Détails
- Auteur(e)s
Ressources naturelles Canada - ISSN
2819-8018
Table des matières
- Introduction
- Résumé des recommandations
- Nos origines
- Où nous en sommes
- Nos réalisations
- Rapports des comités
- Recommandations complètes du Conseil
- Prochaines étapes
- Recueillir les renseignements et les données manquants sur le marché du travail
- Cerner les lacunes en matière de compétences et de formation
- Examiner et explorer les répercussions à l’échelle locale
- Faire progresser l’autonomisation économique des Premières Nations, des Inuits et des Métis
- Mobiliser les partenariats et veiller à leur harmonisation
- Favoriser la coopération internationale
Introduction
Alors que le monde est aux prises avec une incertitude et des difficultés croissantes, le Canada doit réorienter son économie vers une croissance durable qui favorise la résilience, une prospérité durable et de bons emplois bien rémunérés. La croissance durable signifie non seulement de maintenir le cap sur les objectifs à long terme du Canada en matière d’économie à faibles émissions de carbone et de réconciliation avec les Autochtones, mais aussi de trouver des moyens de s’attaquer aux priorités immédiates du pays, notamment le protectionnisme commercial mondial et les tensions géopolitiques, l’insécurité énergétique, les défis continus liés à l’abordabilité et l’essor de l’intelligence artificielle.
Qu’est-ce qu’un « emploi durable »?
La Loi canadienne sur les emplois durables définit un emploi durable comme « tout emploi qui est compatible avec la trajectoire du Canada pour atteindre la carboneutralité et un avenir climatique résilient et qui représente la notion de travail décent, soit un travail — notamment des emplois où les travailleurs sont représentés par un syndicat qui a négocié une convention collective — pouvant subvenir aux besoins des travailleurs et de leur famille au fil du temps et qui inclut des éléments tels qu’un revenu équitable, la sécurité d’emploi, la protection sociale et le dialogue social. »
Alors que le gouvernement du Canada cherche à bâtir « une seule économie forte », il ne doit pas perdre de vue les répercussions à long terme que ses décisions auront sur les personnes, les collectivités et l’environnement. Une croissance intelligente, propre et inclusive améliorera les chances de réussite du gouvernement fédéral et produira des avantages durables, notamment des emplois durables pour les générations à venir.
Des études démontrent que l’atteinte de la carboneutralité au cours des 25 prochaines années pourrait créer un nombre important de nouveaux emplois au Canada, dans des domaines allant de l’énergie propre et des bâtiments plus écologiques aux nouvelles technologies comme le captage, l’utilisation et le stockage du carbone et les produits à faibles émissions de carbone comme l’acier et l’aluminium.
Cependant, bien que ces projections brossent un tableau prometteur, il y a un revers à la médaille, qui comprend des pertes d’emplois réelles et dévastatrices dans des secteurs et des collectivités vulnérables. Tout cela exige que le Canada fasse preuve d’audace, d’innovation et d’ambition dans la façon dont il appuie les travailleurs aujourd’hui et saisit les emplois de demain :
- Si nous voulons favoriser les dépenses en infrastructures et accélérer les grands projets jugés d’intérêt national, le Canada doit aussi accélérer l’élaboration d’une stratégie visant à s’assurer qu’il dispose de la main-d’œuvre qualifiée nécessaire pour réaliser ces projets. Il doit aussi s’assurer qu’il dispose de travailleurs qualifiés pour pourvoir les emplois à long terme qui suivront une fois la construction achevée, notamment des gens de métier qualifiés, des ingénieurs et divers techniciens.
- Puisque l’électricité propre alimentera une grande partie de l’économie à faibles émissions de carbone de demain, le Canada doit disposer d’une main-d’œuvre qualifiée pour faire croître ses réseaux et assurer l’approvisionnement en électricité, notamment des ingénieurs, des gens de métier du bâtiment et des exploitants de centrales électriques.
- Même si la production de pétrole et de gaz devrait continuer de croître au cours de la prochaine décennie, avec un nombre inférieur d’employés inscrits sur les listes de paie des entreprises, le Canada doit continuer à encourager l’industrie pétrolière et gazière à maximiser les technologies pour réduire son empreinte carbone. De plus, le Canada doit en faire davantage pour concrétiser les nouvelles possibilités et les nouveaux emplois dans des domaines comme les technologies propres ainsi que les produits et les processus à faibles émissions de carbone.
- Par ailleurs, alors que l’intelligence artificielle et l’économie numérique transforment la nature même du travail, nous devons doter les Canadiens des compétences et des outils nécessaires afin de rendre l’avenir meilleur pour eux.
« Trop souvent, la planification de la croissance économique n’est pas coordonnée avec le perfectionnement des compétences locales, et, par conséquent, les entreprises et les travailleurs ratent des occasions de prospérité. »Foot note i i
– Institut de recherche en politiques publiques
Autrement dit, nous devons continuer à planifier l’économie de demain, même si nous sommes préoccupés par les défis d’aujourd’hui.
Le Conseil du partenariat pour des emplois durables, un organe consultatif qui offre des conseils indépendants au gouvernement fédéral, estime que le Canada peut se montrer à la hauteur de la situation. Pour ce faire, nous devons aborder ce moment de façon plus stratégique. Nous devons construire davantage d’infrastructures essentielles qui favorisent une économie prospère. Il faut notamment mieux comprendre les secteurs où on enregistrera des lacunes en matière de compétences et de former une main-d’œuvre hautement qualifiée et flexible pour les combler. Notre avenir durable passe aussi par un renforcement de la propriété et de la participation des Autochtones, par la mobilisation des jeunes et par l’amélioration des stratégies d’immigration afin d’attirer les talents qui seront les moteurs de notre réussite économique actuelle et future.
