Le système d’alerte sismique précoce donne à des millions de gens une chance de se protéger
Novembre 2025
La Science simplifiée, Ressources naturelles Canada
Saviez-vous qu’il y a plus de 5 000 tremblements de terre au Canada chaque année? La plupart sont sans gravité : seulement une cinquantaine produisent des secousses assez fortes pour qu’on les remarque, et ils sont encore moins nombreux à causer des dommages. Un séisme qui provoque d’importantes secousses peut cependant être dangereux.
Imaginez recevoir une alerte quelques secondes avant un tremblement de terre. Grâce à cette information, vous pourriez rapidement vous baisser, vous abriter et vous agripper – histoire de vous protéger contre les débris souvent projetés lors des séismes – et des mesures de sécurité publique pourraient être déployées à grande échelle instantanément, p. ex. alertes publiques, fermeture des accès aux ponts, arrêt des trains et basculement sur l’alimentation de secours dans les salles de chirurgie des hôpitaux.
Une station d’ASP dans un endroit isolé au Québec.
Un système d’alerte sismique précoce fait au Canada
Le système d’ASP a des avantages immédiats et peut sauver des vies. « Le système national d’ASP émettra une alerte précoce quelques secondes voire quelques dizaines de secondes avant le séisme, indique Alison Bird, sismologue à Ressources naturelles Canada (RNCan). Ce préavis peut sembler court, mais c’est suffisant pour se protéger et éventuellement limiter les dégâts. »
Alison fait partie d’une petite équipe de scientifiques et de techniciens motivés qui – avec l’aide des provinces, des territoires, des municipalités, des peuples autochtones, des exploitants d’infrastructures essentielles et d’autres partenaires – a mis au point le système d’ASP pour les régions du pays les plus sujettes aux séismes. Le système est composé de réseaux régionaux de plus de 400 capteurs sismiques. À l’aide d’un logiciel de pointe automatisé et des toutes dernières technologies, il permet d’estimer rapidement l’intensité potentielle d’un séisme et de transmettre automatiquement des alertes de secousses imminentes.
Deux employés de RNCan – Lisa Nykolaishen et Mingzhou Li – en route pour installer des stations d’ASP dans la région de la côte nord de la Colombie-Britannique, où plusieurs emplacements sont accessibles uniquement par hélicoptère.
Principales zones sismiques du Canada y compris l’est de l’Ontario et le sud du Québec
« Il y a des risques sismiques importants le long de la rivière des Outaouais et de la voie maritime du Saint-Laurent, affirme Alison. Et même si les séismes dans ces secteurs ont souvent une magnitude inférieure à ceux de la Colombie-Britannique, ils peuvent causer des dégâts considérables, surtout aux ouvrages de maçonnerie plus anciens et aux structures mal renforcées. De plus, comme la croûte terrestre est plus dense dans l’est, les ondes sismiques conservent leur vigueur sur de plus grandes distances et, par conséquent, se font sentir sur une plus grande superficie. En fait, le risque sismique est à peu près le même à Montréal qu’à Vancouver. »
L’un des plus anciens séismes violents recensés est celui de magnitude 7 qui a frappé la région de Charlevoix le 5 février 1663 en soirée : on a signalé alors que des cheminées, des murs de maçonnerie et des maisons avaient été endommagés au Québec et en Nouvelle-Angleterre, et que les secousses avaient été ressenties dans tout l’est de l’Amérique du Nord. Si un séisme d’une telle intensité se produisait aujourd’hui, le système d’ASP nous donnerait de précieuses secondes de préavis : environ 25 secondes pour Québec, 55 secondes pour Trois-Rivières, 80 secondes pour Fredericton et 90 secondes pour Montréal – ce qui laisserait le temps de déployer des mesures de protection des populations et des infrastructures essentielles dans toutes ces villes.
Comment fonctionne le système
Les tremblements de terre libèrent une énergie qui traverse la surface de la Terre dans toutes les directions sous forme d’ondes sismiques, un peu comme les ondes sonores ou les ondulations sur un étang. Les premières ondes détectées (les ondes P) se déplacent rapidement. Elles sont suivies par des ondes secondaires (ondes S), qui sont plus lentes, mais causent souvent beaucoup plus de dégâts.
Pour détecter ces ondes, le système d’ASP utilise des capteurs – qui font chacun la taille d’une boîte à chaussures. Les capteurs détectent les premières ondes P qui partent de l’hypocentre d’un tremblement de terre, puis transmettent immédiatement un signal à des centres de données. À l’aide d’un logiciel de la Commission géologique des États-Unis qui a fait ses preuves en Californie, en Oregon et dans l’État de Washington et a été adapté pour le Canada, le système analyse les données sismiques reçues pour déterminer l’origine et la magnitude du tremblement de terre et estimer l’intensité potentielle des secousses. Les capteurs peuvent détecter d’importants tremblements de terre avec une rapidité telle (en quelques secondes à peine) qu’il devient possible d’alerter un grand nombre de personnes avant l’arrivée des ondes S.
