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Le mystère du village disparu

Par Joe McKendy
Le 17 janvier 2018

Le savoir traditionnel, la science et l’histoire s’accordent au sujet des grands séismes de la côte ouest.

Jusqu’au milieu des années 1980, les scientifiques n’étaient pas certains que la Colombie-Britannique eût déjà été le théâtre d’un séisme de subduction de l’ampleur de ceux qui entraînent les pires dévastations sur terre et causent les tsunamis.

Grâce, en partie, à des récits oraux et écrits, nous savons aujourd’hui qu’un séisme d’une telle ampleur s’est produit au large de l’île de Vancouver, entraînant la rupture, jusqu’au nord de la Californie, d’une faille de subduction. Qui plus est, nous en connaissons la date et l’heure exactes : c’était le 26 janvier 1700 à 21 h, heure normale du Pacifique.

Ces récits sont d’une grande importance, car ils nous ont permis de comprendre que des séismes de subduction massifs ont frappé ce littoral à intervalles de 250 à 850 ans. M. John Cassidy, sismologue à Ressources naturelles Canada, nous dit à ce sujet : « Ce cycle en est dans sa trois-cent-dix-huitième année, et les données modernes obtenues par GPS confirment qu’il s’emmagasine de l’énergie présentement et que cette énergie causera un autre séisme. »

Les récits japonais

Plusieurs récits au Japon datant de 1700 font état d’un « tsunami orphelin », c’est-à-dire de la présence de vagues de grande ampleur, mais sans secousse sismique. « Un tsunami a frappé Kuwagasaki vers minuit … l’eau a entièrement détruit 13 maisons et a causé des incendies qui en ont détruit 20 autres », selon un document. Le séisme a aussi naufragé un navire et endommagé des entrepôts de riz.

À partir des hauteurs des vagues et des heures de survenue consignées dans ces documents, des spécialistes des tsunamis et des sismologues ont travaillé à rebours pour conclure que le tsunami a été causé par un séisme de magnitude de 8,7 à 9,2 au large de l’île de Vancouver.

Les récits des habitants de l’île de Vancouver

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Les traces laissées par un tsunami sous formes de couches dans le sol sur la côte ouest de l’île de Vancouver

Les témoignages japonais concordent parfaitement avec ce que nous savons aujourd’hui des séismes de subduction et avec les récits que se transmettent depuis des générations les Autochtones de l’île de Vancouver. On y parle d’un village côtier disparu du jour au lendemain.

« Ils n’eurent pratiquement aucun moyen ni le temps de se sauver », dit un conteur. Je pense que c’était la nuit où la terre a tremblé. Je pense qu’une grande vague a déferlé sur la plage. Les gens de la baie de Pachena ont péri. »

« Cela a commencé au milieu de la nuit, nous dit un autre, les secousses étaient si fortes que les gens en étaient malades. Leurs maisons ont été jetées à terre et d’énormes masses de roches ont dévalé des montagnes. »

Les données des fouilles

Le travail de terrain traditionnel livre d’autres indices. Un scientifique de Ressources naturelles Canada, Peter Bobrowski, a creusé des tranchées avec ses collègues sur la côte ouest de l’île de Vancouver : ils ont trouvé les signes certains d’un abaissement du sol, allant jusqu’à un mètre, causé par des séismes de subduction. Des fragments de bois préservés dans le sol témoignent d’une dévastation des marais côtiers par un tsunami.

De même, l’excavation d’un marais a révélé la présence d’une couche formée d’un même matériel végétal et recouverte d’une couche de sable. Les tsunamis déversent d’énormes quantités de sable sur le littoral, recouvrant ainsi un marais, lequel réapparaît peu à peu. Plus les scientifiques creusent, plus ils trouvent de couches dans le sol.

La radiodatation a permis de confirmer l’âge des fragments de bois et des végétaux des marais et donc d’ajouter de nouveaux éléments de solution à l’énigme sismique. Nous avons là, en quelque sorte, un enregistrement de l’histoire sismique. On en tire une idée des événements et de leur fréquence. Des couches comme celles-ci apparaissent tout le long de la côte de l’île de Vancouver, de l’État de Washington, de l’Oregon et de la Californie.

Le pourquoi de la recherche

« Toute cette information historique, combinée avec nos données sismiques modernes et celles que nous procure le GPS, sous-tend les modèles nationaux de prévision des aléas sismiques qui servent au Code national du bâtiment du Canada », indique M. Cassidy.

« Je suis allé au Chili après le séisme de subduction de magnitude 8,8 qui s’est produit là-bas en 2010, raconte-t-il. Les dommages causés par le tsunami dans nombre de collectivités côtières étaient incroyables. Fait tout aussi incroyable, presque tous les habitants ont survécu, car ils savaient à quoi s’attendre et ils savaient quoi faire lorsque s’arrêtaient les secousses : se réfugier en terrain élevé. Ils avaient de 15 à 20 minutes pour ce faire.

« Pour ma part, j’ai été très effrayé par les répliques sismiques, qui se sont poursuivies pendant des semaines… en séries parfois presque ininterrompues. J’ai trouvé fort encourageant de voir à quel point les bâtiments modernes, conçus selon des normes modernes, tenaient le coup : des vies ont ainsi été sauvées, des collectivités ont été épargnées. Voilà très exactement l’objet de notre recherche sur les séismes et sur l’ingénierie antisismique. »

 


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