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Des semences performantes

Le Centre national de semences forestières

Par Joe McKendy
Le 21 Mars 2018

En quête d’une essence d’arbre bien adaptée au climat en pleine évolution de sa région, une scientifique du nord de l’Ontario a jeté son dévolu sur le vigoureux pin gris. En Alberta, un autre scientifique a choisi le même arbre, mais pour la réhabilitation d’un site d’exploitation des sables bitumineux.

Tous deux devaient d’abord se procurer des semences. Rien de bien compliqué, vous dites-vous : il suffit d’aller à la pépinière du coin ou de commander d’un catalogue en ligne, non?

Eh bien non! S’ils avaient choisi cette voie, nos deux scientifiques auraient pu se retrouver avec des semences dont le taux de germination n’aurait pas dépassé 1 ou 2 %. Et même si leurs semences avaient germé puis avaient été plantées, elles n’auraient pas nécessairement produit un arbre en bonne santé.

Heureusement, ces scientifiques s’étaient procuré leurs semences de pin gris auprès d’une source fiable : le Centre national de semences forestières, situé à Fredericton et géré par Donnie McPhee.

De l’importance du lieu de « naissance »

Les semences du Centre national de semences forestières ont un « pedigree ». Technicien en génétique forestière, M. McPhee sait exactement où elles ont été récoltées. Il connaît même leurs coordonnées GPS. Cette information l’aide à déterminer quelles autres régions ont la combinaison de sols et de conditions climatiques dont ces semences ont besoin pour donner des arbres en bonne santé. C’est donc une information vitale.

« Il y a tellement de diversité génétique dans nos arbres que si je vous expédie des semences de pin gris provenant de cinq lots différents [un lot est constitué de semences issues d’un même arbre], peut-être qu’un seul des lots fera l’affaire, explique M. McPhee. Si la semence a été récoltée dans le sud de l’Ontario mais est plantée dans le nord de l’Ontario, le résultat risque d’être décevant. »

Bien dorlotées, les semences durent des décennies

Qui plus est, ces semences sont cultivées avec amour. Pour qu’elles restent propres et saines, le Centre les conditionne et les entrepose dans des conditions soigneusement calibrées de température, de lumière et d’humidité. Les taux de germination de ces semences bichonnées dépassent souvent les 90 %.

La quasi-totalité des semences sont entreposées dans des pots Mason avec un siccatif à -20 °C, où elles peuvent être viables pendant des décennies. Ainsi, des semences de pin gris, d’épinette blanche, d’épinette noire et de pin rouge entreposées depuis 40 ou 50 ans ont eu des taux de germination de plus de 80 %. Pour s’assurer de la viabilité des semences, le personnel du Centre procède à des essais sur chaque lot tous les 10 ans.

Pourquoi conserver des semences aussi longtemps? Pensez aux frênes, qui meurent à un rythme affolant depuis plus de 15 ans à cause de l’agrile du frêne, un insecte envahissant. Pour l’instant, il semble impossible d’enrayer ce déclin. Mais si un jour l’agrile disparaît ou si nous trouvons une façon de le maîtriser, une bonne provision de semences de frêne sera essentielle à la réintroduction de cet arbre.

Des semences pour la recherche concernant les changements climatiques et la réhabilitation de terrains

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Graines de frêne noir

Le Centre national de semences forestières conserve une centaine de lots de semences récoltées un peu partout au pays pour chacune de ses quelque 150 essences d’arbres. À l’instar des scientifiques qui expérimentent avec le pin gris, bon nombre des clients du Centre font de la recherche sur les changements climatiques ou sur la réhabilitation de terrains.

Un exemple de recherche sur les changements climatiques a trait à la migration assistée, qui consiste à relocaliser des espèces dans des régions où le climat leur sera favorable. Selon M. McPhee, il est généralement admis que la migration naturelle de certaines essences d’arbres sera trop lente pour suivre le rythme des changements climatiques. Cette incapacité des arbres de s’adapter assez rapidement à l’évolution du climat a de sérieux impacts sur la croissance et la composition des forêts.

Embryons de semences et recherche sur l’ADN

En plus de fournir des semences, le Centre explore de nouveaux champs de recherche. Tannis Beardmore, Ph. D., dirige un projet de recherche sur le noyer cendré, ou arbre à noix longues, qui a été pratiquement décimé en Amérique du Nord par une maladie fongique et qui est sérieusement menacé d’extinction. En entreposant des tissus de cet arbre à -196℃, le Centre espère préserver l’espèce à long terme pour soutenir de futures opérations de conservation.

Sans peur et sans prix

Aider à préserver les forêts de demain n’est pas le seul aspect de son travail qui passionne Donnie McPhee : le travail de terrain qu’il fait depuis plus de 30 ans l’oblige parfois à grimper aux arbres pour récolter des graines. « Dans les pins ou les pruches de grande taille, les semences se trouvent à la cime de l’arbre… et nous n’avons pas d’hélicoptères », précise-t-il. Or, les arbres mûrs peuvent atteindre des hauteurs de 50 mètres, l’équivalent d’un édifice de 15 étages.

Melissa Spearing, qui participe à l’exploitation d’une pépinière en Ontario, a travaillé comme bénévole au Centre pendant cinq semaines. Elle nourrit une passion non seulement pour la génétique et la conservation des semences, mais aussi pour le Centre lui-même : « Sa collection est inestimable. C’est un monument national vivant, capable de nous aider à faire face aux feux de forêt, aux épidémies de ravageurs et aux changements climatiques. On peut ressusciter ses semences sur commande quand on en a besoin. »

 

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