Contexte régional : conditions actuelles et futures
La présente section propose un tour d'horizon de plusieurs facteurs qui conditionnent la vulnérabilité au changement climatique en Ontario, dont les nombreux facteurs d'ordre non climatique qui agissent sur la capacité d'adaptation, notamment le profil démographique, les facteurs déterminant la santé humaine, les activités économiques et la capacité institutionnelle. On y insiste particulièrement sur les populations jugées vulnérables au changement climatique ainsi que sur les facteurs considérés comme essentiels à la poursuite du développement économique. Les tendances passées et les projections futures du climat fournissent le contexte nécessaire pour estimer à quel point les modifications liée au degré d'exposition sont susceptibles d'avoir une incidence sur la vulnérabilité.
2.1 SITUATION DÉMOGRAPHIQUE ET ÉTAT DE LA SANTÉ
Au cours des 20 dernières années, la population de l'Ontario s'est accrue de près de 3,3 millions d'habitants pour atteindre plus de 12,5 millions de personnes. Cette croissance s'est concentrée dans les centres urbains, en particulier la région du Grand Toronto (RGT), la région de Kitchener-Waterloo-Cambridge, la région de Hamilton et Niagara, et Ottawa (Statistique Canada, 2002). Près de 85 p. 100 de la population de l'Ontario habite en zone urbaine, en raison d'un exode rural ininterrompu. Sur les quelque 250 000 immigrants que reçoit le Canada tous les ans, près de la moitié choisissent la RGT comme première destination (McIsaac, 2003). Les sous-régions centrale et nord de la province sont, quant à elles, généralement caractérisées par un dépeuplement de leurs zones rurales. Bien que les populations de certaines collectivit és éloignées et tributaires de l'industrie primaire soient démographiquement stables, d'autres connaissent sur ce plan un déclin sensible (voir le tableau 1), et cette tendance devrait se poursuivre.
Collectivité | Population | Changement (p. 100) | |
---|---|---|---|
1996 | 2001 | ||
Greenstone | 6530 | 5662 | -13,3 |
Kirkland Lake | 9905 | 8616 | -13,0 |
Elliot Lake | 13 558 | 11 956 | -12,0 |
Iroquois Falls | 5714 | 5217 | -8,7 |
Timmins | 47 499 | 43 686 | -8,0 |
Kapuskasing | 10 036 | 9238 | -8,0 |
On trouve des collectivités autochtones dans toute la province. En 2001, 1,7 p. 100 de la population de la province était autochtone; Plus de 70 p. 100 de cette population était constituée de Premières nations, tandis que les Inuits et les Métis ne représentaient respectivement que moins de 1 p. 100 et environ 27 p. 100 de l'ensemble de la population autochtone. En Ontario, 78 p. 100 des Autochtones vivent hors r éserves, un grand nombre d'entre eux ayant choisi d'habiter dans les zones de recensement du Grand Toronto (Statistique Canada, 2006a).
De manière générale, la population de l'Ontario jouit d'une bonne santé, comparativement à la moyenne canadienne et à celles d'autres pays. L'espérance de vie moyenne — un indicateur largement utilisé de l'état de santé — en Ontario est constamment supérieure à la moyenne nationale (Comité fédéral-provincial-territorial sur la santé de la population, 1999). On conserve cependant des différences sensibles à cet égard entre les différentes catégories de population. Les populations urbaines, notamment dans la RGT et sa périphérie, sont plus souvent en meilleure santé que les populations vivant en milieu rural (Altmayer et al., 2003). Les femmes, et en particulier les femmes autochtones, sont davantage exposées aux risques sanitaires en milieu rural en raison des conditions sociales et environnementales, des comportements sanitaires et de l'accès aux soins (Conseil ontarien des services de santé pour les femmes, 2002; Grace, 2002). Des études ont montré que la santé des femmes, des enfants et des jeunes tend à être moins bonne dans les sous-régions centrale et nord, comparativement à la sous-région sud (Northern Ontario Perinatal and Child Health Survey Consortium, 2002; Haque et al., 2006).
