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Discours principal, prononcé par le ministre Seamus O’Regan

Association nucléaire canadienne – congrès de 2020 (27 février 2020)

Merci, John, et bonjour à tous!

Je tiens d’abord à préciser que nous sommes sur le territoire ancestral des Algonquins et à saluer avec respect le lien indéfectible de ce peuple avec ces terres.

Je tiens également à vous féliciter, John, d’avoir pris la barre de l’Association nucléaire canadienne à un moment aussi crucial. Votre expérience dans le secteur des énergies renouvelables contribuera à ouvrir de nouveaux horizons pour le secteur nucléaire canadien pendant notre transition vers un avenir énergétique propre.

Félicitations aussi à l’ANC qui fête cette année ses soixante ans – un anniversaire important. Pour un 60e anniversaire, je sais qu’on offre généralement des diamants. Je n’en ai pas apporté aujourd’hui. Mais je souhaite néanmoins remercier cette organisation pour le leadership dont elle fait preuve depuis soixante ans – c’est un jalon pour vous.

Merci d’être avec nous aujourd’hui.

Je vais vous faire une confidence – et, si vous savez déjà que je garde un sabre laser dans mon bureau, vous ne serez pas surpris. Je suis un incorrigible nerd. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai grandi entouré de science-fiction et de bandes dessinées de superhéros. Je pense sincèrement que les progrès scientifiques sont la pierre angulaire de notre croissance économique future.

Et à l’heure où la planète lutte contre les changements climatiques, le nucléaire s’apprête à fournir la prochaine vague d’électricité propre, abordable, sûre et fiable. Bill Gates le dit en peu de mots : « Le nucléaire est idéal pour combattre les changements climatiques. » Pourquoi? Parce qu’il peut fournir des quantités presque infinies d’énergie sans produire aucune émission de CO2. Aucune.

En fait, au Canada, l’énergie nucléaire permet déjà d’éviter chaque année le rejet de plus de 50 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. Ce qui équivaut à retirer annuellement de la route 3 millions de voitures. Un point d’une importance capitale si l’on songe que le Canada s’est engagé non seulement à dépasser les objectifs qu’il s’est fixés pour 2030 en vertu de l’Accord de Paris, mais aussi à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Nous partageons cet engagement avec 77 pays dans le monde et avec un nombre croissant de petites, moyennes et grandes entreprises.

Pour sa part, le Canada a mis un prix sur la pollution. Nous fermons graduellement les centrales au charbon. Nous effectuons des investissements générationnels dans l’énergie propre, les nouvelles technologies et les infrastructures vertes.

Mon ministère soutient à lui seul plus de 900 projets de technologies propres au pays. Nous avons investi dans des initiatives canadiennes de technologies propres à hauteur de près d’un million de dollars, la valeur totale de ces projets s’élevant à plus de quatre fois ce chiffre.

À l’échelle gouvernementale, nous avons investi plus de 3 milliards de dollars depuis 2017 dans des projets novateurs d’énergie propre portant notamment sur le captage et stockage du carbone, les énergies éolienne et solaire, les carburants ou combustibles de remplacement, le stockage d’énergie, les réseaux électriques intelligents ou l’efficacité énergétique.

Comme l’indique clairement le rapport historique diffusé par M. Fatih Birol, ne pas investir dans l’énergie nucléaire signifie reporter l’atteinte de nos objectifs en matière de changements climatiques. Cela signifie aussi un plus grand risque d’échec. Et une facture beaucoup plus salée… qui pourrait aller jusqu’à 1,6 billion de dollars américains de plus que ce qui était prévu. À titre d’exemple, cela représente approximativement la valeur du PIB entier du Canada.

C’est pour cette raison que la réfection actuelle des réacteurs ici, en Ontario, est si importante. Comme les fabricants et les exportateurs canadiens l’ont précisé, la réfection permettra de produire de l’électricité propre durant 25 à 30 ans. Et de favoriser un plus grand recours aux sources d’énergie renouvelable, dont les filières éolienne et solaire. Sans compter qu’une fois achevée, une centrale nucléaire peut fournir à elle seule plus d’un millier d’emplois à temps plein, et ce, pendant des décennies.

