La technologie nucléaire au Canada
La technologie nucléaire caractérise les grands pays industrialisés du monde. Le Canada a élaboré avec succès un programme nucléaire basé sur un réacteur unique à eau lourde et à uranium naturel appelé CANDU. Celui-ci utilise des canaux de combustible sous pression plutôt qu’un réservoir sous pression, de l’uranium naturel plutôt que de l’uranium enrichi ainsi que de l’eau lourde comme modérateur et réfrigérant plutôt que l’eau ordinaire comme dans les réacteurs à eau sous pression. Le système de rechargement est également unique en son genre, puisque les réacteurs CANDU peuvent être rechargés à pleine puissance.
Le gouvernement fédéral finance la recherche et développement dans le domaine nucléaire depuis plus de 50 ans. Son soutien a permis au Canada de développer sa propre technologie nucléaire et des technologies connexes.
Le Canada a donc mis au point une technologie de niveau mondial et diverses technologies nucléaires dérivées dont les avantages pour l’économie et la société canadiennes vont bien au-delà de la simple production d’énergie. La principale réalisation découlant des efforts de R et D du gouvernement est indéniablement le réacteur CANDU.
En plus de servir à la production d’électricité, la technologie nucléaire engendre également des bénéfices dans d’autres domaines, comme la production d’isotopes médicaux, utilisés en santé pour le diagnostic et le traitement de certaines maladies. Des compagnies canadiennes sont d’importants fournisseurs mondiaux d’isotopes médicaux. Le Canada fournit également 75 % du cobalt 60 utilisé dans le monde pour stériliser 45 % des fournitures médicales jetables.
Le programme de R et D du Canada axé sur le nucléaire a généré – et génère toujours – d’importantes retombées sociales, économiques et industrielles associées à la production écologique et rentable d’électricité, mais aussi aux applications dérivées dans les domaines de la médecine, de l’agriculture, de la fabrication et de l’utilisation des ressources. De plus, il a permis aux scientifiques canadiens de contribuer à l’avancement de la science fondamentale, en particulier dans les domaines de la physique et de la science des matériaux.
L'industrie nucléaire canadienne et ses retombées économiques
La filière nucléaire canadienne regroupe des entreprises du secteur privé et des organismes du secteur public tant au fédéral qu’au provincial. Elle couvre tout le cycle du combustible nucléaire, de la R et D au déclassement de centrales, en passant par l’extraction de l’uranium, la fabrication du combustible, la conception de réacteurs, la construction et l’entretien de centrales et la gestion des déchets. L’industrie canadienne de l’énergie nucléaire est principalement concentrée en Ontario, mais elle est également présente en Saskatchewan, au Québec et au Nouveau-Brunswick.
Des 22 réacteurs de puissance construits au Canada, 19 sont actuellement exploités à des fins commerciales. Dix-huit des 19 réacteurs nucléaires de puissance se trouvent en Ontario et l’autre au Nouveau-Brunswick. Le Québec a décidé de fermer sa centrale nucléaire en décembre 2012.
Centrale nucléaire | Province | MWé | Date de mise en service | Exploitant |
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Pickering A | Ontario | 4 x 515 | 1971-73 | OPG |
Pickering B | Ontario | 4 x 516 | 1983-86 | OPG |
Darlington | Ontario | 4 x 881 | 1990-93 | OPG |
Bruce A | Ontario | 4 x 750 | 1977-79 | Bruce Power |
Bruce B | Ontario | 4 x 860 | 1984-87 | Bruce Power |
Gentilly 2 | Québec | 1 x 635 | 1983 | Hydro Québec |
Point Lepreau | Nouveau-Brunswick | 1 x 635 | 1983 | NB Power |
Source: RNCan
L’énergie nucléaire est la deuxième source de production d’électricité sans émission au Canada. En 2014, l’énergie nucléaire a fourni environ 16 % du total des besoins en électricité du Canada (près de 60 % en Ontario), contribuant de façon importante aux objectifs relatifs aux changements climatiques et aux émissions dans l’atmosphère. L’Ontario investira 25 milliards de dollars au cours de 2016 à 2031 pour prolonger la durée de vie de 10 réacteurs nucléaires afin de maintenir la capacité de production de l’énergie nucléaire à 9,9 gigawatts électriques (GWe). L’utilisation continue de l’énergie nucléaire en Ontario permettra d’éviter le rejet d’environ 30 millions de tonnes par année de dioxyde de carbone ou 3,8 % des émissions prévues en 2030 (comparativement au gaz naturel).
L’industrie nucléaire canadienne participe de façon importante à l’économie du Canada en contribuant au PIB, aux recettes publiques et à l’emploi. Près de 200 entreprises fournissent des produits ou des services aux sociétés de services publics et à l’industrie nucléaire élargie. Bien que l’industrie soit concentrée en Ontario, en Saskatchewan, au Nouveau-Brunswick et au Québec, la recherche et le développement nucléaires ont été entrepris dans neuf provinces et 37 établissements partout au pays. Les données les plus récentes ont indiqué que l’industrie nucléaire au Canada fournit plus de 30 000 emplois directs.
