Climat en évolution, zones forestières en transition
Enjeu : Le changement climatique devrait modifier la répartition des essences au Canada, ajoutant une incertitude de plus à l’aménagement et à la planification des forêts.
Solution : Dresser des cartes des nouvelles zones de répartition des essences et mettre au point de nouveaux modèles pour aider les décideurs à prévoir quelles seront les nouvelles zones de croissance des forêts sous l’effet de l’évolution du climat.
Un peuplement d’érables à sucre qui pousse près de la baie d’Hudson est une image qui dépasse l’entendement de la plupart des Canadiens. Pourtant, un tel paysage pourrait ne pas être si irréaliste d’ici le milieu ou la fin du siècle, selon le rythme de l’évolution du climat, la réaction de différentes essences et d’autres facteurs.
Le changement climatique devrait redéfinir les limites des zones de croissance des arbres et d’autres végétaux partout au pays. À quelle vitesse et à quel endroit cela se produira-t-il? Quelles espèces seront touchées? Nul ne le sait. Des scientifiques canadiens espèrent toutefois être en mesure de fournir des indications permettant de mieux se préparer au changement climatique et à ses effets sur les zones forestières.
Cartographier l’aire de répartition des végétaux
Dans le cadre de la plupart des scénarios de changement climatique, qu’ils soient prudents ou radicaux, les milieux de croissance devraient changer, ce qui compliquera la tenue à jour des zones traditionnelles de rusticité des plantes.
Conscients de ce phénomène, des chercheurs du Service canadien des forêts (SCF) ont entrepris un projet qui visait non pas à dresser une simple carte générale illustrant les zones de rusticité des plantes, mais bien des cartes individuelles sur chaque espèce végétale montrant son aire de répartition possible au Canada et aux États-Unis. Ils ont demandé à des experts en botanique et au grand public d’indiquer quelles espèces étaient présentes dans leur localité. Lorsqu’ils disposent de données suffisantes sur une espèce, ils créent une carte de répartition et la mettent à jour régulièrement à mesure que de nouvelles données leur parviennent. À ce jour, près de 3 000 espèces ont été modélisées.
En plus de fournir des détails plus précis sur les localités où les espèces individuelles sont présentes, cette nouvelle approche de cartographie de l’aire de répartition des végétaux permettra de suivre plus facilement les effets du changement climatique sur les espèces individuelles à l’échelle de vastes territoires.
Pour de plus amples renseignements et des exemples de cartes, visitez le site Web de la rusticité des plantes au Canada.
Suivre les effets du changement climatique sur le peuplier faux-tremble
Le peuplier faux-tremble, l’essence feuillue la plus répandue dans la forêt boréale du Canada, a une grande valeur tant sur le plan écologique que commercial. Depuis les années 1980, le peuplier faux-tremble a connu des épisodes de dépérissement et de ralentissement de sa croissance, notamment le long de la bordure méridionale de la forêt boréale. La défoliation causée par les insectes a été mise en cause ainsi que la sécheresse.
En 2000, le SCF a entrepris une étude à long terme des effets du changement climatique sur le peuplier faux-tremble de la forêt boréale de l’Ouest. Cette étude des impacts des changements climatiques sur la productivité et la santé des peupliers faux-tremble, connue sous le nom de CIPHA (Climate Change Impacts on the Productivity and Health of Aspen), permet de surveiller la croissance et l’état de santé général du peuplier faux-tremble dans des régions considérées sensibles à l’évolution du climat.
L’étude se déroule dans un vaste laboratoire vivant : un réseau de parcelles de recherche à long terme qui s’étend depuis les Territoires du Nord-Ouest et le nord-est de la Colombie-Britannique jusqu’au nord-est de l’Ontario, en passant par les Prairies. Et ses objectifs sont ambitieux : détecter le plus rapidement possible les impacts du changement climatique et prévoir à quoi ressembleront la santé et la productivité futures de cette essence. Ce dernier aspect du projet sera particulièrement utile aux aménagistes forestiers qui ont besoin d’indications sur la façon dont le peuplier faux-tremble réagira selon divers scénarios de changement climatique.
Une étude aussi vaste et aussi longue que la CIPHA exige la collaboration de multiples disciplines. Les chercheurs du SCF travaillent avec des spécialistes de la modélisation du climat et des chercheurs d’Environnement et Changement climatique Canada et d’universités canadiennes. L’étude CIPHA a reçu du soutien financier de diverses sources; ses travaux se poursuivent avec la collaboration du gouvernement de l’Alberta et d’autres organismes.
Modéliser les impacts du changement climatique
Les aménagistes doivent être en mesure d’intégrer dans leur planification les effets du changement climatique. Pour les aider, des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique ont élargi le FORECAST (disponible en anglais seulement), leur outil d’aide à la décision en matière d’aménagement forestier, afin d’y inclure des capacités liées au changement climatique. Les aménagistes peuvent maintenant utiliser le modèle informatique pour examiner les effets que pourraient avoir différents scénarios de changement climatique sur leur capacité à atteindre divers objectifs d’aménagement forestier, comme le maintien de la productivité d’un peuplement et de caractéristiques importantes pour l’habitat faunique.
« Il va de soi que nos travaux constituent une première étape relativement simple de l’étude de certaines des réactions potentielles des forêts à l’évolution du climat. Compte tenu de la nature très complexe de cette question et des nombreuses incertitudes qui l’entourent, il ne fait aucun doute que les efforts déployés pour réagir au changement climatique seront mieux servis par une approche d’aménagement adaptatif dans laquelle on considère les nouvelles données acquises grâce aux efforts de surveillance continue. Le projet sur la rusticité des plantes nous donne la possibilité de tirer parti des efforts de surveillance et de continuer à mettre à jour les résultats. »
— Daniel McKenney, chef, analyse du paysage et applications, Service canadien des forêts
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