Notre gouvernement comprend l’importance de l’énergie nucléaire dans l’atteinte de nos cibles en matière de changements climatiques. Pour aider les régions nordiques et éloignées à se départir des sources d’énergie moins propres, comme le diésel. Pour créer des débouchés dans le secteur des ressources naturelles. Pour stimuler la croissance. Et pour créer des emplois.

C’est pourquoi nous travaillons si fort pour soutenir cette industrie. Et que nous plaçons l’énergie nucléaire à l’avant-plan. Du jamais vu jusqu’à maintenant. Le Royaume-Uni est si impressionné par notre approche qu’il prévoit, je cite, « reprendre et amplifier » ce message nucléaire lorsqu’il sera l’hôte de la conférence COP 26 plus tard au cours de l’année, à Glasgow.

Bien entendu, le plus grand potentiel nucléaire réside dans les petits réacteurs modulaires, ou PRM. Pour produire de l’électricité. Pour procéder à l’extraction de ressources dans les régions éloignées. Pour dessaler l’eau. Pour remplacer le charbon. Et pour offrir une solution de rechange propre comme source d’éclairage et de chaleur dans les collectivités rurales et éloignées. Le Canada est parfaitement placé pour se tailler une place parmi les chefs de file dans le domaine des PRM.

En 2018, le Canada a tenu sa toute première conférence internationale sur les petits réacteurs modulaires, lors de laquelle nous avons lancé la Feuille de route des PRM. On présente, dans ce rapport, plus de 50 mesures que les gouvernements, l’industrie et les parties intéressées du secteur peuvent prendre pour faire du Canada un chef de file mondial de la prochaine vague d’innovation nucléaire.

Une feuille de route qui n’est pas reléguée aux oubliettes, accumulant la poussière… au contraire, un document qui a sollicité beaucoup d’appui et donné une grande impulsion. Cette feuille de route a été le moteur des efforts récents déployés par le gouvernement fédéral pour établir des échéances précises quant à l’examen des applications des PRM dans le cadre de la nouvelle Loi sur l’évaluation d’impact et pour promouvoir le leadership de l’industrie canadienne à l’échelle mondiale. La feuille de route a également constitué une partie importante du récent accord entre les gouvernements de l’Ontario, de la Saskatchewan et du Nouveau-Brunswick dans le but d’unir les efforts afin de mettre au point cette technologie passionnante.

Tous ces efforts se traduisent par des projets bien réels et très prometteurs. Douze projets de PRM font actuellement l’objet d’examens de la conception du fournisseur par la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Cinq entités travaillent avec les Laboratoires nucléaires canadiens à la sélection de sites. Deux travaillent avec Énergie Nouveau‑Brunswick et deux autres avec OPG et Bruce Power.

Pour maintenir l’élan, nous lancerons dès l’automne, avec nos partenaires de partout au pays, le Plan d’action canadien pour les PRM, qui décrira les progrès et les efforts constants faits au Canada pour transformer notre feuille de route en réalité. Nous avons accompli beaucoup de progrès dans un laps de temps assez court.

Pour bien exploiter le potentiel des PRM, nous savons que la protection de la santé et de la sécurité des populations et de l’environnement doit toujours être notre priorité absolue. Il faut donc nous assurer d’avoir la confiance de tous les Canadiens, y compris les peuples autochtones.

Heureusement, nous avons de solides assises sur lesquelles bâtir — plus de 70 ans d’expérience et d’expertise au Canada — et un organisme de réglementation hors pair, la CCSN, dont j’ai le plaisir de saluer la présidente, Rumina Velshi, qui vous entretiendra cet avant-midi de l’importance de la sûreté et de l’harmonisation internationale.

De plus, avec la Loi sur les déchets de combustible nucléaire et la Société de gestion des déchets nucléaires, nous avons bien progressé dans la mise en œuvre du plan canadien pour une gestion sûre à long terme des déchets de combustible nucléaire de nos réacteurs. Au cours des prochains mois, nous travaillerons avec divers intervenants et parlerons aux Canadiens pour doter notre pays d’un cadre stratégique solide et d’un plan clair pour assurer à long terme une gestion sûre de tous nos déchets nucléaires, y compris ceux que produiront les PRM. En parallèle, nous continuerons d’étudier des technologies innovantes, capables de réduire voire d’éliminer ces déchets.