Les tremblements de terre libèrent une énergie qui traverse la Terre sous forme d’ondes sismiques. Des capteurs sismiques détectent le premier flux d’énergie libéré par un tremblement de terre, c’est-à-dire les ondes P, qui causent rarement des dommages. Ils transmettent cette information à des centres de données, où un ordinateur calcule la localisation et la magnitude du tremblement de terre ainsi que les secousses attendues dans la région. Grâce à cette méthode, on peut obtenir un préavis de quelques secondes ou dizaines de secondes avant l’arrivée des ondes S (secondaires), qui causent le plus de dégâts.
Des alertes automatisées pour sauver des milliers de vies
Quelques secondes de préavis, c’est suffisant pour se baisser, s’abriter et s’agripper ou, si on est au volant, se ranger sur l’accotement et s’immobiliser.
À plus grande échelle, le système d’ASP contribue également à la protection des bâtiments, des services publics et des infrastructures. « Grâce à ce système, les exploitants d’infrastructures essentielles peuvent mettre en place des technologies qui permettent de déclencher automatiquement des mesures de protection en cas d’alerte », explique Alison. Les alertes sismiques précoces pourraient activer automatiquement un vaste éventail de systèmes de sécurité des infrastructures, notamment pour :
- faire ralentir ou arrêter les trains
- empêcher la circulation d’accéder aux ponts et aux tunnels
- dérouter les aéronefs pour les faire atterrir ailleurs
- avertir les chirurgiens de suspendre les opérations
- fermer les soupapes de gaz
- ouvrir les portes de garage des casernes de pompiers et des garages d’ambulances
Récentes alertes sismiques précoces
Le système a été utilisé en février 2025 pour prévenir la population au nord de Vancouver de l’imminence d’un séisme d’une magnitude supérieure à 5. Le système entièrement automatisé a fonctionné exactement comme prévu : il a détecté le séisme, évalué les répercussions potentielles et avisé le Système national d’alertes au public, qui a ensuite émis une alerte via les téléphones cellulaires et les chaînes de radio et de télévision pour informer les citoyens dans les zones touchées de prendre les mesures nécessaires pour se protéger.
Carte de la zone d’alerte sismique précoce lors du séisme en février 2025.
La question n’est pas de savoir si, mais plutôt quand
Pour que les alertes sismiques précoces donnent les résultats voulus, il faut que les gens puissent y réagir avec sang-froid, dans le calme.
« Il ne s’agit pas seulement d’avertir les citoyens, mais aussi de s’assurer qu’ils savent quelle est la meilleure façon de réagir en cas d’alerte, précise Alison. Il est parfois difficile de penser calmement dans des situations stressantes et, trop souvent, les gens quittent les immeubles de façon précipitée, par instinct de survie. C’est malheureusement l’une des pires choses à faire en cas de séisme. En appliquant la méthode « se baisser, s’abriter, s’agripper », comme durant la simulation du mois d’octobre La Grande Secousse du Québec / ShakeOut, les gens acquièrent les réflexes nécessaires pour se protéger durant un tremblement de terre. »
Chaque seconde compte
Les séismes en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec ont souvent tendance à se produire à proximité de centres habités, ce qui signifie que, pour les populations locales, le délai d’alerte est parfois de quelques secondes seulement. Il est donc possible que les lieux situés près de l’épicentre du séisme (qui se trouvent dans la « zone d’alerte tardive ») ne reçoivent l’alerte qu’après le début des fortes secousses.
Le délai d’alerte dépend de plusieurs facteurs, notamment la distance par rapport au séisme et le mode de réception de l’alerte : sur votre appareil mobile personnel ou sur les ondes d’une chaîne de radio ou de télévision publique. Plus vous êtes loin de l’épicentre, plus ce délai sera long.
Ce que vous pouvez faire
Si vous habitez dans l’une des zones sismiques du Canada et recevez une alerte d’un système d’ASP, présumez toujours que des secousses sont imminentes et prenez immédiatement des mesures pour vous protéger. N’oubliez pas ce conseil tout simple : vous devez vous baisser, vous abriter et vous agripper et attendre 60 secondes une fois les secousses terminées.
Pour en savoir plus sur les mesures à prendre en cas d’alerte, pour vous renseigner sur les programmes d’alerte provinciaux et territoriaux ou pour vérifier si vous pouvez recevoir les alertes du Système national d’alertes au public sur votre téléphone cellulaire, visitez En alerte.