Les projections démographiques pour 2031 (ministère des Finances de l'Ontario, 2006) sont les suivantes :
- La population de l'Ontario va croître de 31 p. 100, donnant un total de 16,4 millions d'habitants, et cette croissance devrait s'avérer relativement stable, soit de 140 000 à 160 000 personnes par année.
- Dans la sous-région sud, plus de 60 p. 100 de la croissance aura lieu dans la RGT, dont la population devrait passer de 5,8 millions en 2005 à plus de 8 millions d'ici à 2031. On prévoit également que la population du reste de la sous-région sud passera de 6 millions d'habitants en 2005 à plus de 7,5 millions d'ici à 2031.
- Les projections démographiques pour les sous-régions centrale et nord de l'Ontario affichent une baisse démographique de 7,4 p. 100, faisant passer le chiffre de population de 810 000 environ en 2005 à un chiffre inférieur à 750 000 d'ici à 2031.
La population de l'Ontario sera également sujette au vieillissement au cours des deux décennies à venir, ce qui se traduira par une répartition des âges différente (voir la figure 2) et par des taux de dépendance plus élevés (rapport des enfants de moins de 15 ans et des personnes de plus de 65 ans à la population en âge de travailler). Cependant, on note des exceptions à cette tendance, en particulier dans les collectivités les plus septentrionales des Premières nations, où on prévoit un rajeunissement de la population, ainsi que chez les immigrants, dont la moyenne d'âge tend à être considérablement plus basse que celle des résidents établis de plus longue date en Ontario (ministère des Finances de l'Ontario, 2006).
2.2 POUVOIRS PUBLICS ET INSTITUTIONS
En Ontario, les trois niveaux d'administration jouent un rôle fondamental dans le modelage du paysage social, économique et institutionnel de la province, et de ce fait conditionnent très largement la capacité de la région à s'adapter au changement climatique. Le système de gouvernance est fortement intégré et complexe, car il combine des organismes et des intervenants officiels et officieux, ce qui, dans certains cas, se traduit par des responsabilit és mal définies. Un grand nombre de secteurs qui seront touchés par le changement climatique, tels que la gestion des ressources naturelles, la production et l'acheminement de l'électricité, et la prestation des services de soins de santé, relèvent de l'autorité provinciale. Les municipalités appliquent et font respecter les politiques nationales et provinciales, assurent des services essentiels comme l'approvisionnement en eau potable et jouent un rôle important en matière de planification de l'aménagement du territoire. L'élaboration de normes et de directives nationales, la question des questions transfrontali ères et la prestation des services essentiels aux collectivités autochtones sont de juridiction fédérale.
2.3 CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET DÉVELOPPEMENT
La croissance économique en Ontario a été relativement forte au cours des deux dernières décennies, avec des taux annuels de croissance du PIB proches de 3,0 p. 100 (ministère des Finances de l'Ontario, 2005). On prévoit un ralentissement de la croissance économique, qui devrait baisser à 2,3 p. 100, mais rester forte jusqu'en 2025. L'économie de l'Ontario, auparavant basée sur le secteur manufacturier, est désormais de plus en plus axée sur le secteur des services, et cette tendance devrait se poursuivre. Cependant, la productivit é manufacturière a augmenté, et l'on s'attend à voir ce secteur conserver un rôle important dans l'économie, en particulier dans le sud (ministère des Finances de l'Ontario, 2005). Les transports continuent de dominer le secteur manufacturier; viennent ensuite le secteur alimentaire, la pétrochimie, l'industrie métallurgique primaire et la filière forestière et papetière. L'activité et la croissance économiques varient selon les régions, et les secteurs de l'agriculture et de l'industrie primaire demeureront importants dans les régions rurales. De nombreuses collectivités ontariennes tirent 30 p. 100 ou davantage de leurs revenus d'emploi des secteurs de l'industrie primaire, principalement l'agriculture et la foresterie (voir la figure 3).
