Chapitre 7 - Prairies
Principales conclusions
Une augmentation des pénuries d'eau représente le risque le plus sérieux lié au climat. Les Prairies renferment la majeure partie des terres sèches du Canada. Parmi les récentes tendances observées et les prévisions pour l'avenir figurent la réduction du débit des cours d'eau en été, la baisse du niveau des lacs, le recul des glaciers et des déficits croissants en eau du sol et en eaux de surface. Une augmentation de la fréquence des années sèches entraînera probablement une tendance à l'accroissement de l'aridité. Cependant, les mesures de gestion et de conservation de l'eau continueront de permettre l'adaptation au changement et à la variabilité du climat. Ces mesures pourraient comprendre des technologies d'amélioration de l'efficacité d'utilisation de l'eau ainsi que des systèmes de tarification de l'eau qui reflèteraient mieux les coûts réels du traitement de l'eau et de son approvisionnement, et aideraient à faire en sorte que cette ressource de plus en plus rare soit attribuée de façon appropriée. L'augmentation de la productivité des forêts, des prairies et des cultures due au réchauffement et à l'accroissement du CO2 atmosphérique pourrait être limitée par l'humidité disponible dans le sol, et les sols asséchés sont, en outre, plus vulnérables à la détérioration. La rareté de l'eau, qui représente une contrainte pour tous les secteurs et collectivités, pourrait ainsi freiner la croissance économique et démographique dont jouit l'Alberta.
Les écosystèmes subiront les conséquences des modifications se manifestant au niveau du bioclimat, des changements des régimes de perturbation (p. ex., les insectes et les incendies), de l'imposition de stress aux habitats aquatiques et de l'apparition de plantes et d'animaux exotiques. Ces répercussions se feront le plus remarquer dans les îlots de forêt isolés et les zones forestières périphériques. Les conséquences se feront sentir sur les moyens de subsistance (p. ex., pour les Autochtones) et sur les secteurs économiques (p. ex., l'agriculture, l'industrie forestière) qui dépendent énormément des écoservices. Des ajustements devront être apportés à la gestion des écosystèmes pour permettre au changement de se produire d'une façon durable.
Les Prairies voient disparaître certains des avantages que leur procuraient les hivers froids. Ces derniers aidaient à restreindre l'étendue des ravageurs et des maladies, facilitaient les travaux entrepris en hiver dans les secteurs de la foresterie et de l'énergie et permettaient un accès plus facile aux collectivités éloignées grâce aux chemins d'hiver. À mesure que les températures continuent de grimper, ces avantages vont diminuer, voire disparaître. Par exemple, le dendoctrone du pin ponderosa pourrait s'étendre et attaquer les forêts de pin gris des Prairies, les sites d'exploration et de forage pourraient devenir moins accessibles et il serait fort probable que la saison o ù les chemins d'hiver sont praticables raccourcisse.
Les ressources et les collectivités sont sensibles à la variabilité du climat. Le climat des Prairies est l'un des plus variables du monde. Cette variabilité s'est avérée à la fois coûteuse (p. ex., elle a entraîné une diminution de la production agricole d'environ 3,6 milliards de dollars au cours de la période de sécheresse de 2001 et 2002) et à l'origine de la plupart des réactions d'adaptation à la variabilité climatique. Les prévisions des conditions climatiques pour l'avenir font état non seulement d'une augmentation de la fréquence des sécheresses, mais aussi d'une hausse des précipitations sous forme de pluie et de la probabilité accrue d'inondations graves. Les phénomènes extrêmes et un élargissement de la plage des écarts d'une année à l'autre par rapport aux normales climatologiques posent pour l'économie des Prairies des risques plus importants qu'un simple décalage dans les conditions moyennes.
La capacité d'adaptation, bien que grande, est répartie inégalement. Par conséquent, les degrés de vulnérabilité sont inégaux sur les plans géographique (p. ex., les collectivités rurales ont généralement moins de ressources et de capacités d'intervention en cas d'urgence) et démographique (p.ex., les populations de personnes âgées, d'Autochtones et d'immigrants nouvellement arrivés sont celles qui croissent le plus rapidement et qui sont les plus vulnérables aux répercussions sur la santé). Le changement climatique pourrait favoriser une migration accrue des collectivit és rurales vers les villes et vers les régions possédant le plus de ressources (p. ex., les villes de l'Alberta). La capacité d'adaptation sera mise à l'épreuve par les augmentations prévues de la variabilité du climat et de la fréquence des phénomènes extrêmes.
Les processus d'adaptation ne sont pas bien compris. Même si une capacité d'adaptation élevée pouvait réduire les répercussions possibles du changement climatique, on ne sait pas tout à fait comment cette capacité sera appliquée. La plupart des recherches existantes ne rendent pas bien compte des mesures ni des processus d'adaptation. Cette capacité n'est que potentielle – les institutions et la société civile joueront un rôle clé dans sa mobilisation. Des mesures d'adaptation récemment appliquées au secteur agricole, telles que les techniques de travail réduit du sol et la diversification des cultures, la politique de l'eau adoptée en Alberta, la reconfiguration du canal de dérivation de la rivière Rouge, les programmes municipaux d'infrastructures et de conservation de l'eau, ont amélioré le niveau de résistance et accru la capacité d'adaptation.
Détails de la page
- Date de modification :