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Une année record pour cette espèce invasive en Ontario

Juin 2021

Vous l’entendrez peut-être avant de la voir, en raison du bruit de « plip, plip, plip » causé par les excréments de chenille tombant du couvert d’arbres. Regardez vers le bas et vous devriez les voir : des grappes de chenilles duveteuses partout, sur les troncs des arbres et sur le sol à vos pieds. C’est la lymantria dispar, communément appelée spongieuse. Et il semble bien que 2021 sera une année charnière pour cette espèce invasive dans le sud de l’Ontario.

 
Une chenille duveteuse ayant cinq paires de points bleus et six paires de points rouges sur le dos, en train de manger une feuille.

La lymantria dispar : En grandissant, la chenille développe un motif distinct composé de cinq paires de points bleus et de six paires de points rouges sur son dos. Elle est recouverte de longs poils duveteux.

Selon le scientifique Chris MacQuarrie du Centre de foresterie des Grands Lacs du Service canadien des forêts (SCF), situé à Sault Ste. Marie, c’est une des espèces que nous pensons voir dans les forêts de l’Ontario et du Québec, car une éclosion plutôt importante s’est produite cette année. M. MacQuarrie est membre de l’équipe d’écologie et de gestion des espèces invasives depuis 2010. « Aucune éclosion aussi grande n’a été vue depuis les années 1980, mais cette situation fait maintenant partie de la gestion des forêts prévue dans le sud de l’Ontario », a-t-il ajouté.

Une personne enlève les chenilles d’un arbre, en les grattant et en les faisant tomber dans une chaudière d’eau savonneuse.

Un propriétaire enlève les chenilles d’un arbre, en les grattant et en les faisant tomber dans une chaudière d’eau savonneuse.

Le plan maison : votre premier moyen de défense

Vous pouvez tout de suite protéger vos précieux arbres et aider à gérer l’éclosion chez vous. D’ici juillet, il sera trop tard.

Le premier moyen de défense est relativement simple : vous n’avez besoin que de toile de jute et d’eau savonneuse. Lorsque vous verrez ces chenilles dans votre cour, entourez le tronc de l’arbre d’une bande de jute. Lorsque les chenilles descendront des arbres pendant la journée, elles se cacheront dans le jute. Chaque soir, faites-les tomber dans une chaudière d’eau savonneuse.

Si les chenilles sont déjà devenues des insectes ailés, il est trop tard pour s’en débarrasser cette année.

Cependant, M. MacQuarrie indique que vous pouvez tout de même aider à contrôler la population en prévision de l’an prochain. L’espèce n’a que deux semaines pour se reproduire et pondre les œufs de la saison suivante. Cherchez des amas d’œufs; ils ont l’air de masses poilues couleur brun clair, un peu comme de la vieille sève collante. Grattez-les et écrasez-les, ou submergez-les dans une chaudière d’eau savonneuse.

La lymantria dispar est régie par la Division de la santé et de la production des végétaux de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, qui avise les Canadiens de ne pas déplacer le bois de chauffage d’un endroit à un autre parce que des espèces invasives de toutes sortes voyagent souvent sur les produits du bois.

 
Forêt dont plusieurs arbres portent les signes des dommages causés par les chenilles.

Une chenille peut manger un mètre carré de feuillage; une armée de chenilles peut dénuder un arbre en quelques jours.

Les espèces invasives s’adaptent aux conditions du Canada

L’insecte n’est pas originaire de l’Amérique du Nord. Il a tout d’abord été accidentellement introduit il y a plus de 150 ans par un entomologiste français qui souhaitait le croiser avec le ver à soie. Rapidement, il est devenu bien établi et connu pour son côté destructeur ainsi que sa capacité à s’établir partout. Cet insecte se nourrit des feuilles et des aiguilles des chênes, des trembles et de nombreux autres arbres.

Une chenille peut manger un mètre carré de feuillage; une armée de chenilles peut dénuder un arbre en quelques jours.

Les éclosions se produisent généralement au bout de deux à quatre ans. Deux agents pathogènes naturels – un virus appelé NPV et un champignon appelé Entomophaga (ou « mangeur d’insectes ») – peuvent tuer les chenilles et contribuer à endiguer les éclosions. Cependant, certaines collectivités et certains propriétaires fonciers arrosent les zones infestées avec une bactérie présente à l’état naturel (le Btk, ou Bacillus thuringiensis variant kurstaki), pour empêcher les arbres de mourir et atténuer les impacts de l’éclosion.

Les chercheurs du SCF continuent de surveiller cette éclosion. Comme les conditions climatiques et météorologiques changent, la dynamique des éclosions pourrait en faire autant. « Si elles commencent effectivement à changer, le SCF travaillera avec ses partenaires pour découvrir ce qui se passe. Il pourrait être bon d’élaborer de nouvelles tactiques et d’élaborer de nouvelles stratégies de gestion pour aider à contrôler la chenille », a affirmé M. MacQuarrie.

Il est difficile de prévoir avec certitude ce qui se passera l’an prochain. Par exemple, alors qu’en 2021 on ne parle que de la spongieuse, en 2017, il n’était question que de la livrée des forêts. Le changement constant fait partie du merveilleux monde de la nature.

Pour de plus amples renseignements

Sites à découvrir :

Pour en savoir plus sur les travaux de recherche de Chris MacQuarrie, consultez le site Google Scholar (en anglais seulement)
Fiche de renseignements sur la lymantria dispar (spongieuse)
Webinaire du Centre sur les espèces envahissantes concernant la spongieuse (en anglais seulement)
Page de l’Agence canadienne d’inspection des aliments sur la spongieuse européenne
Publications du Service canadien des forêts 
Renseignements sur la spongieuse

Article :

Protéger les forêts du Canada contre des visiteurs indésirables – les ravageurs

Balado :

L’éradication du longicorne asiatique

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