En 2004, l'Ontario possédait l'industrie du tourisme la plus florissante du Canada, cette dernière apportant une contribution au PIB provincial supérieure à celles combinées de l'agriculture, de la forêt, de la pêche et de la chasse commerciales et de l'exploitation minière; le tourisme employait 3,3 p. 100 de la population active de la province (ministère du Tourisme de l'Ontario, 2006). Le tourisme a gagné en importance dans de nombreuses régions rurales non agricoles, et certaines collectivités sont à présent fortement dépendantes de ce secteur. Grâce à l'industrialisation de l'agriculture, le nombre d'exploitations agricoles continue de décroître, leur productivité, de croître et les activités agricoles traditionnelles, à occuper de moins en moins d'espace. En 2001, on recensait 186 000 personnes vivant de l'exploitation de 60 000 fermes dispersées sur le territoire de l'Ontario, soit respectivement un recul de 11 p. 100 et 15 p. 100 par rapport à 1996 (Statistique Canada, 2003b). Certaines zones agricoles ont connu des changements consid érables sous l'effet de facteurs non climatiques dont, notamment, le déclin rapide de l'industrie du tabac dans le quart sud-ouest de la sous-région sud et le remplacement de la culture des arbres fruitiers (pêchers, cerisiers) par les vignes (et les activités vinicoles connexes) dans la région de Niagara. Les cultivateurs ont adopté des pratiques de gestion plus écologique susceptibles de favoriser la durabilité de leurs exploitations. Toutefois, le vieillissement rapide de la population agricole dans ce secteur (Statistique Canada, 2003b) exerce une pression importante sur ce dernier.
De nombreuses collectivités des sous-régions centrale et nord continueront d'exploiter les ressources naturelles, tirant leur subsistance de la forêt, des pâtes et papiers et de l'exploitation minière, tandis que de nombreuses collectivités autochtones trouvent dans la chasse, le piégeage et l'agriculture des moyens de compenser les coûts élevés des produits alimentaires non traditionnels. Les collectivités autochtones de l'ensemble de la province maintiennent des modes de vie qui sont fortement liés au milieu naturel. Le territoire de la bande de Walpole Island, dans la sous-région sud, englobe certaines des zones les plus diversifiées du Canada sur le plan biologique qui permettent la pratique des activités traditionnelles de cueillette, de chasse, de pêche et de piégeage, de concert avec le maintien d'une importante économie de marché fondée sur le tourisme et les loisirs (Resource Futures International, 2004).
2.4 ÉNERGIE – PRODUCTION, TRANSPORT ET DEMANDE
Les perspectives socio-économiques de l'Ontario sont très étroitement liées à la disponibilité d'une source stable d'énergie requise par les secteurs industriel et commercial, et pour les besoins résidentiels. À l'heure actuelle, la capacité installée est d'environ 30 000 mégawatts (MW) et comprend une palette de sources d'énergie (nucléaire, charbon, gaz naturel et renouvelables) qui assurent chacune la production d'une proportion variable de l'électricité (voir la figure 4). Un vaste réseau de transport de l'électricité dessert les régions peuplées de la province, tandis que les collectivités du nord situées hors du réseau produisent leur propre électricité. Au cours de la dernière décennie, le système de fourniture d'électricité a subi deux catastrophes : une grave tempête de verglas qui s'est abattue en 1998 sur la majeure partie du sud-est de l'Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick, et une panne de courant qui a touché en août 2003 la plus grande partie de l'Ontario et le nord-est des États-Unis. La plupart des agglomérations urbaines sont bien alimentées en gaz naturel, tandis que les marchés ruraux du centre et du nord utilisent surtout des carburants de rechange (en plus de l'électricité), comme le gaz propane, le bois et le diesel. La majeure partie du réseau de transport électrique de l'Ontario a plus de 50 ans, et les infrastructures municipales de distribution sont a ériennes et, donc, exposées aux éléments dans les vieux quartiers bien établis, et souterraines dans les nouveaux quartiers de banlieues et les centres commerciaux d'aménagement récent.
