Les sismologues à l’écoute des tremblements dans leurs sous-sols et dans leurs cours
Juillet 2020
Par Vanessa Greebe, conseillère en communication, Communications scientifiques – Région du Pacifique
Andrew Schaeffer, sismologue à la Division du Pacifique de la Commission géologique du Canada, s’ennuie de ses collègues, certes, mais son équipe et lui n’ont jamais cessé de surveiller l’activité sismique au Canada depuis qu’ils ont commencé à travailler de la maison à la mi-mars.
« C’est assez étonnant de voir ce qu’il est possible de faire quand il faut penser vite en ces temps sans précédent, lance Andrew. Mais notre travail ne peut s’arrêter. »
Des outils de travail qui s’apportent difficilement à la maison
Andrew et certains de ses collègues de RNCan ont déjà, dans leur sous-sol ou dans leur cour, des sismomètres de calibre scientifique connectés en réseau, pour des tests ou dans le cadre d’un réseau de recherche en cours. Quelques petits appareils sont également situés dans des maisons privées dans le sud de l’île de Vancouver, à Ottawa et à Gatineau. Par contre, l’installation à grande échelle de sismomètres de la taille d’un petit piano à queue en milieu urbain n’est pas une sinécure.
Sur appel en tout temps
Les scientifiques continuent de travailler à distance, loin des deux laboratoires nationaux de sismologie dont l’un est situé au Centre géoscientifique du Pacifique à Sidney, en Colombie-Britannique, et l’autre, à Ottawa, en Ontario.
Le télétravail fait partie de leur vie quotidienne. En effet, deux sismologues en service se partagent la tâche en étant sur appel en tout temps une semaine à la fois. Ils utilisent un téléphone cellulaire réservé à cet effet, qui sonne à toute heure du jour ou de la nuit lorsqu’un séisme de magnitude 4 et plus est enregistré. Un séisme de cette magnitude est assez fort pour être ressenti par tout le monde ou presque : la vaisselle peut tomber des tablettes et les vitres, éclater. De nuit comme de jour, le sismologue de garde lance une alerte en cas de séisme d’importance dans sa région et répond aux appels des gestionnaires des services d’urgence, des hauts fonctionnaires et des journalistes.
Avez-vous dit Marie Kondo?
Le télétravail a ses bons côtés. « Étonnamment, la situation liée à la COVID-19 a été bénéfique pour les sismologues, affirme Andrew. Nous avons remarqué une nette diminution du bruit sismique produit par l’homme — moins de circulation automobile, moins de gens qui se déplacent — ce qui a “Marie Kondoé” (ou désencombré) nos données. » Les sismomètres captent toutes les vibrations du sol, pas seulement celles qui relèvent de phénomènes naturels. Il est donc plus facile en ce moment de détecter les séismes de faible magnitude qui sont habituellement masqués par les bruits urbains. Ces événements peuvent ensuite être ajoutés aux ensembles de données pour être étudiés plus tard.
Les Canadiens peuvent être assurés que notre réseau de surveillance sismique ainsi que les sismologues responsables de déclencher des alertes en cas de séisme potentiellement dangereux demeurent pleinement opérationnels. Cela dit, certaines tâches ne peuvent être effectuées qu’au bureau. « Le travail pratique s’accumule et m’attend au bureau. Aussi, les contacts en personne me manquent vraiment », admet Andrew.
N’est-ce pas le cas pour nous tous?
J’aimerais un Raspberry Shake…
Récemment, des membres de l’équipe sismique ont ajouté des sismomètres amateurs à leur arsenal scientifique maison, notamment des sismomètres Raspberry-Pi, de la taille d’une carte de crédit, qui sont faciles à installer. Grâce à un petit ordinateur monocarte, le Raspberry Shake permet aux amateurs de surveiller les séismes de la maison en ouvrant une session en ligne pour consulter l’activité sismique sous leurs pieds et aux emplacements des autres Raspberry Shake dans le monde.
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