La technologie canadienne au service de la croissance énergétique propre en Chine
De plus en plus de gens réclament des sources d’énergie sans incidence sur le climat. Les organismes de réglementation demandent aux sociétés du secteur de l’énergie de réduire leurs émissions. Ainsi change le paysage énergétique canadien. Au vu de cette transition, Génération Énergie présente ici des membres du secteur de l’énergie qui misent sur l’innovation et la technologie pour ouvrir la voie vers un avenir sobre en carbone.
Comment envisagez-vous la transformation du paysage énergétique au Canada?
Alors que le Canada agit pour remplir ses engagements internationaux au chapitre du changement climatique, il est évident que nous devons réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Justin Hannah est convaincu que l’énergie nucléaire constitue l’une des solutions qui permettront de combler l’écart.
Justin Hannah est directeur du marketing, de la stratégie et des relations extérieures chez SNC-Lavalin, le plus grand fournisseur de services d’ingénierie nucléaire au Canada et la seule entreprise canadienne capable de concevoir, construire et entretenir des réacteurs nucléaires.
« Nous nous dirigeons vers un avenir sobre en carbone, dit-il. Chez SNC-Lavalin, nous sommes heureux de faire partie de cette transition. »
En Ontario, environ 60 % de l’électricité provient du secteur nucléaire, mais à l’échelle nationale, ce chiffre se situe seulement à 16 %. Justin Hannah considère donc qu’il y a un vaste champ de croissance.
« Des possibilités existent au niveau pancanadien, que ce soit au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Alberta ou même dans les territoires du Nord. »
Justin Hannah rappelle que le Canada a été l’un des premiers pays, parmi les 58 présents à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris en 2015 (COP 21), à définir l’énergie nucléaire comme l’une des solutions au changement climatique. Il mentionne aussi un rapport présenté aux Nations Unies par Environnement et Changement Climatique Canada qui démontre que cinq sur six scénarios prévoient une forte augmentation de la production d’énergie nucléaire afin d’atteindre l’objectif global de réduction des gaz à effet de serre aux niveaux de 2005 d’ici à 2030.
« Je crois que le gouvernement a établi une trajectoire. En tant que membre de l’industrie nucléaire canadienne et étant la plus grande entreprise d’ingénierie au Canada, nous souhaitons discuter plus en profondeur avec lui de ce qui nous permettra d’atteindre ces objectifs au cours des prochaines décennies », affirme-t-il.
Comment votre travail influence-t-il ce changement?
Bien qu’il ne soit pas ingénieur, Justin Hannah travaille depuis cinq ans dans la commercialisation de l’une des pièces de résistance du portefeuille technologique de SNC-Lavalin : le réacteur CANDU à cycle de combustible avancé (RCCA).
Grappe de combustible CANDU
Le RCCA adaptera le CANDU classique, qui utilise de l’eau lourde et de l’uranium naturel, de façon à permettre l’utilisation d’uranium recyclé. Cette adaptation constitue un point de vente essentiel pour des pays comme la Chine, qui ne bénéficient pas de l’abondance d’uranium naturel dont jouit le Canada.
« C’est un élément dont les Canadiens devraient être conscients et fiers, puisqu’il s’agit d’une innovation qui peut influer sur le changement climatique tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle mondiale. »
Réacteurs CANDU à Qinshan, en Chine
En septembre 2016, SNC-Lavalin a signé un accord de principe avec la China National Nuclear Corporation et la Shanghai Electric Company pour créer une coentreprise qui verra à terminer la conception du RCCA et à construire les réacteurs en Chine et à l’étranger. Une fois mis en service, chaque RCCA produira suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins quotidiens de deux millions de personnes sans émettre d’oxydes d’azote, d’oxydes de soufre, de métaux lourds toxiques, d’aérosols, d’ozone ni d’autres polluants.
Selon Justin Hannah, « le RCCA, tel qu’il est conçu, déplace environ 26 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) annuellement, ce qui, en Chine, équivaudrait à la fermeture d’une centrale thermique alimentée au charbon de grandeur similaire. » Le projet initial en Chine porterait sur quatre réacteurs et permettrait d’éliminer environ 100 millions de tonnes de CO2.
Justin Hannah et ses collègues de SNC-Lavalin recherchent aussi des marchés pour le réacteur CANDU et le RCCA ailleurs dans le monde, notamment en Argentine, en Roumanie, au Royaume-Uni, en Pologne et en Malaisie.
« Il y a tout un monde qui attend les réacteurs CANDU, de type RCCA ou non, où la technologie et l’expertise canadiennes pourraient être utilisées et se répandre. »
Quelle est votre vision de l’avenir énergétique?
Dans l’avenir énergétique de Justin Hannah, les citoyens auront une meilleure connaissance du dossier de l’énergie; ils sauront d’où provient l’énergie et en connaîtront la valeur.
« Je crois vraiment en un avenir sobre en carbone; il faut qu’il le soit. Nous devons en arriver à une situation où la production d’électricité à partir de combustibles fossiles sera elle-même sobre en carbone, grâce au captage et stockage du carbone (CSC), ou sera entièrement remplacée par des sources à faibles émissions, le nucléaire, les renouvelable, l’hydroélectricité. »
Le Canada est l’un des quelques pays qui peut montrer aux autres nations ce que pourrait être un avenir à la fois sobre en carbone et à forte intensité d’utilisation des ressources. L’une des idées proposées par SNC-Lavalin est d’utiliser l’énergie nucléaire pour décarboniser les sables bitumineux en remplaçant le gaz naturel pour extraire le pétrole du bitume.
« Il s’agit d’une très belle occasion d’ouvrir la voie, dit-il. C’est incontestable : tout organisme crédible qui s’interroge sur la manière d’en arriver à abaisser suffisamment nos émissions de carbone pour réaliser nos scénarios de réduction de deux degrés doit nécessairement intégrer l’énergie nucléaire dans son plan. »
Si l’industrie nucléaire n’a pas toujours été présente à l’esprit de ceux qui étudient le dossier d’un avenir énergétique propre, Justin Hannah note que la nouvelle génération est beaucoup plus ouverte au rôle que le secteur nucléaire pourrait jouer. Cette possibilité ainsi que le potentiel de carrières offert par l’industrie constituent les objectifs qu’il souhaiterait promouvoir avec Génération énergie.
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