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Un nouvel outil pour évaluer le risque sismique au Canada

Qu’arriverait-il si un tremblement de terre se produisait dans votre région? Une équipe de Ressources naturelles Canada a quelques réponses à ce sujet. Elle a réalisé la mise en forme des données pour un nouvel outil de planification en ligne – le RiskProfiler —, qui permet d’effectuer une analyse des dommages, blessures et coûts financiers que risque de générer un séisme donné. Les conséquences d’un tel événement pourraient en effet être colossales.

Juin 2023

Jetons un coup d’œil à ce qui pourrait se produire si un séisme dévastateur survenait dans l’Est canadien – disons un séisme de magnitude 5 près de Montréal, au Québec. La terre pourrait trembler de Kitchener (Ontario) à Rimouski (Québec), mais le séisme causerait des dommages surtout à Montréal, où 20 à 30 bâtiments risqueraient de s’écrouler. Jusqu’à 100 personnes pourraient perdre la vie, tandis que les pertes financières pourraient atteindre 11 milliards de dollars. Ces précieuses données ont toutes été calculées et synthétisées par la plateforme RiskProfiler.

Images des dommages causés à une route, à un pont et à une église par un séisme survenu dans la région de Val-des-Bois (Québec).

Dommages structuraux causés par le séisme de magnitude 5 survenu en 2010 dans la région de Val-des-Bois (Québec), moins de 100 kilomètres au nord d’Ottawa.

Des tremblements de terre ont déjà secoué ces régions

Ce scénario n’est pas impossible. En 1732, un séisme dévastateur s’est en effet produit très près de l’île de Montréal. Et plusieurs tremblements de terre majeurs ont frappé à 360 kilomètres de là, dans la zone sismique de Charlevoix, au bord du fleuve Saint-Laurent, au nord-est de la ville de Québec. En 1663, un tremblement de terre d’une magnitude d’environ 7,5 a été ressenti dans tout l’est de l’Amérique du Nord, provoquant d’importants glissements de terrain et aplanissant pratiquement une chute sur la rivière Saint-Maurice. Or, le niveau de destruction possible dans cette région est aujourd’hui nettement supérieur : à l’époque, la région était en majeure partie sauvage et donc peu peuplée, tandis que maintenant, la vallée du Saint-Laurent regorge de gens et d’infrastructures développées.

Photo d’une grange inclinée sur une terre agricole dévastée par un glissement de terrain; photo aérienne d’un glissement de terrain de 400 mètres.

Le séisme de magnitude 5 qui a secoué la région de Val-des-Bois en 2010 a déclenché des glissements de terrain.

Première plateforme de ce genre au Canada, RiskProfiler permet aux utilisateurs d’explorer les risques éventuels liés aux tremblements de terre avec une étonnante précision et dans un format convivial. Elle produit des estimations dont les collectivités et les pouvoirs publics ont grandement besoin pour se préparer et établir des plans en prévision de futurs séismes. La plateforme permet également d’étudier les facteurs qui influent sur le risque sismique (p. ex. les types de bâtiments qui subiraient des dommages), ce qui aide les décideurs à orienter les mesures de réduction du risque.

Des conséquences énormes

« Nous aidons les gens à mieux comprendre le problème en jeu », indique Philip LeSueur, ingénieur en géologie à RNCan, qui étudie les causes des tremblements de terre et les risques que ceux-ci présentent pour la société. « Les séismes ont d’énormes conséquences – blessures, décès dommages, coûts financiers. Si les planificateurs et les pouvoirs publics connaissent les risques courus, ils peuvent prendre des décisions éclairées sur les mesures à déployer pour gérer ces risques de façon plus efficace. Nous leur donnons un outil dont ils peuvent se servir. »

Analyse des risques liés à un tremblement de terre de magnitude 5 près de Montréal, fournie par RiskProfiler.

Analyse des risques liés à un tremblement de terre de magnitude 5 près de Montréal, fournie par RiskProfiler.

Quelles sont les probabilités?

