Récits du territoire : Noms de lieux autochtones au Canada
Une équipe spéciale a passé au peigne fin des milliers de possibilités dans plus de 70 langues autochtones différentes de presque tous les coins du Canada afin de mettre à jour la Carte des noms de lieux autochtones en y ajoutant 125 nouvelles entrées.
Juin 2022
Que signifie un nom? La plupart d’entre nous connaissent déjà la réponse à cette question : beaucoup de choses! Prenez l’exemple de ces trois communautés : Coquitlam, Saskatoon et Kanata. Il s’agit de trois emplacements géographiques considérablement différents au Canada, mais ils ont au moins une chose en commun : ils sont tous des noms de lieux autochtones. Cette année, la Carte interactive des noms de lieux autochtones au Canada comportera 125 nouvelles entrées pour coïncider avec le 125e anniversaire de la Commission de toponymie du Canada (CTC), un organisme fédéral-provincial-territorial soutenu par Ressources naturelles Canada (RNCan).
« Il est très gratifiant de savoir que les données avec lesquelles nous travaillons proviennent de gens et qu’elles sont utilisées par des gens, alimentant tellement de relations avec la terre, vos voisins, votre propre identité », indique la chef de projet, Sarah Bannon. « Une personne peut s’identifier aux noms de lieux, peu importe ses antécédents, son identité ou son âge. Les noms de lieux nous entourent constamment et on les utilise tous les jours. »
Sarah fait partie d’une équipe du Centre canadien de cartographie et d’observation de la terre (CCCOT) de RNCan responsable de la mise à jour et de la gestion de toutes les données géospatiales pour la Base de données toponymiques du Canada. Cette équipe procède aussi à des recherches documentaires sur les histoires et langues autochtones, les mines de données, les ensembles de données et prépare les méthodes pour extraire l’information de la base de données. Il s’agit d’une tâche colossale qui comprend l’examen des dossiers de plus de 20 000 noms de lieux avec des origines dans la vision du monde des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Certains des dossiers remontent aux années 1800, lorsque la CTC a été établie. La base de données nationale des noms continue d’être mise à jour régulièrement avec des noms récemment approuvés.
La plupart des gens sont familiers avec des cartes qui comportent des noms de lieux et renseignements reconnaissables au sujet des entités, routes, frontières, et parfois même des zones climatiques. Cette carte est différente. Elle n’affiche que des noms de lieux autochtones; indique la langue autochtone utilisée; présente l’orthographe traditionnelle dans la langue d’origine; et donne la signification du mot. Elle comporte aussi des noms autochtones qui ont remplacé les noms des pionniers et les noms de caractéristiques qui n’ont, jusqu’à présent, jamais eu de nom officiellement enregistré.
Version textuelle
Communauté | Coquitlam | Saskatoon | Kanata |
---|---|---|---|
Langue : | Hul’q’umi’num’ / Halq'eméylem / hən̓q̓əmin̓əm | Cri | Wendat |
Dialect Signification : | De « kwikwitlem », peut se traduire par petit saumon rouge | Version anglicisée du mot cri pour l'amélanche, « misâskwatômina » |
Une agglomération ou un regroupement de huttes |
Type d'entité : | Ville | Ville | Lieu non organisé |
Année d’officialisation | 1891 | 1966 |
Certains noms autochtones sont déjà bien connus, comme Wasaga Beach, Niagara Falls, Kluane et Québec. « Les gens disent souvent qu’ils n’avaient aucune idée que ces noms étaient autochtones » précise Sarah. Mais la carte comporte aussi des entrées inconnues, comme :
- le lac Pekwachnamaykoskwaskwaypinwanik au Manitoba : il s’agit d’un nom cri qui signifie « où les truites sauvages sont capturées en pêchant avec des hameçons ».