Résumé des recommandations
Ce rapport annuel du Conseil témoigne de la confiance de ses membres dans la capacité du Canada à mener la transformation mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone. Ses recommandations, quant à elles, sont fondées sur l’expertise et l’expérience de chaque membre du Conseil qui, même s’il peut représenter un groupe d’intervenants particulier, ne parle pas au nom de son employeur ou de son organisation. Enfin, le rapport repose aussi sur les premières consultations du Conseil avec des fonctionnaires fédéraux et d’autres experts, ainsi que sur sa première mobilisation d’un segment de la population canadienne.
Bien que le Conseil actuel n’en soit qu’à six mois de son mandat de trois ans, il se sent obligé de recommander une intervention immédiate du gouvernement fédéral dans trois domaines clés :
- Élaborer des stratégies industrielles exhaustives pour créer des emplois durables qui permettront aussi au Canada d’atteindre la carboneutralité d’ici 25 ans. Ces stratégies devraient inclure de nouvelles façons novatrices de tirer parti des capitaux privés, d’investir dans les économies régionales et d’appuyer la propriété, les intérêts financiers et la participation accrue des Autochtones dans les nouveaux projets qui stimulent la croissance propre et créent des emplois durables.
- Renforcer le perfectionnement des compétences et la formation des travailleurs actuels et des nouveaux venus sur le marché du travail canadien, y compris le renforcement des capacités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Bien que les manchettes nationales aient été dominées par les récentes pertes d’emplois, le Canada est confronté à de futures pénuries de main-d’œuvre qui surviendront alors que des centaines de milliers d’emplois sont actuellement vacants partout au pays.
- Accorder la priorité à une approche centrée sur les personnes pour créer et conserver des emplois durables pour les travailleurs touchés par la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone. Cela doit inclure des normes d’emploi qui favorisent un travail décent et de bons salaires, ainsi qu’un soutien au revenu pour les travailleurs en transition vers de nouvelles carrières et des options flexibles pour la préretraite, le cas échéant.
Ces recommandations seront présentées plus en détail et accompagnées de mesures précises plus loin dans ce rapport annuel. De plus, ce rapport annuel expose certaines des priorités et des prochaines étapes du Conseil pour l’année à venir afin de mettre en œuvre ces recommandations et de combler d’autres lacunes existantes. Notamment :
- combler les lacunes en matière d’information et de données sur le marché du travail;
- cerner les lacunes en matière de compétences et formation professionnelle existantes;
- examiner et explorer les répercussions locales des changements climatiques et de la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone;
- faire progresser l’autonomisation économique des Premières Nations, des Inuits et des Métis;
- mobiliser les partenariats et l’harmonisation dans la création d’emplois durables;
- favoriser la coopération internationale.
Enfin, ce rapport annuel comprend les plans provisoires du Conseil pour l’année prochaine qui visent à consulter les Canadiens à différents niveaux, de tous les horizons et de toutes les régions du pays
Le tout respectueusement soumis,
Michelle Llambias Meunier
Coprésidente du Conseil
Lionel Railton
Coprésidente du Conseil
Membres du Conseil
Caroline Brouillette
Directrice exécutive, Réseau action climat Canada
Bea Bruske
Présidente, Congrès du travail du Canada
Kaella-Marie Earle
Ingénieure responsable des émissions, Enbridge
Vice-présidente, Comité consultatif autochtone, Régie de l’énergie du Canada
Keith Healey
Spécialiste de l’élaboration de politiques et de règlements
Adam Hedayat
Président, Hampco Enterprises ltée
Michelle Llambías Meunier (coprésident)
Présidente et cheffe de la direction, Conseil du patronat du Québec
Gavin McGarrigle
Directeur de la région de l’Ouest, Unifor
Parand Meysami
Juge administrative et membre du tribunal spécialisée en énergie, en environnement et en réglementation
Lionel Railton (coprésident)
Ancien directeur régional canadien, Union internationale des opérateurs-ingénieurs
Austin Zacharko
Spécialiste de la production et du stockage d’énergie
Nos origines
Lorsque le monde s’est réuni à Paris il y a 10 ans pour conclure son nouvel accord historique sur le climat, les nations participantes ont aussi reconnu la nécessité d’appuyer les travailleurs et les collectivités qui pourraient subir les répercussions négatives des efforts de lutte contre les changements climatiques. Cela comprenait la reconnaissance des « impératifs d’une transition juste pour la population active et la création d’emplois décents et de qualité », ce que le gouvernement du Canada appelle désormais des « emplois durables ».
« Pour parvenir à une transition durable et juste, il faut des politiques, des stratégies et des programmes transformateurs qui permettent une transition juste pour les travailleurs, les collectivités et les actifs touchés par le passage à des économies à faibles émissions de carbone. »Foot note ii ii
– Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
Dans le cadre de cet engagement, le gouvernement fédéral a publié un document de travail et a invité les Canadiens qui souhaitent se prononcer sur ses propositions, y compris les plans de création d’un conseil consultatif pour des emplois durables pour guider la prise de décision et les interventions du gouvernement fédéral.
Les répondants ont approuvé avec une écrasante majorité le concept d’un conseil consultatif guidé par le dialogue social et la nécessité de combler les lacunes à l’égard des efforts existants déployés par le gouvernement fédéral. Cela a mené à la création du Conseil du partenariat pour des emplois durables, une des 10 mesures du Plan pour des emplois durables intérimaire de 2023-2025 du gouvernement du Canada.
Le nouveau Conseil a été approuvé par le Parlement avec l’adoption de la Loi canadienne sur les emplois durables en juin 2024.
Le mandat d’un conseil de 13 membres a ensuite été publié en février 2025 et les 10 premiers membres, dont deux coprésidents, ont été nommés en février et en mars 2025.
Les membres du Conseil se sont réuni pour la première fois en mai 2025 et ont tenu leur première réunion mensuelle régulière en juillet.
Le Conseil a écrit au ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles pour demander que ses trois derniers membres soient nommés, comme le prescrit le mandat du Conseil.