La société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité (Independent Electricity System Operator, ou IESO) prévoit qu'en l'absence de stratégies de conservation de l'énergie la consommation d'énergie passera de 157 térawattheures (TWh) en 2006 à 170 TWh environ en 2015, soit une croissance annuelle moyenne de 0,9 p.100 (Independent Electricity System Operator, 2005). Cependant, des mesures d'économie d'énergie et d'efficacité énergétique pourraient maintenir l'équilibre de l'offre et de la demande d'énergie, malgré l'augmentation de la population (Gibbons et Fracassi, 2005; ICF Consulting, 2005, 2006). Un r éseau électrique stable doit pouvoir répondre aux pointes de consommation. La demande d'électricité en Ontario atteint son point culminant désormais durant les mois d'été en raison de l'usage accru de climatiseurs et d'autres dispositifs du genre pendant les vagues de chaleur, tandis que des températures hivernales plus douces, une meilleure efficacité énergétique et l'usage plus répandu du gaz naturel pour le chauffage résidentiel ont fait baisser la demande de pointe en hiver. Les prévisions du IESO font état d'une augmentation de 11 p.100 des appels de puissance de pointe dans des conditions m étéorologiques normales, qui, selon le degré de succès des mesures d'économie d'énergie et d'efficacité énergétique adoptées, devraient passer de 24 200 MW en 2006 à 26 900 MW pendant l'été 2015, voire 30 000 MW dans le cas de conditions météorologiques extrêmes (voir la figure 5). La limite supérieure de ces projections correspond aux hivers froids et aux étés chauds, tandis que leur limite inférieure correspond à des hivers cléments et à des étés frais. Le changement climatique n'est pas pris en considération dans ces prévisions. De nouveaux records de demande ont été atteints au cours des étés 2005 (26 160 MW le 13 juillet) et 2006 (27 005 MW le 1er août) à cause, en partie, de v agues de chaleur prolongées et de températures nocturnes extrêm-ement élevées (Independent Electricity System Operator, 2006).
Pendant la majeure partie de la dernière décennie, le gouvernement de l'Ontario a étudié les moyens d'éliminer progressivement les centrales thermiques alimentées au charbon. Un engagement d'éliminer d'ici à 2014 une tranche de 6 500 MW de la production de ce type de centrale a été pris. S'il est respecté, il en résultera un déficit de l'offre par rapport à la demande qui devra être comblé par une combinaison de sources nouvelles et de mesures d'efficacité énergétique (Assemblée législative de l'Ontario, 2002). Afin de combler ce déficit, le gouvernement de l'Ontario a annoncé, en 2004, la mise en place, au chapitre de la filière des énergies renouvelables, d'une norme (Renewable Portfolio Standard) de 5 p. 100 (1 350 mégawatts) en sources d'énergie renouvelables pour 2007 et de 10 p. 100 (2 700 mégawatts) d'ici à 2010 (Robson et Gruetzner, 2004). Outre le recours aux nouvelles sources dans la province, notamment l'énergie éolienne et hydroélectrique (voir les figures 6 et 7), le transport d'énergie à grande distance à partir de grands barrages hydroélectriques du Manitoba, du Québec et de Terre-Neuve est également envisagé. Au cours des 30 dernières années, l'Ontario a fait preuve d'une grande aptitude à appliquer des mesures d'efficacité énergétique et de consommation plus efficiente de l'énergie, et la province pourrait aisément réaliser encore davantage d'économies, aussi bien dans le secteur résidentiel qu'industriel (ICF Consulting, 2005; 2006).
