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Introduction - Ontario

L'équilibre social, économique, environnemental et culturel de l'Ontario a été, pour une bonne part, façonné par la géographie de la région, ses ressources naturelles et son climat. Bien que la plupart des secteurs d'activité de la province soient relativement bien adaptés au climat actuel, des phénomènes climatiques extrêmes peuvent causer un préjudice considérable. Le réchauffement du climat se manifeste par les changements des conditions climatiques tant moyennes qu'extrêmes que connaît l'Ontario, et cette situation persistera. Des phénomènes climatiques récents comme les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur et la récurrence d'hivers plus cléments ont eu diverses répercussions en Ontario : pénuries d'eau, incendies de forêts, baisse des niveaux de l'eau des Grands Lacs, baisse de la production agricole, pannes de courant et épidémies d'origine hydrique. Ces répercussions elles-mêmes ont entraîné des coûts économiques et sociaux considérables, qui portent à s'interroger sur la vulnérabilité de l'Ontario au changement climatique à venir. Les conséquences jugées les plus préoccupantes, tant aujourd'hui que pour l'avenir, varient cependant d'une sous-région à l'autre de la province.

La capacité d'adaptation de l'Ontario aura une forte incidence sur l'importance des impacts du changement climatique que la province aura à subir. Les indicateurs de la capacité d'adaptation les plus communément retenus sont les ressources économiques, l'accès à la technologie, à l'information et à la compétence, et le degré de préparation des infrastructures et des institutions (voir le chapitre 2; Smit et al., 2001). Sur la base de ces seuls éléments, on peut déduire que l'Ontario dispose d'une capacité élevée à s'adapter de manière effective au changement climatique. La mise en œuvre de cette capacité dépendra des individus, de l'industrie, des collectivités, des institutions et de l'intégration par les pouvoirs publics du changement climatique – en même temps que d'autres facteurs importants – dans le processus de prise de décisions. On relève cependant des différences importantes dans les capacités d'adaptation d'une sous-région à l'autre et entre les différents secteurs d'activité. Il est également possible que certains changements du climat se manifestent trop rapidement pour permettre une adaptation effective des écosystèmes, des systèmes sociaux et de l'industrie. À défaut de décisions bien informées au moment de la planification de l'adaptation, décisions incidemment rendues possibles par une meilleure compréhension des vulnérabilités actuelles, de l'ampleur des changements futurs attendus et de leurs moments de survenue, on peut craindre un recours à des mesures inadéquates ou une mauvaise adaptation, situation qui aurait pour conséquence involontaire d'accroître les vulnérabilités au changement climatique.

Le présent chapitre sert à présenter une évaluation des problèmes les plus importants que le changement climatique fera vraisemblablement surgir en Ontario. Le chapitre s'articule en quatre sections. Après l'introduction, la section 2 propose un tour d'horizon des principaux facteurs environnementaux, démographiques et économiques actuels et futurs qui conditionnent la vulnérabilité au changement climatique. La section 3 présente l'état des connaissances actuelles sur les sensibilités au climat, les impacts climatiques et la capacité d'adaptation des trois sous-régions (décrites ci-dessous; voir la figure 1), et met en lumière les risques et, lorsqu'on dispose d'informations suffisantes, les possibilités que peut offrir un climat en évolution. La section 4 offre une synthèse des résultats pour l'ensemble des sous-régions, et identifie les domaines pouvant présenter les problèmes les plus préoccupants. L'analyse se penche sur les risques sociaux, économiques et environnementaux auxquels les Ontariens se trouvent confrontés du fait des impacts du changement climatique, à l'échelle des régions, des secteurs et des collectivités. Elle propose également une analyse des facteurs susceptibles d'aggraver le degré de vulnérabilité aux modifications futures du climat ainsi que le rôle des institutions dans le renforcement de la capacité d'adaptation et, enfin, examine le besoin d'intégrer l'adaptation au changement climatique dans les processus de planification à long terme. On a illustré différents aspects de la gestion du risque climatique à l'aide d'études de cas.