Il y a deux façons d’évaluer les risques de survenue d’un tremblement de terre. La plupart des gens savent que l’on peut recourir à des scénarios pour mieux comprendre les impacts possibles d’événements particuliers, comme l’exemple de Montréal donné plus haut. Mais RNCan se penche également sur le risque sismique probabiliste.

« C’est un concept plus abstrait, mais tout aussi important parce qu’il permet d’évaluer le risque de survenue d’un événement grave, explique Philip. L’analyse probabiliste du risque sismique nous aide à comprendre les conséquences éventuelles des tremblements de terre au fil du temps. Les données qu’elle fournit aident les chercheurs et les planificateurs à savoir où les impacts d’un tremblement de terre risquent d’être le plus lourds. « Autrement dit, si une personne promène son chien dans un parc et est frappée par la foudre, on parle d’un scénario, mais si on dit que moins d’une personne sur un million risque d’être foudroyée une fois dans sa vie, alors là on parle d’un risque probabiliste. » 

Pour les spécialistes de l’analyse du risque et de l’urbanisme, les deux types d’informations – les scénarios et les risques probabilistes – sont importants. L’équipe responsable du risque sismique à RNCan a passé plus de deux ans à créer le RiskProfiler et plus de cinq à évaluer le risque sismique au Canada. Ses membres établissent des projections à partir des phénomènes sismiques passés et du séisme maximum probable. Ils fondent aussi leurs estimations sur des modélisations de l’exposition des bâtiments au risque sismique et de la vulnérabilité des structures à l’échelle nationale. 

Des risques sismiques étonnants 

Vous pourriez être étonnés d’apprendre que, selon les projections de RNCan, les dommages associés au risque sismique dans l’est du Canada sont aussi importants que dans l’ouest, quand on tient compte des bâtiments et autres structures qui prennent de l’âge. On a beau parler souvent des lignes de faille impressionnantes de la côte ouest, l’est du pays court à peu près autant de risques, car les zones sismiques y sont plus proches de secteurs achalandés. De plus, les bâtiments et les infrastructures y sont moins résistants aux tremblements de terre que dans l’ouest, car ils sont généralement plus vieux et faits de matériaux qui se comportent moins bien lors de séismes.

RiskProfiler recense entre autres scénarios un séisme de subduction de magnitude 9,0 le long de la faille de Cascadia en Colombie-Britannique, un séisme de magnitude 5,5 près d’Ottawa et un séisme de magnitude 7,4 le long de la faille de Denali au Yukon.

RiskProfiler a été conçu pour répondre aux besoins des urbanistes et des gestionnaires de services d’urgence, mais il est accessible à tout le monde. C’est donc une véritable percée, puisque c’est la seule plateforme d’analyse du risque sismique accessible au public à l’échelle nationale au Canada, et qu’il y a plus de données et d’outils de calcul que jamais.

Et ce n’est qu’un début. « Par ce vaste plan de réduction des sinistres, nous aspirons à comprendre les risques associés à tous les aléas au pays : inondations, feux de forêt, ouragans, tornades, etc., précise Philip. RiskProfiler serait un outil très puissant – la table est mise maintenant pour une stratégie qui tiendrait compte du risque associé à plusieurs aléas afin de s’aligner sur des objectifs de sécurité publique plus généraux. »

RiskProfiler a été conçu par la Commission géologique du Canada de RNCan en partenariat avec plusieurs organisations : Sécurité publique Canada, la Global Earthquake Model Foundation, le Centre canadien de cartographie et d’observation de la Terre de RNCan, la Direction des risques, de l’adaptation et des opérations de RNCan, le Bureau d’assurance du Canada, l’Institut de prévention des sinistres catastrophiques, Recherche et développement pour la défense Canada, l’Assemblée des Premières Nations, le Ralliement national des Métis, l’Institut canadien des urbanistes et Finances Canada.  

Informations complémentaires : 

RiskProfiler  

Séismes Canada 

Informations générales sur des tremblements de terre 

Les zones sismiques dans l’Est du Canada  

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