2.5 TENDANCES ET PRÉVISIONS ATMOSPHÉRIQUES
Le climat et la qualité de l'air de l'Ontario varient beaucoup d'une saison et d'une région de la province à l'autre. Dans la sous-région sud et dans une partie de la sous-région centrale, le climat est fortement influencé par les Grands Lacs, ce qui se traduit par de fortes précipitations en automne et en hiver, une protection contre les grands froids hivernaux et les chaleurs estivales intenses, et d'abondantes chutes de neige dans les régions situées sous le vent des lacs Supérieur et Huron et de la baie Georgienne. Le printemps et l'été comprennent aussi une saison de tornades dans la sous-région sud, région où l'on enregistre la plus grande fréquence de tornades de tout le Canada. En été, des masses stagnantes d'air tropical peuvent entraîner une détérioration de la qualité de l'air, des vagues de chaleur et de la sécheresse, mais on observe parfois également des taux élevés de particules en suspension pendant l'hiver. En automne, les queues d'ouragans produisent parfois des vents forts et des pluies très abondantes. La sous-région nord a des hivers froids et des étés tempérés. Les précipitations y prennent surtout la forme d'averses et d'orages d'été, mais les accumulations de neige en hiver peuvent être importantes. Les basses températures hivernales permettent de construire et d'utiliser des routes d'hiver ou « routes de glace », qui desservent les collectivités et les exploitations minières et forestières commerciales.
L'Ontario connaît divers types de phénomènes météorologiques extrêmes s'accompagnant de catastrophes naturelles. Au printemps, la fonte rapide de la neige et les emb âcles peuvent provoquer des inondations, en particulier dans les collectivités nordiques. De grosses tempêtes frappent la plupart des régions de l'Ontario au moins une ou deux fois par an, avec des vents forts, de la pluie, de la pluie vergla çante ou de la neige. Ces dernières années, l'Ontario a connu des phénomènes météorologiques de gravité exceptionnelle, y compris la tempête de verglas de 1998 qui demeure à ce jour la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire du Canada. Au cours de cette tempête, l'est de l'Ontario, le sud-ouest du Québec, le sud du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, ainsi que des parties du nord-est des États-Unis, ont reçu 80 millimètres ou plus de pluie verglaçante, soit le double de ce qui jusqu'alors n'avait jamais été constaté (Lecomte et al., 1998). Au Canada, cet événement a coûté la vie à 28 personnes et provoqué plus de 5,4 milliards de dollars de dégâts, laissant 250 000 personnes sans électricité en Ontario, certaines pendant 24 jours (Lecomte et al., 1998; Kerry et al., 1999).
Tendances du climat
Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle (1948-2005), période pour laquelle on dispose de données pour le nord comme pour le sud du Canada, les moyennes annuelles des températures pour l'ensemble du territoire national ont monté de 1,3 °C (voir le chapitre 2; Environnement Canada, 2006a). Pendant la même période, les températures moyennes annuelles pour l'ensemble de l'Ontario ont affiché une hausse de 0 °C à 1,4 °C, les hausses les plus importantes ayant été constatées au printemps. Un examen des tendances du nombre de journées et de nuits chaudes de 1950 à 2003 révèle que la plus grande augmentation du nombre de journées chaudes a eu lieu dans la sous-région nord (voir la figure 8). Au cours de la même période, on a assisté à une baisse sensible du nombre de journées froides dans le centre et l'ouest de la sous-région nord (Vincent et Mekis, 2006). La baisse la plus notable de l'amplitude quotidienne des températures a été enregistrée dans la sous-région du centre (Vincent et Mekis, 2006).