Les avantages pour l’économie et la société canadiennes du programme canadien d’énergie nucléaire vont bien au-delà de la simple production d’énergie. Ainsi :
- l’industrie génère des revenus de plus de 6 milliards de dollars par année (cela comprend la valeur de l’électricité d’origine nucléaire produite, ce qui représente environ 5 milliards de dollars par année et plus de 1 milliard de dollars par année en exportations d’uranium). Ces chiffres ne tiennent pas compte des avantages de la technologie nucléaire pour la santé et l’environnement;
- les exportations d’uranium annuelles du Canada ont un contenu énergétique équivalant à environ 1 milliard de barils de pétrole, ce qui est comparable aux exportations de pétrole du Canada en 2015;
- le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux tirent de cette industrie des recettes fiscales d’environ 1,5 milliard de dollars;
- des compagnies canadiennes sont d’importants fournisseurs mondiaux d’isotopes médicaux. Le Canada fournit normalement environ 75 % de l’approvisionnement mondial en cobalt 60 utilisé pour stériliser 45 % des fournitures médicales jetables mondiales.
Perspective internationale
Le gouvernement du Canada est responsable de la politique nucléaire étrangère. Comme celle-ci s’appuie sur le principe de la non-prolifération, elle a une incidence importante sur l’industrie nucléaire canadienne, ainsi que sur les valeurs et l’image du Canada en tant que pays pacifique.
La technologie CANDU a été une réussite canadienne ainsi que sur les marchés de l’exportation. Par exemple, un second réacteur a été construit il y a quelques années en Roumanie dans le respect de l’échéancier et du budget. De plus, la moyenne du facteur de capacité pendant la vie utile des réacteurs CANDU à l’étranger dépasse 90 % (elle est d’environ 80 % au pays). D’après les perspectives les plus récentes, l’avenir est prometteur pour les nouveaux réacteurs à l’étranger. Le Canada, un des rares pays qui offrent la technologie et les services associés aux réacteurs, est bien placé pour tirer profit du regain d’intérêt général envers l’énergie nucléaire. À l’heure actuelle, neuf réacteurs CANDU sont en service à l’extérieur du Canada : quatre en Corée du Sud, deux en Chine, deux en Roumanie et un en Argentine.
Centrale nucléaire | Pays | MWé | Année de mise en service |
---|---|---|---|
Wolsong 1 | Corée du Sud | 1 x 629 | 1983 |
Wolsong 2 | Corée du Sud | 1 x 629 | 1997 |
Wolsong 3 | Corée du Sud | 1 x 629 | 1998 |
Wolsong 4 | Corée du Sud | 1 x 629 | 1999 |
Embalse | Argentine | 1 x 600 | 1984 |
Qinshan 1 | Chine | 1 x 665 | 2002 |
Qinshan 2 | Chine | 1 x 665 | 2003 |
Cernavoda 1 | Roumanie | 1 x 629 | 1996 |
Cernavoda 2 | Roumanie | 1 x 629 | 2007 |
Source: RNCan
Le Canada est membre de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), deux importants organismes internationaux qui se consacrent à l’utilisation sécuritaire et pacifique de l’énergie nucléaire. Il est également membre du Forum international Génération IV (GIF) et l’Accord international pour la coopération nucléaire (AICN).
Agence pour l'énergie nucléaire (AEN)
L’AEN est une agence spécialisée de l’OCDE réunissant 28 pays situés en Europe, en Amérique du Nord et dans la région de l’Asie et du Pacifique. Ensemble, ces pays représentent près de 85 % de la puissance nucléaire installée dans le monde. Le rôle principal de l’AEN est d’aider les pays membres à maintenir et à approfondir, par la coopération, les bases scientifiques, technologiques et juridiques indispensables à une utilisation sûre, écologique et économique de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. L’AEN est un cadre privilégié de promotion de la coopération internationale, d’échange d’idées, d’informations et d’expériences sur les enjeux et les politiques relatifs à l’énergie nucléaire et aux déchets radioactifs.
Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
L’AIEA, organisme indépendant des Nations unies regroupant 144 pays, est un forum international au service de la coopération scientifique et technique visant l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire. Elle a été créée pour promouvoir les applications pacifiques de l’énergie atomique dans le monde au bénéfice de l’humanité, tout en prévenant une utilisation destructrice de cette énergie.
L’AEN et l’AIEA travaillent étroitement ensemble. Le mandat de l’AIEA est plus vaste et plus délicat sur le plan politique, en raison de l’importance accordée à la non-prolifération des armes nucléaires.
Forum international Génération IV (GIF)
Le Canada est également membre du GIF. En signant l’accord-cadre du Forum en février 2005, il est devenu un partenaire du développement de la prochaine génération de réacteurs de puissance. Les spécialistes des pays membres ont identifié les six technologies les plus prometteuses et ils partageront connaissances, ressources et installations pour assurer la viabilité de ces technologies grâce à la R et D. Ces systèmes nucléaires avancés devraient être mis en service entre 2020 et 2030. Plus fiables, plus sécuritaires et plus économiques que les technologies actuelles, ils seront aussi moins propices au développement d’armes nucléaires. Pour en savoir plus, voir www.gen-4.org/index.html.
L’Accord international pour la coopération nucléaire (AICN)
L’AICN fournit un forum pour la coopération parmi les états membres afin d’explorer des approches mutuellement bénéfiques en vue de s’assurer que l’énergie nucléaire est utilisée à des fins pacifiques et de manière efficace qui satisfait les normes les plus élevées en terme de sûreté, de sécurité et de non-prolifération. Le Canada a joint l’AICN en novembre 2007 lorsqu’il était connu sous le nom de Partenariat mondial pour l’énergie nucléaire. Pour en savoir plus, voir http://www.ifnec.org/.
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