Où nous en sommes
Moins de 18 mois après l’adoption de la loi fédérale sur les emplois durables, l’avenir du Canada semble radicalement différent. Alors que les changements climatiques demeurent le plus grand défi de notre époque et qu’ils touchent de manière disproportionnée les peuples et les collectivités autochtones, d’autres priorités retiennent désormais une grande partie de l’attention de la nation et remodèlent la façon dont les Canadiens conçoivent les emplois durables.
- Le protectionnisme commercial et les tarifs douaniers américains ont eu des répercussions négatives sur les travailleurs et les collectivités du Canada et ont déclenché une nouvelle vague de patriotisme canadien qu’on n’avait pas vue depuis les célébrations du centenaire du pays en 1967. Cela a, à son tour, favorisé un mouvement Achetez canadien qui peut créer de nouvelles possibilités économiques partout au pays.
- Un nouveau gouvernement fédéral a adopté une loi pour accélérer les grands projets liés aux ressources jugés d’intérêt national ou essentiels à la diversification du commerce du pays. Encore une fois, cela ouvre de nouvelles portes à la main-d’œuvre de demain, tout en créant de nouveaux risques pour les collectivités et les écosystèmes touchés par ces projets.
- Il est de plus en plus indispensable de recentrer le système d’immigration du Canada pour attirer et appuyer les travailleurs nécessaires pour stimuler l’innovation dans une croissance propre et durable.
- L’intelligence artificielle (IA) et ses applications potentielles ont connu une croissance exponentielle depuis que le nom ChatGPT est connu de tous. Aujourd’hui, même les plus grands experts de l’IA en sont encore réduits à des conjectures sur la manière dont la nouvelle économie numérique transformera en fin de compte les milieux de travail du Canada et la nature du travail.
Ces nouvelles réalités ont bouleversé les ambitions climatiques du Canada, y compris un gouvernement fédéral qui vise maintenant à être « compétitif sur le plan climatique ». Lors de leurs premières consultations, les membres du Conseil ont entendu que, même si la plupart des Canadiens appuient encore le besoin de bâtir une économie propre et inclusive, leur priorité est d’avoir un emploi sûr qui leur permet de garder un toit au-dessus de leur tête et de la nourriture sur la table.
Le Conseil comprend cette réalité changeante, mais il maintient que l’avenir ne doit pas être un choix entre la croissance de l’économie et la protection de l’environnement. Le choix peut être de créer de bons emplois durables dans tous les secteurs de l’économie et dans toutes les régions du pays.
Nos réalisations
Les membres du Conseil se sont réuni mensuellement et ont aussi créé trois comités consultatifs responsables de planifier leurs activités de mobilisation, d’étudier les défis propres aux peuples autochtones et de préparer le présent rapport annuel.
Le Conseil a aussi collaboré avec divers experts, dont de hauts fonctionnaires de plusieurs ministères fédéraux, et a rencontré des parties prenantes clés. Il est particulièrement reconnaissant du soutien logistique et des conseils importants qu’il a reçus du Secrétariat pour des emplois durables de Ressources naturelles Canada.
Tout au long de ses travaux et de ses délibérations, le Conseil s’est engagé à utiliser ses ressources efficacement et à s’assurer de ne pas dédoubler d’autres initiatives fédérales antérieures ou actuelles liées aux emplois durables.
Les rapports suivants résument le travail accompli à ce jour par le Comité consultatif sur la mobilisation et le Comité consultatif des premiers peuples du Conseil.
Rapports des comités
Comité consultatif sur la mobilisation
Le Comité consultatif sur la mobilisation a été créé pour organiser les premières consultations du Conseil en 2025 et pour élaborer un plan complet pour rencontrer un segment représentatif de la population canadienne en 2026.
Activités à ce jour
Disposant de peu de temps pour commencer ses travaux, le Comité a pu organiser une série de séances de mobilisation avant la rédaction du présent rapport annuel. Ces séances se sont déroulées sur 2 jours (les 20 et 21 octobre 2025) dans la région du Grand Toronto et dans le sud-ouest de l’Ontario. Au cours de ces séances, les membres du Conseil ont rencontré des travailleurs et des représentants syndicaux des secteurs de l’énergie nucléaire, des forêts, de l’automobile et de l’acier, ainsi que des experts en ressources humaines et des dirigeants de l’industrie.
Ce rapport annuel tient compte de ce que le Comité et les membres du Conseil ont entendu lors de leurs premières séances de mobilisation. D’ailleurs, ces consultations publiques ont joué un rôle important dans l’élaboration des recommandations du Conseil.
Travaux continus
Le Comité finalise son plan de mobilisation pour 2026 et proposera des consultations dans au moins quatre régions du pays.
Bea Bruske
Présidente, Comité consultatif sur la mobilisation
Adam Hedayat
Gavin McGarrigle
Parand Meysami
Austin Zacharko
Comité consultatif des premiers peuples
Le Comité consultatif des premiers peuples (CCPP) a été mis sur pied pour s’assurer que le Conseil tient compte des défis distincts auxquels les travailleurs et les collectivités autochtones sont confrontés en ce qui concerne les changements climatiques et la transition mondiale vers un avenir à faibles émissions de carbone, ainsi que pour reconnaître le leadership autochtone et d’en tirer des leçons en matière d’énergie propre, d’intendance environnementale et de résilience.
Activités à ce jour
Les premières activités ont porté sur l’avancement des travaux sur les principes directeurs, les processus opérationnels et les priorités du Comité en matière de recherche et de mobilisation.
Pour s’assurer que le Conseil comprend toutes les distinctions (Premières Nations, Inuits et Métis), le Comité a officiellement demandé au ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles qu’un membre inuit du Conseil soit nommé.
Le Comité a aussi choisi la Nation Haisla et la région de Kitimat en Colombie-Britannique comme lieu de sa première mobilisation axée sur les Autochtones (du 11 au 14 novembre 2025). La mobilisation a porté sur les partenariats économiques, la création d’emplois et les possibilités de perfectionnement de la main-d’œuvre de la Nation Haisla dans le cadre des projets LNG Canada et Cedar LNG.