Les précipitations annuelles dans le sud du Canada ont augmenté de 5 p. 100 à 35 p. 100 environ depuis 1900 (Zhang et al., 2000) et le nombre de journées avec précipitations (pluie et neige) a sensiblement augmenté dans le sud et le centre-sud de l'Ontario. De plus, le nombre de journées avec pluie seulement a été plus élevé dans les sous-régions sud et dans certaines parties des sous-régions centrale et nord (voir la figure 9; Bruce et al., 2000; Vincent et Mekis, 2006). Dans certaines régions de la province (p. ex., la vallée de la rivière Maitland, à l'est du lac Huron), les précipitations sont devenues plus variables, les orages de forte intensité étant plus fréquents depuis la fin des années 1950 (Mekis et Hogg, 1999). Les chutes de neige automnales montrent une tendance importante à la hausse dans la sous-région nord, mais diminuent dans la sous-région centrale au printemps et en hiver. La tendance des chutes de neige dans la sous-r égion sud n'est pas statistiquement différente, bien que les relevés indiquent une augmentation de l'enneigement dans l'ouest de la sous-région et une réduction dans sa partie est (Zhang et al., 2001).
Une augmentation importante des épisodes de neige d'effet de lac a été enregistrée depuis 1915 pour les zones des États-Unis situées du côté sous le vent des Grands Lacs (Burnett et al., 2003). Les fortes chutes de neige d'effet de lac constituent un danger pour les collectivités et les réseaux de transport, et l'accumulation de la neige et sa fonte jouent un rôle important dans l'hydrologie régionale.
Entre 1953 et 2001, le nombre annuel moyen de journées avec pluie verglaçante a varié entre deux et presque dix, les moyennes annuelles les plus élevées ayant été enregistrées à Ottawa, North Bay et Sudbury, et les plus faibles, à Thunder Bay, Kenora et Sioux Lookout. Le risque de pluie verglaçante est resté relativement stable au cours de cette période, avec une tendance à la baisse statistiquement significative à Wiarton et à London, et une légère hausse (non statistiquement significative) dans une grande partie de la sous-région centrale et à Ottawa (Klaassen et al., 2003).
Projections du climat
L'échelle limitée des résultats obtenus des modèles de circulation générale (MCG) ne permet pas de réaliser une analyse exploitable à l'échelle des sous-régions définies aux fins du présent chapitre; la province a donc été subdivisée à cette fin en sections est et ouest. Les projections des changements de la température et des précipitations, issues des essais faits en combinant sept modèles de circulation générale à sept scénarios d'émissions, sont présentées à la figure 10. Ces 49 scénarios offrent une gamme robuste de climats futurs plausibles, exprimés en termes de changements par rapport aux valeurs moyennes de la période de 1961 à 1990 (voir le chapitre 2). Tous les résultats (couvrant une gamme d'hypothèses de nature allant de prudente à audacieuse quant aux futurs taux d'émissions) indiquent une élévation de la température annuelle, et la plupart d'entre eux prévoient également une augmentation des quantités annuelles de précipitations dans les 20 à 50 prochaines années. La plage des résultats s'élargit avec le temps en raison de différences fondamentales entre les scénarios d'émissions d'une part et les différents modèles d'autre part.
Les projections saisonnières des scénarios de température (voir la figure 11) indiquent que le réchauffement maximal se produira l'hiver dans la sous-région nord. On s'attend également à ce que les changements des températures extrêmement élevées soient plus grands que ceux de la moyenne annuelle (Kharin et Zwiers, 2005). On projette un doublement du nombre des journ ées où la température dépassera 30 °C dans la sous-région sud d'ici à 2050 (Hengeveld et Whitewood, 2005). Dans une autre étude, le nombre de journées de forte chaleur pourrait tripler dans certaines villes d'ici à 2080 (Cheng et al., 2005).
On constate une plus grande variation dans les projections des précipitations que dans celles des températures, et les augmentations de précipitations les plus importantes sont prévues dans la sous-région nord (voir la figure 12). On doit toutefois noter que certaines des projections indiquent une l égère baisse (< 2,5 p. 100) des précipitations annuelles pour la majeure partie de la province au cours des 50 années à venir.
