Prévoir les feux de forêt : un art et une science
Mai 2022
Lors d’une belle journée de printemps, il est parfois difficile de penser que nous vivons le calme avant la tempête… mais attendez! Si la saison des feux de végétation connaît au pays un début relativement timide, la situation pourrait changer pendant l’été, selon les prévisions saisonnières de l’équipe de recherche sur les feux de végétation de Ressources naturelles Canada.
Une science imparfaite
Faire des prévisions saisonnières des mois à l’avance est, dans une moindre mesure, un art, et, dans une très large mesure, une science. Personne ne le sait davantage que Richard Carr, analyste dans le domaine de la recherche sur les feux à RNCan.
« Il est difficile de prévoir à quoi ressemblera la saison des feux de végétation, car il y a tellement de variables aléatoires », indique Richard. « Les responsables de la gestion des feux de végétation – c'est-à-dire les spécialistes régionaux et locaux qui interviennent en cas de feux et s'emploient à gérer les ressources – comptent sur ces prévisions pour faciliter les prises de décisions à long terme. »
La technologie a évolué depuis que Richard a fait son entrée à RNCan dans un emploi d’été il y a 25 ans. À cette époque, il était l’un des deux météorologistes qualifiés sur place, si bien qu’on lui demandait souvent de faire des prévisions météo impromptues.
L’évolution : de la production ponctuelle de rapports d’information météorologique à la création d’une équipe vitale et en expansion
Ces rapports se sont révélés si utiles que le Centre interservices des feux de forêt du Canada a demandé des prévisions sur mesure pour faciliter la planification de ses travaux de préparation. Richard fait maintenant partie d’une équipe grandissante qui produit des prévisions hebdomadaires, mensuelles et saisonnières pendant la saison des feux du Canada, qui s’étend généralement d’avril à la fin de septembre.
Le processus débute dès février, alors que l’équipe commence à examiner divers facteurs environnementaux. Elle évalue la profondeur de la couverture de neige, estime à quel moment pourrait fondre la neige, évalue les conditions de sécheresse et calcule la quantité de précipitations tombées pendant l’hiver. Ces données lui donnent une idée de ce qui se passe au niveau du sol.
Les puissants effets des phénomènes El Niño et La Nina
L'équipe se penche également sur des phénomènes qui surviennent à haute altitude et tient compte des conditions climatiques et atmosphériques. Elle se demande, par exemple : « Sommes-nous dans une période El Niño ou La Niña? » D'intenses épisodes de l'un ou l'autre de ces phénomènes sont susceptibles d'accroître l'activité des feux au printemps dans l'Ouest canadien, tandis que d'autres types d'interactions océan-atmosphère peuvent exercer une influence sur le risque de feu dans d'autres régions du pays. En outre, les épisodes El Niño et La Niña ont généralement un impact sur la position et la force des courants-jets – ces étroites bandes de vents rapides qui circulent d'ouest en est d'un bout à l'autre du pays à plus de 10 kilomètres d'altitude. Ces vents puissants peuvent avoir une énorme incidence sur le climat, car ils séparent l'air froid de l'air chaud et déplacent les masses d'air.
Enfin, l’équipe intègre les prévisions de deux modèles climatiques conçus et exploités par Environnement et Changement climatique Canada, modèles qui utilisent des données sur l’état de l’atmosphère, sur les températures à la surface des océans et sur la glace de mer. Grâce à toutes ces données atmosphériques, les chercheurs canadiens œuvrant dans le domaine des feux de végétation ont une idée générale de la gravité des conditions météorologiques saisonnières propices aux incendies.
Mesure de l'impact sur l'être humain
Richard prend bien soin de souligner que, si les prévisions saisonnières de RNCan peuvent aider à prévoir la gravité des conditions météorologiques propices aux feux, elles ne permettent pas de déterminer le nombre de feux qu’il y aura dans une année donnée ni à quel point ces feux pourraient s’avérer dévastateurs.
En réalité, le déroulement de la saison des feux dépend en grande partie du comportement humain. Bien sûr, les feux de végétation sont souvent causés par la foudre, mais un peu plus de la moitié d’entre eux sont tout de même attribuables à l’activité humaine, comme l’utilisation imprudente de feux de camp, le fait de laisser des véhicules récréatifs au ralenti dans la végétation sèche ou celui de jeter des mégots de cigarettes.
Pour mettre les choses en perspective, disons que, même si les prévisions donnent à penser que la situation pourrait
« devenir brûlante » cet été, chaque saison des feux comporte des risques.
« Des feux se produisent même durant les saisons moyennes, et le risque de voir éclater des feux dévastateurs est toujours présent », admet Richard. On a la technologie et les données scientifiques qu'il faut pour fournir des prévisions sur la saison des feux, mais on ne peut pas prédire avec exactitude comment la saison se déroulera. Personne ne le peut. »
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