Les membres du Conseil ont aussi assisté au Spark Indigenous Energy Summit à Calgary (les 5 et 6 novembre 2025) pour en apprendre davantage sur le leadership, la participation et les enjeux de main-d’œuvre des Autochtones dans le secteur de l’énergie.
Travaux continus
Le Comité consultatif des premiers peuples élabore actuellement ses priorités officielles en matière de recherche et de sujets de mobilisation pour 2026 et après. Pour contribuer à l’établissement de ses priorités, le Comité a élaboré un concept de recherche. Cette recherche permettra de faire une analyse du contexte des recommandations existantes liées aux emplois durables qui sont issues de documents publics préparés par des nations autochtones et des principales organisations d’experts en matière d’enjeux autochtones.
Le Comité collabore aussi avec le Comité consultatif sur la mobilisation pour assurer un volet autochtone solide dans les activités de mobilisation du Conseil pour 2026. Cette collaboration consiste notamment à définir les principes de mobilisation avec les participants autochtones, à élaborer des options pour les mobilisations officielles en personne et à déterminer d’autres mobilisations virtuelles avec des experts clés, des particuliers et des organisations qui jouent un rôle de premier plan dans l’espace autochtone à faibles émissions de carbone. Les activités de mobilisation reposeront davantage sur les priorités thématiques plus générales établies par le Comité.
Kaella-Marie Earle, présidente (Anishinabée du territoire non cédé de Wiikwemkoong et de la Première Nation d’Aroland)
Austin Zacharko, vice-président (membre de la Nation métisse de l’Alberta)
Parand Meysami
Adam Hedayat
Recommandations complètes du Conseil
Élaborer des stratégies industrielles exhaustives pour créer les emplois durables qui permettront aussi au Canada d’atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici 25 ans. Ces stratégies devraient comprendre de nouvelles façons novatrices de tirer parti des capitaux privés, d’investir dans les économies régionales et d’appuyer la propriété, les intérêts financiers et la participation accrue des Autochtones dans les nouveaux projets qui stimulent la croissance propre et créent des emplois durables.
Même si le gouvernement du Canada a annoncé une « stratégie industrielle » en octobre 2025 pour aider les secteurs clés touchés par les récents tarifs américains, ainsi que de nouveaux crédits d’impôt à l’investissement et des dépenses en capital dans le budget de 2025 pour stimuler au moins un billion de dollars en nouvelles infrastructures, le Canada a besoin d’une approche plus complète et à long terme. Il a besoin de stratégies globales pour une croissance économique durable qui vont de pair avec la protection de l’environnement, le perfectionnement de la main-d’œuvre, les forces locales et régionales ainsi que la réconciliation économique avec les Autochtones.
Entre autres choses, une stratégie cohésive et interministérielle devrait relocaliser et intégrer les chaînes d’approvisionnement nationales, accorder la priorité à l’approvisionnement national (« Achetez canadien ») et harmoniser les mesures fédérales, provinciales, municipales et industrielles dans les secteurs clés.
Parallèlement, les membres du Conseil recommandent une stratégie industrielle qui accélère les projets d’infrastructure essentielle qui sont à la base d’une croissance et d’emplois durables. Ces projets devraient inclure : un réseau national alimenté par un doublement des sources existantes d’électricité propre, un accent renouvelé sur l’efficacité énergétique et les rénovations, un réseau national robuste de bornes de recharge et d’infrastructures pour les véhicules électriques (VÉ), des transports en commun écologiques, des projets de train à grande vitesse comme ceux dont on parle depuis longtemps en Alberta et dans le corridor de transport entre Windsor (Ontario) et Québec.
Enfin, les stratégies industrielles devraient exposer, de façon concrète, la manière dont le pays accélérera sa production de ressources naturelles qui sont essentielles pour atteindre la carboneutralité.
Les stratégies devraient inclure des investissements et des mesures incitatives pour la conception des technologies propres de demain, dont beaucoup n’ont pas encore été commercialisées ou même inventées.
Parmi ses recommandations particulières, le Conseil exhorte le gouvernement fédéral à faire ce qui suit.
- Élaborer des stratégies industrielles à long terme qui relient les objectifs en matière de climat, d’énergie, de main-d’œuvre et de croissance économique locale, régionale et autochtone.
- Assurer la prévisibilité et le suivi des investissements transitionnels et industriels pour faire face aux pertes d’emplois actuelles et renforcer la confiance des travailleurs, des employeurs et des investisseurs.
- Utiliser les marchés publics comme principal outil pour stimuler la demande de produits canadiens à faibles émissions de carbone.
- Élaborer un cadre national coordonné d’approvisionnement qui harmonise les achats entre les provinces et territoires et qui renforce la résilience des chaînes d’approvisionnement nationales, ainsi que les emplois durables qui en découlent.
- Faire des achats gouvernementaux prévisibles à long terme pour donner aux employeurs la confiance nécessaire pour réinvestir dans la modernisation et la décarbonisation, y compris des garanties solides et exigibles pour la création d’emplois.
- Promouvoir des modèles de surveillance autochtones (comme le Comité consultatif et de surveillance autochtoneFoot note iii iii pour le projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain) afin d’améliorer le rendement environnemental et réglementaire des grands projets de ressources, ainsi que d’accroître la capacité de gouvernance autochtone, de réduire les risques liés aux grands projets et de renforcer la participation économique des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
- Mettre en œuvre le Plan d’action de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (2023), y compris le principe du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, tel qu’énoncé dans la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, pour bâtir une société juste, inclusive et équitable.
- Mettre en œuvre la Stratégie économique nationale pour les Autochtones au Canada (2022)Foot note iv iv partout au pays en tirant parti de l’expertise interne.