- Anhluut'ukwsim Laxmihl Angwinga'asanskwhl Nisga'a en Colombie-Britannique : un des noms de lieux les plus longs au Canada, un nom nisga’a et un autre nom du parc Nisga'a Memorial Lava Bed. C’est un parc commémoratif à la mémoire de 2 000 ancêtres Nisga'a qui sont enterrés sous la plus récente coulée de lave au Canada, vers 1750.
Carla Jack, une toponymiste principale du CCCOT — c’est-à-dire une personne qui étudie les noms de lieux — de la tribu Penelakut sur l’île de Vancouver en Colombie-Britannique, dirige le Groupe de discussion sur les noms géographiques autochtones pour le Groupe d’experts sur les noms géographiques des Nations Unies. Elle a travaillé en étroite collaboration avec des dirigeants autochtones pour accéder à ces renseignements importants et parfois sacrés, et les éditer. Il est important de s’assurer que les nouveaux noms de lieux reflètent avec précision les différentes collectivités, y compris leurs langues et emplacements. Cela signifie qu’il faut procéder à un contrôle de la qualité, une vérification des faits, revoir les données et communiquer avec des experts et détenteurs des connaissances pour s’assurer que les renseignements présentés sont non seulement précis, mais aussi appropriés.
« Je me souviens d’un des échanges les plus marquants que j’ai eus avec un dirigeant autochtone », se rappelle-t-elle. « Nous venions de terminer un projet pour rétablir les noms de la collectivité et le dirigeant de la collectivité s’est tourné vers moi et a dit : “ C’est la première fois que nous pouvons nous voir sur la carte de la Colombie-Britannique ”. C’était un moment très fort que je n’oublierai jamais. Jusqu’à ce moment-là, la collectivité avait été invisible sur les cartes du gouvernement. La valeur d’être reconnu dans votre propre langue sur une carte a tellement d’importance que c’est difficile de trouver les mots pour décrire l’expérience. »
Travailler pour élargir la connaissance des noms de lieux autochtones contribue à l’effort plus global de reconnaître le passé et de se réconcilier avec lui. De nombreux noms de lieux autochtones — et, avec eux, leurs liens profonds et significatifs avec l’identité, la culture, la langue et la terre — ont été écartés de force par les pionniers. Le rétablissement de ces noms est d’une grande importance, tout comme la valeur des langues autochtones en général : les Nations Unies ont déclaré 2022-2032 la Décennie internationale des langues autochtones.
Version textuelle
Communauté | Gid Gwaa GyaaGa GawGa | Parc national et réserve de parc national du Canada Kluane | Québec |
---|---|---|---|
Langue : | Xaayda Kil | ||
Signification : | Nom ancestral Xaayda Kil |
Grand corégone | Rétrécissement ou là où c’est bouché |
Type d'entité : | Baie | Zone de préservation | Ville |
Année d’officialisation : | 2022 | 2001 | 1968 |
Les ensembles de données du CCCOT sont disponibles sur le portail de données ouvertes. Vous pouvez en apprendre davantage au sujet des plus de 70 langues autochtones desquelles les noms découlent, dont bon nombre sont en péril ou découvrir quels noms de lieux sont utilisés près de chez vous. Vous pourriez même découvrir qu’un nom de lieu que vous utilisez tous les jours était à l’origine d’une langue autochtone.
Que vous vouliez vous plonger dans les données brutes ou tout simplement cliquer sur la Carte conviviale des noms de lieux autochtones, il s’agit d’une excellente ressource pour quiconque est curieux au sujet des cultures et langues autochtones.
Et tout comme les noms de lieux ne sont pas statiques et les paysages changent avec le temps, cette carte aussi changera alors que les données géospatiales qui la soutiennent continuent d’évoluer.
À découvrir :
Données sur les noms de lieux autochtones
Commission de toponymie du Canada
Récits du territoire : Noms de lieux autochtones au Canada
Noms de lieux autochtones de la Commission de toponymie du Canada
Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
Détails de la page
- Date de modification :