux périurbains modifient le régime des feux au Canada.
- Val-Paradis : 25 ans après le feu (2023)
- Restaurer les services écosystémiques forestiers grâce à l’écologie basée sur les caractéristiques (2024) [en anglais seulement]
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