- Continuer à accorder la priorité à une approche fondée sur les distinctions, en reconnaissant le caractère unique des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada.
Comme il est mentionné ci-dessous, dans les sections Ce que nous avons entendu, nous formulons les recommandations propres au secteur suivantes aux fins d’examen.
Énergie nucléaire
- Reconnaître l’industrie nucléaire comme un secteur stratégique et investir dans le perfectionnement des compétences des travailleurs en transition vers les petits réacteurs modulaires et les projets de remise à neuf des réacteurs CANDU.
- Créer un système unifié et simplifié d’habilitation de sécurité et de reconnaissance des titres de compétences entre les organismes fédéraux et les partenaires de l’industrie.
- Offrir un soutien à l’échelle fédérale pour la numérisation des « dossiers des doses » des employeurs et des travailleurs afin de minimiser les goulots d’étranglement à l’accueil des nouveaux employés.
Forêts
- Offrir plus rapidement des programmes d’allégement du commerce et de garantie de prêt pour faire face aux pressions tarifaires continues qui placent l’industrie et ses emplois au bord de l’effondrement.
- Harmoniser la reconnaissance des titres de compétences provinciaux et élargir les subventions à la formation pour les travailleurs des collectivités nordiques et éloignées.
Acier
- Accorder la priorité à l’acier canadien dans les marchés publics et les projets d’infrastructure pour stabiliser le secteur et favoriser la décarbonisation.
- Élaborer une politique industrielle nationale coordonnée qui relie le commerce, l’énergie et la planification de la main-d’œuvre.
Automobile et véhicule électrique
- Conserver les mesures incitatives, les investissements dans l’infrastructure et les signaux stratégiques cohérents et à long terme en matière de VÉ pour attirer et conserver la capacité de fabrication.
Ce que nous avons entendu
Les membres du Conseil s’apprêtaient à rencontrer des travailleurs mis à pied et des représentants syndicaux de l’usine d’assemblage CAMI à Ingersoll, en Ontario, lorsque General Motors a confirmé, le 21 octobre 2025, qu’elle arrêtait définitivement la production de la fourgonnette de livraison électrique Chevy BrightDrop à l’usine.
L’annonce de GM n’était que la dernière d’une série récente de mauvaises nouvelles pour le secteur canadien de l’automobile, y compris la décision de Stellantis de transférer la production de sa Jeep Compass de Brampton, en Ontario, aux États-Unis. Les deux constructeurs automobiles avaient reçu des sommes importantes de financement fédéral et provincial pour rééquiper leurs usines afin de produire des véhicules électriques et des batteries.
Les travailleurs et les responsables syndicaux d’Ingersoll ont déclaré au Conseil qu’ils estiment que le gouvernement fédéral aurait pu mieux protéger son investissement dans l’usine d’assemblage CAMI, notamment en faisant ce qui suit :
- Investir davantage dans un réseau national robuste de bornes de recharge et d’autres infrastructures clés pour favoriser une adoption plus rapide des VÉ.
- Instaurer des politiques et des mesures incitatives « Achetez canadien » programmées pour coïncider avec le début de la production de l’usine en 2022.
- Obtenir des engagements plus fermes de GM.
- S’inspirer de ce qui a bien fonctionné dans d’autres pays, comme la Norvège et le Royaume-Uni, qui sont plus avancés dans le domaine des VÉ.
Renforcer le perfectionnement des compétences et la formation des travailleurs actuels et des nouveaux venus sur le marché du travail canadien, y compris le renforcement des capacités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Bien que les manchettes nationales aient été dominées par les récentes pertes d’emplois, le Canada est confronté à d’éventuelles pénuries de main-d’œuvre qui surviendront alors que des centaines de milliers d’emplois sont actuellement vacants partout au pays.
« Il est clair que l’expansion réussie des plans nationaux de construction exige une stratégie parallèle en matière de ressources humaines. »Foot note v v
— Deloitte
Un nouveau rapport de DeloitteFoot note vi vi, publié en octobre 2025, estime que le Canada aura besoin de 520 000 nouveaux gens de métier qualifiés au cours des cinq prochaines années, et ce, seulement pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement fédéral de doubler la construction de nouvelles habitations et d’accélérer les nouvelles infrastructures publiques partout au pays. Le chiffre grimpe à près de 800 000 nouveaux travailleurs au cours de la prochaine décennie, en raison des prévisions selon lesquelles 15 % des travailleurs de l’industrie de la construction du pays prendront leur retraite au cours des 10 prochaines années.
Le secteur de l’électricité en est un bon exemple. Le taux d’emploi de l’industrie devrait continuer à dépasser la croissance nationale de l’emploi, car la demande à l’égard de l’électricité propre devrait plus que doubler au cours de 25 prochaines années. Cependant, selon un récent sondage de Ressources humaines, industrie électrique du CanadaFoot note vii vii, plus de huit employeurs sur dix de l’industrie prévoient déjà qu’ils auront de la difficulté à pourvoir les postes essentiels d’ici 2028. Les départs à la retraite imminents représentent une grande partie de cette pénurie de main-d’œuvre anticipée, mais il en va de même pour la baisse du nombre de nouveaux apprentis qui s’inscrivent dans les métiers pertinents au secteur de l’électricité.
Parallèlement, plus de 450 000 emplois sont actuellement vacants dans divers secteurs et régions du Canada, même s’il s’agit d’un creux de huit ans, selon un rapport de Statistique Canada du 30 octobre 2025.Foot note viii viii.
Ces inefficacités du marché du travail freinent la croissance globale du pays, ainsi que sa productivité et sa compétitivité. De plus, on enregistre des postes non pourvus alors que quelque 1,6 million de Canadiens sont à la recherche d’un emploi, dont près d’un jeune sur six âgé de 15 à 24 ans.