C’est l’heure du nucléaire. C’est votre moment. Le moment de donner forme à la prochaine vague de technologies nucléaires. Et de monter au front pour combattre les changements climatiques et faire avancer le plan pour un Canada carboneutre d’ici 2050.

Je reviens tout juste du nord de l’Alberta — une région du pays qui, comme vous Mesdames et Messieurs, est en première ligne dans ce combat.

J’ai rencontré des chefs d’entreprises, des dirigeants syndicaux, des élus provinciaux et municipaux et des leaders autochtones. Et j’ai entendu d’eux le même message que j’ai entendu de la part de bon nombre d’entre vous depuis mon entrée en fonction comme ministre des Ressources naturelles : nous avons besoin de ce plan. Pour atteindre la carboneutralité, il nous faut un plan intelligent, complet et honnête à l’endroit de nos concitoyens, pour que nous puissions être honnêtes les uns envers les autres.

Premièrement, ce plan doit être brillant et tirer avantage de chaque once de notre ingéniosité pour réduire l’empreinte carbone de notre mode de vie – cela inclut bien sûr la décarbonisation de nos entreprises spécialisées dans l’extraction du carbone – grâce à l’électrification, au captage du carbone, aux PRM et à d’autres technologies propres.

Deuxièmement, le plan doit être exhaustif et saisir toutes les occasions offertes pour réduire l’empreinte carbone et le réchauffement de notre planète. En apportant des modifications à nos maisons et à nos bâtiments, en réduisant la consommation d’énergie, en persuadant nos citoyens de faire des choix individuels qui donneront des résultats pour l’ensemble de la collectivité, cette progression graduelle radicale sera plus efficace que toute technologie révolutionnaire qui, nous pensons, pourrait nous sauver un jour.

Troisièmement, nous devons être honnêtes les uns avec les autres quant au caractère fondamental de cette transition vers une économie nette zéro et à quelle vitesse nous serons en mesure de suivre la cadence d’un tel changement. Certains diront que nous sommes beaucoup trop lents. D’autres diront que nous allons beaucoup trop vite. Des choix seront faits, et aucun d’eux n’est facile.

Et nous devons faire tout cela maintenant. Le temps joue contre nous. Notre planète a rarement été placée devant une telle urgence collective. Nous sommes passés de SI la transition énergétique se produira, à COMMENT la transition énergétique va se produire.

Comment allons-nous effectuer la transition assez rapidement pour atténuer les effets climatiques catastrophiques? Comment allons-nous effectuer une transition suffisamment efficace pour assurer la prospérité constante de nos citoyens? Comment allons-nous faire la transition de manière suffisamment réfléchie pour garantir que les gens – les travailleurs de l’énergie et leurs familles, et même des régions entières de ce pays – ne soient pas laissés pour compte?

Voici ce en quoi je crois.

Premièrement, que le concept de zéro émission nette n’est pas simplement un plan pour notre climat. C’est un plan qui touche aussi notre compétitivité économique. Et ce plan doit être mis en œuvre par le gouvernement (voire l’ensemble du gouvernement), en collaboration avec les ONGE, les partenaires autochtones et le secteur privé.

Que le gouvernement doit travailler à la fois avec les PME et les grandes entreprises désireuses de réduire le carbone.

Que la réglementation que nous élaborons doit être stricte, mais simplifiée.

Que nous devons nous concentrer sur les secteurs où le Canada peut et devrait être un chef de file, comme l’énergie nucléaire. J’ajouterais même que le Canada peut, devrait et doit jouer un rôle de premier plan.

Et à mesure que nous déterminons notre approche, nous devons également revoir nos ambitions à la hausse.

Ce rassemblement de penseurs, de meneurs et de personnes qui se démarquent, et d’autres rassemblements comme celui-ci partout dans le monde, se doivent maintenant de poursuivre notre mission commune : une économie nette zéro d’ici 2050, une économie mondiale qui continue de croître ainsi qu’une transition énergétique qui ne laisse personne de côté.

C’est en train de se produire. C’est bien réel. Ceci est notre mission. Les personnes présentes dans cette pièce peuvent le faire.

Et nous sommes le pays qui peut le faire. Le Canada sera à l’avant-plan. J’en suis convaincu.

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