Même si les précipitations annuelles totales vont probablement augmenter, des baisses estivales et automnales pouvant atteindre 10 p. 100 sont projet ées pour la sous-région du sud d'ici à 2050. L'humidité disponible nette subira l'incidence de températures plus douces et de saisons de croissance prolongées, ce qui entraînera une augmentation des taux d'évaporation et d'évapotranspiration. Les projections hivernales montrent une intensification des pr écipitations, augmentant du sud au nord et s'échelonnant de 10 à plus de 40 p. 100.
Les changements des quantités extrêmes de précipitations quotidiennes devraient être supérieurs aux changements projetés des quantités moyennes annuelles (Kharin et Zwiers, 2005), ce qui signifie que ces types de ph énomènes deviendront plus intenses et plus fréquents (Hengeveld et Whitewood, 2005). Il est probable que la fréquence des bourrasques de neige d'effet de lac augmentera à brève et moyenne échéances à mesure que la température des lacs s'élèvera et que la température ambiante en hiver restera assez fraîche pour produire des précipitations neigeuses abondantes. On peut cependant s'attendre, à la fin du XXIe siècle, à une réduction de l'importance de ces dernières et à leur remplacement par des pluies abondantes (Kunkel et al., 2002; Burnett et al., 2003).
Pollution atmosphérique
La pollution atmosphérique a une forte incidence sur la santé des populations humaines et des écosystèmes. Elle provoque des pathologies pouvant entraîner la mort chez les classes les plus vulnérables de la population. Elle a aussi pour effet de réduire les rendements de nombreuses productions agricoles. Le changement climatique exerce un effet sur les niveaux de pollution de l'air par l'entremise de modifications des conditions météorologiques et de la composition chimique de l'atmosphère. Il existe également des possibilités de synergies entre les impacts sanitaires que produisent les élévations de la température et la pollution atmosphérique, en raison de l'augmentation possible des émissions d'équipements électrogènes utilisant des combustibles fossiles auxquels on a recours pour faire face à la hausse des pointes de consommation. En Ontario, les problèmes de qualité de l'air liés à l'ozone et aux particules fines sont considérables, en particulier dans l'ensemble de la sous-région sud. De façon intermittente, les particules et l'ozone posent aussi des problèmes dans d'autres régions de la province.
Les concentrations de particules et de précurseurs de l'ozone ont baissé au cours des 30 dernières années, même si cette baisse a atteint un plateau depuis le milieu des années 1980 (Brown et Palacios, 2005; Commission mixte internationale, 2006). Toutefois, certaines villes, comme Toronto, connaissent une augmentation des teneurs atmosphériques en dioxyde d'azote et en particules fines qui s'explique en partie par l'augmentation des émissions provenant des centrales thermiques alimentées au charbon et du secteur des transports (Campbell et al., 2004). Malgré les baisses de concentration des polluants précurseurs de l'ozone, l'Ontario affiche des hausses statistiquement significatives des moyennes saisonnières de concentration d'ozone atmosphérique durant l'été et l'hiver pour la période s'étendant de 1980 à 2005 (ministère de l'Environnement de l'Ontario, 2006a). Au Canada, les concentrations d'ozone sont les plus élevées et leur élévation, la plus rapide dans la sous-région sud de l'Ontario (Environnement Canada et al., 2005; ministère de l'Environnement de l'Ontario, 2006a). Au cours des dernières années, les relevés des stations de surveillance de l'Ontario, dans les villes petites et grandes comme en milieu rural, ont été supérieurs à la norme standard pancanadienne relative à l'ozone, sauf à Thunder Bay. Une part importante du problème est la pollution transfrontalière qui peut atteindre des niveaux égaux, sinon supérieurs, à ceux des sources locales pendant les épisodes de smog (Yap et al., 2005). L'Ontario est également une source importante de pollution atmosphérique pour les régions situées en aval des masses d'air en déplacement : le Québec, le Canada atlantique et certaines parties du nord-est des États-Unis.
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