Le Conseil se réjouit des nouveaux engagements importants pris par le gouvernement fédéral dans le budget de 2025, notamment son plan visant à élargir les « possibilités d’apprentissage, de formation et de croissance pour les jeunes » et les « nouvelles voies d’accès à des carrières dans les secteurs de la construction, de l’énergie propre et de la fabrication de pointe ».
Le gouvernement peut et doit aussi utiliser sa fonction de coordination avec les provinces et les territoires pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre prévues tout en pourvoyant les postes vacants existants.
Par exemple, le gouvernement du Canada consacre environ trois milliards de dollars par année à la formation professionnelle et au soutien à l’emploi, par l’entremise des ententes sur le développement du marché du travail et des ententes sur le développement de la main-d’œuvre qu’il signe avec chaque province et territoire. Même une légère modification vers les emplois durables, y compris une plus grande importance accordée au « financement des compétences vertes », pourrait produire une main-d’œuvre plus qualifiée, plus résiliente et mieux adaptée.
Dans le même ordre d’idées, le gouvernement fédéral doit améliorer le régime d’assurance-emploi (AE). Cela comprend la pérennisation de ses récentes réformes temporaires, comme la suppression du délai de carence d’une semaine, la suspension de la déduction des paiements de départ comme les indemnités de départ et de vacances, et l’augmentation du nombre maximal de semaines de prestations pour les travailleurs de longue date.
Comme le soulignait un exposé stratégique publié par l’Institut de recherche en politiques publiques cette année, « de nombreux travailleurs hésitent à suivre à leurs frais une formation sans lien avec des occasions d’emploi ». De même, « les formations parrainées par l’employeur sont partie intégrante de l’écosystème d’éducation et d’apprentissage, mais elles ne renforcent pas nécessairement la résilience de la main-d’œuvre ».Foot note ix ix
Le Canada a besoin d’un régime d’AE qui répond mieux aux besoins et aux circonstances individuels et sectoriels.
Enfin, le gouvernement fédéral doit appuyer et habiliter les dirigeants locaux dans les collectivités autochtones, rurales et éloignées, où l’accès au perfectionnement des compétences et à la formation est le plus difficile.
Par conséquent, le Conseil recommande ce qui suit :
- Renforcer la coordination entre les employeurs, les syndicats, tous les ordres de gouvernement, y compris les gouvernements autochtones, et les établissements de formation afin de prévoir les besoins en main-d’œuvre et le recrutement pour les plans de retombées industrielles afin d’appuyer les économies locales.
- De meilleurs outils et modèles de prévision sont indispensables alors que le gouvernement fédéral s’apprête à lancer des dépenses en infrastructures de un billion de dollars dans tout le pays au cours des cinq prochaines années.
- La priorité accordée à la main-d’œuvre locale des Premières Nations, des Métis et des Inuits contribuera à atténuer les inégalités économiques et à renforcer les capacités en matière de compétences dans ces nations respectives.
- Améliorer la collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et autochtones afin de s’assurer que les programmes de réorientation de carrière et de recyclage existants maximisent les nouvelles possibilités d’emploi.
- Accroître l’investissement fédéral dans le perfectionnement des compétences, le recyclage et l’apprentissage intégré au travail afin d’adapter la formation non seulement aux besoins pressants de la main-d’œuvre actuelle, mais aussi aux besoins futurs en matière d’emploi.
- Offrir un accès plus rapide à la formation et au soutien au revenu afin que les travailleurs puissent faire la transition vers de nouvelles carrières plus tôt.
- Utiliser son rôle de rassembleur pour encourager les provinces et les territoires à suivre les efforts du gouvernement du Canada pour éliminer les obstacles fédéraux au commerce intérieur et à la mobilité de la main-d’œuvre. Il faut notamment élaborer des cadres nationaux d’apprentissage et de reconnaissance des titres de compétences ainsi que réduire les chevauchements dans la formation.
- Encourager les provinces et les territoires à rétablir et à moderniser l’enseignement professionnel et technique, y compris une exposition précoce dans les écoles secondaires, à promouvoir les filières professionnelles et à intégrer davantage de contenu sur l’énergie propre dans les programmes d’études.
- Élargir l’accès à des possibilités de formation souples et inclusives, particulièrement pour les peuples autochtones, les femmes et les apprenants à distance, grâce à des mécanismes de financement ciblés, comme des subventions, des bourses d’entretien et des bourses d’études, et en renforçant la capacité des collèges, l’offre en ligne et le soutien à la garde d’enfants.
- Éliminer les obstacles et appuyer les programmes d’enseignement et de formation dirigés par les Autochtones, du primaire au postsecondaire, ainsi qu’offrir du mentorat et sensibiliser plus tôt aux filières professionnelles.
Ce que nous avons entendu
Lors de ses premières consultations avec les travailleurs dans les secteurs de l’acier, de l’automobile, de l’énergie nucléaire et des forêts, le Conseil a entendu à maintes reprises que les gouvernements doivent en faire davantage pour aider les chômeurs et les travailleurs à risque, tout en anticipant et en comblant mieux les pénuries de main-d’œuvre imminentes. Ils ont parlé de plus d’investissements dans le perfectionnement des compétences et la formation, dans les mesures de soutien à la transition et dans la simplification des processus pour améliorer les certifications et la mobilité de la main-d’œuvre.
Chaque secteur est aussi confronté à des défis uniques. L’industrie de l’énergie nucléaire en est un bon exemple. Lors d’une table ronde avec 35 travailleurs du secteur de l’énergie nucléaire, les participants ont noté que de nombreuses écoles secondaires n’offrent plus de formation professionnelle dans les métiers et n’incluent pas de contenu sur le nucléaire dans les cours de science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). On craint généralement que la croissance future de l’industrie de l’énergie nucléaire ne soit freinée par une inscription insuffisante dans les métiers et les programmes propres au nucléaire dans les disciplines des STIM.
Le Conseil a appris que ces problèmes sont encore plus prononcés dans les collectivités autochtones. Les travailleurs ont donc recommandé de sensibiliser les élèves aux parcours professionnels dans les métiers dès les premières années du primaire dans les écoles autochtones.
Les travailleurs ont aussi déclaré au Conseil qu’ils souhaiteraient voir des programmes de certification nationaux pour réduire les obstacles interprovinciaux, ainsi que des mesures pour éliminer les goulots d’étranglement et les chevauchements dans l’approbation des habilitations de sécurité. Ils ont déclaré que la durée de validité des habilitations de sécurité devrait doubler et donc passer de cinq à dix ans.
Des représentants d’Ontario Power Generation (OPG) et de l’Association nucléaire canadienne ont confirmé que des goulots d’étranglement sont prévus dans les métiers spécialisés, en particulier dans la gestion de projet et les postes techniques en milieu de carrière. Ils ont ajouté que les retards dans l’obtention des habilitations de sécurité et une approche fragmentée du suivi de l’exposition annuelle des employés aux rayonnements, lorsqu’ils se déplacent d’un site à un autre, créent d’importants problèmes d’intégration.
Les représentants de l’industrie ont aussi déclaré que les processus d’autorisation liés à l’immigration sont lents et complexes et, par conséquent, découragent les embauches à l’échelle internationale. OPG a déclaré qu’elle s’efforce de relever un grand nombre de ces défis par l’entremise d’une équipe responsable de déterminer la demande de main-d’œuvre. L’équipe tente aussi de renforcer les connaissances, les capacités et les compétences au Canada, en particulier pour les petits réacteurs modulaires. OPG a aussi mentionné qu’elle travaillait avec les conseils scolaires pour lancer des programmes comme « Watts Next » afin de faire connaître plus tôt les carrières possibles dans le secteur de l’énergie nucléaire.
En ce qui concerne l’équité, l’inclusion et la représentation, les responsables de l’industrie reconnaissent que l’accès aux services de garde et le travail par quart constituent des obstacles pour les femmes et les personnes ayant la charge d’enfants qui se lancent dans les métiers spécialisés, et que les jeunes autochtones sont confrontés à des désavantages éducatifs précoces et à un nombre limité de modèles de carrière dans le secteur de l’énergie nucléaire.
- Renforcer la coordination entre les employeurs, les syndicats, tous les ordres de gouvernement, y compris les gouvernements autochtones, et les établissements de formation afin de prévoir les besoins en main-d’œuvre et le recrutement pour les plans de retombées industrielles afin d’appuyer les économies locales.
Accorder la priorité à une approche axée sur les personnes pour créer et maintenir des emplois durables pour les travailleurs et les collectivités touchés par la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone.
Bien que des « emplois durables » pour une économie à faibles émissions de carbone constituent l’objectif final, il faut, pour y parvenir, prendre des mesures pour que les travailleurs de demain gagnent un salaire décent dans des carrières enrichissantes qui leur permettent de planifier leur avenir en toute confiance.
« Une transition énergétique axée sur les personnes peut améliorer la vie quotidienne des Canadiens en stimulant l’économie, en créant de nouveaux emplois, en améliorant les résultats en santé et en créant un avenir meilleur pour les groupes en quête d’équité. »Foot note x x
— Pembina Institute
Par exemple, le Conseil recommande de moderniser le Code canadien du travail pour qu’il tienne compte des principes directeurs de la Loi canadienne sur les emplois durables, notamment en appuyant « la création de travail décent, soit un travail — notamment des emplois où les travailleurs sont représentés par un syndicat qui est partie à une convention collective — pouvant subvenir aux besoins des travailleurs et de leur famille au fil du temps et qui inclut des éléments tels qu’un revenu équitable, la sécurité d’emploi, la protection sociale et le dialogue social. »
Le Conseil estime que les pratiques et les normes fédérales qui favorisent le travail de qualité et décent renforceront la main-d’œuvre canadienne, qui se caractérise de plus en plus par de bas salaires, des emplois précaires et des petits boulots.
Il est urgent que le gouvernement fédéral déploie de tels efforts dans les secteurs où la concentration de travailleurs marginalisés est élevée et où les salaires sont parmi les plus bas, les conditions de travail les plus mauvaises et les avantages sociaux les moins nombreux.
Les travailleurs des Premières Nations, les Inuits et les Métis bénéficieraient particulièrement de cette approche, car le Conseil s’attend à ce qu’ils soient touchés de manière disproportionnée par les grands projets dans les secteurs de l’énergie et des mines.
Le Conseil souhaite aussi souligner l’importance de promouvoir des approches durables pour combler l’écart en matière de bien-être pour les travailleurs des Premières Nations, les Inuits et les Métis.
Dans cette même optique, les membres du Conseil tiennent à souligner d’autres principes directeurs clés de la Loi canadienne sur les emplois durables, notamment la reconnaissance continue de l’importance des « forces régionales et culturelles […] et d’un environnement durable qui favorise le bien-être » (traduction libre).
De plus, la Loi stipule que le plan en matière d’emplois durables devrait être inclusif et aborder les obstacles à l’emploi. Il faut notamment de mettre l’accent sur la création d’occasions d’emploi pour les groupes sous-représentés dans le marché du travail, notamment les femmes, les personnes handicapées, les peuples autochtones, les personnes noires et racisées, les personnes 2ELGBTQI+ et les autres groupes en quête d’équité.
À cette fin, le Conseil salue l’engagement pris dans le budget de 2025 de placer les travailleurs au cœur de la stratégie économique du Canada.
Par conséquent, le Conseil exhorte le gouvernement fédéral à faire ce qui suit.
- Mettre à jour le Code canadien du travail pour appuyer « la création de travail décent, soit un travail — notamment des emplois où les travailleurs sont représentés par un syndicat partie à une convention collective — pouvant subvenir aux besoins des travailleurs et de leur famille au fil du temps et qui inclut des éléments tels qu’un revenu équitable, la sécurité d’emploi, la protection sociale et le dialogue social » et conformément à la Stratégie économique nationale pour les Autochtones au Canada (2022).
- Réaffirmer les principes de la Loi canadienne sur les emplois durables et l’engagement du gouvernement à leur égard dans son Plan d’action pour les emplois durables pour 2026-2030.
- S’assurer que les programmes de financement fédéraux et les conventions collectives dans le cadre de projets sont conformes à la Loi canadienne sur les emplois durables en ce qui concerne les exigences relatives à l’emploi des Autochtones et à l’équité en matière d’emploi.
- Appuyer la gestion des ressources et investir dans le logement, l’éducation, les soins de santé et les infrastructures de garde d’enfants qui permettent une participation à long terme, importante et durable à la population active.
- Associer les initiatives de transition industrielle à des investissements durables dans les infrastructures communautaires et les mesures de soutien social comme les services de garde d’enfants, la santé mentale et les services municipaux.
- Renforcer les partenariats avec les organismes communautaires et les centres d’action dirigés par des syndicats, y compris ceux qui sont dirigés par des Autochtones, afin d’offrir un soutien global aux travailleurs et aux familles touchés.
- Explorer des solutions financières novatrices pour aider les travailleurs à gérer les perturbations économiques liées au commerce, comme des accords hypothécaires flexibles ou un allégement temporaire du crédit pendant les périodes de mise à pied.
Ce que nous avons entendu
Alors qu’ils se trouvaient à Ingersoll pour rencontrer des travailleurs mis à pied de l’usine d’assemblage CAMI, les membres du Conseil se sont également entretenus avec deux employés de la campagne locale de Centraide. Les responsables de Centraide ont fait remarquer que dans une petite ville comme Ingersoll, les contributions à leur campagne de financement annuelle et la demande de services financés par Centraide sont directement touchées par les activités de l’usine d’assemblage CAMI.
Par exemple, les dons à Centraide ont considérablement chuté pendant la réorganisation de l’usine en 2021-2022, puis à nouveau lorsque l’usine a commencé son arrêt temporaire en mai 2025. Au même moment, le recours à la banque alimentaire locale et la demande de services de conseil financier et de santé mentale, entre autres, ont grimpé en flèche.
Le maire d’Ingersoll, Brian Petrie, a bien résumé le rôle prépondérant de l’usine d’assemblage CAMI dans la communauté lorsqu’il s’est adressé aux médias à la suite de l’annonce de GM de l’arrêt permanent de la production à Ingersoll : « Nous sommes une petite communauté. Nous ne comptons que 13 000 habitants. En ce qui concerne les petites entreprises, les épiceries, les cafés, tout le monde ressent les effets lorsque l’usine ne fonctionne pas. J’espère que nous avons touché le fond et que des jours meilleurs nous attendent. » (Traduction libre)
Le Conseil a aussi entendu des employeurs et des représentants syndicaux qui sont particulièrement préoccupés par la crise croissante de la santé mentale dans les milieux de travail au Canada. Ils ont parlé de taux de plus en plus élevés d’absentéisme et de congés liés au stress, et ont souligné le besoin urgent de services de santé mentale supplémentaires, offerts par des fournisseurs de services compétents.
Les travailleurs de l’usine d’assemblage CAMI ont aussi fait remarquer que même lorsque des services de santé mentale de qualité sont facilement accessibles, un soutien supplémentaire peut s’avérer nécessaire à des moments cruciaux. Ils ont cité l’exemple de leur mise à pied pendant la réorganisation de l’usine d’assemblage CAMI en 2021-2022.
Prochaines étapes
Pour relever les défis actuels et émergents auxquels le Canada est confronté, il faudra une réponse fédérale qui réunit tous les Canadiens. Le Conseil du partenariat pour des emplois durables a défini six domaines de travail sur lesquels il entend concentrer ses efforts pour assurer une approche canadienne axée sur les personnes en vue de la création et du maintien des emplois durables de demain :
- Recueillir les enseignements et les données manquants sur le marché du travail – Une prise de décisions éclairée exige des renseignements et des données fiables. Au cours de la prochaine année, le Conseil s’emploiera à combler les lacunes dans les données existantes du Canada et à explorer les moyens d’améliorer l’accès à des renseignements pertinents et opportuns sur le marché du travail afin d’appuyer l’efficacité des politiques et des mesures publiques.
- Cerner les lacunes en matière de compétences et de formation – Alors que le Conseil entame sa première année complète de travail, les membres comptent faire des recherches et consulter un vaste segment de la population canadienne afin de cerner les lacunes en vue de préparer et d’appuyer la main-d’œuvre du pays pour les emplois de demain. Il s’agira notamment de déterminer les besoins actuels et futurs en matière de compétences et de garantir des possibilités de formation accessibles et inclusives.
- Examiner et explorer les répercussions à l’échelle locale – Le Conseil examinera et explorera les répercussions des changements climatiques et de la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone sur les emplois dans les petites collectivités rurales et éloignées.
- Faire progresser l’autonomisation économique des Premières Nations, des Inuits et des Métis – Le Conseil étudiera les moyens de promouvoir une approche améliorée des partenariats économiques et des emplois durables avec les peuples des Premières Nations, les Inuits et les Métis, ainsi qu’avec les collectivités autochtones.
- Mobiliser les partenariats et veiller à leur harmonisation – Le Conseil, dans le cadre de son mandat de dialogue social, est idéalement placé pour mobiliser et harmoniser les partenaires et les détenteurs de droits afin d’encourager une action coordonnée.
- Favoriser la coopération internationale – Le mandat du Conseil comprend un volet international, car les défis qui se présentent à nous dépassent la capacité d’un seul pays à les relever. Le Conseil établira des liens avec d’autres organismes consultatifs semblables, étudiera les approches et les meilleures pratiques mondiales existantes et entretiendra un dialogue continu afin d’élaborer un cadre plus structuré pour favoriser la coopération internationale et l’action collective en vue de créer des emplois durables.