FIGURE 1 : Les trois sous-régions de l'Ontario dont il est question dans le présent chapitre (extrait modifié tiré de Ressources naturelles Canada, 2002).

FIGURE 1 : Les trois sous-régions de l'Ontario dont il est question dans le présent chapitre (extrait modifié tiré de Ressources naturelles Canada, 2002).

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La plupart des travaux publiés depuis la dernière évaluation nationale, l'Étude pancanadienne (voir le chapitre 1; Smith et al, 1998), ont porté sur les répercussions biophysiques, en accordant une place moindre aux impacts sociaux et économiques et à la capacité d'adaptation. Certaines lacunes importantes identifiées dans l'Étude pancanadienne persistent à ce jour, notamment en ce qui concerne certains secteurs (p. ex., le secteur minier), sous-r égions (p. ex., le Nord), collectivités (p. ex., collectivités de Premières nations) et phénomènes extrêmes (p. ex., sinistres couverts ou non par une assurance). La plupart des recherches portent sur les impacts n égatifs du changement climatique. De ce fait, les impacts positifs (bénéfices) peuvent ne pas être bien compris. Indiscutablement, tout comme il faudra s'adapter pour réduire au minimum les impacts négatifs, il faudra également le faire pour tirer avantage efficacement des possibilités que le changement climatique pourrait présenter pour l'Ontario.

Aux fins de la présente évaluation, l'Ontario a été subdivisé en trois sous-régions en fonction de certaines caractéristiques physiographiques, sociales et économiques (voir la figure 1 et l'encadré 1). Cette structure permet de faire ressortir le fait que les impacts les plus pr éoccupants, et la capacité à s'y adapter, varient d'une sous-région à l'autre de la province, ce qui exige, selon toute vraisemblance, l'adoption de mesures d'adaptation tenant compte des circonstances particulières à chaque sous-région.

La sous-région sud s'étend vers l'est, à partir de la pointe la plus méridionale du territoire canadien, jusqu'à la frontière du Québec. Elle est bordée au sud et à l'ouest par les lacs Huron, Érié et Ontario et par le Saint-Laurent, et au nord par le Bouclier précambrien de la sous-région centrale. La sous-région sud est la plus densément peuplée du Canada; elle contient en effet huit des seize agglomérations urbaines les plus peuplées, dont sa plus grande ville, Toronto. La topographie de cette sous-région s'étage des reliefs les plus plats, dans le sud-ouest et le sud-est, aux reliefs plus accident és de l'escarpement du Niagara, la majeure partie du paysage naturel de cette région ayant été modifiée pour les besoins de l'aménagement urbain, des réseaux de transport et de l'agriculture. Bien que les Grands Lacs se situent aussi bien en bordure du territoire de la sous-r égion sud que de celle du centre, on les a considérés, aux fins du présent chapitre, comme composant un système unique faisant partie de la sous-région sud.

La sous-région centrale, occupant plus de la moitié du territoire de la province, est dominée par les massifs boisés recouvrant le Bouclier précambrien, aux abondantes richesses minérales. On y trouve un certain nombre de villes de taille moyenne, comme Sudbury et Thunder Bay, mais cette sous-r égion se caractérise plutôt par de vastes espaces faiblement peuplés. Des collectivités tributaires de l'industrie primaire, de l'exploitation minière et forestière, et du tourisme se répartissent principalement le long des voies de transport principales. Cette sous-r égion renferme la grande majorité des collectivités qui dépendent de la forêt et des mines. Les deux tiers du réseau autoroutier de l'Ontario, qui, avec les lignes de chemin de fer, relie l'est et l'ouest du Canada, se trouvent dans cette sous-région.

ENCADRÉ 1

Sous-régions de l'Ontario retenues aux fins de la présente analyse

SUD

Principaux écosystèmes: plaines à forêts mixtes et Grands Lacs; renferme 40 p. 100 des espèces menacées du Canada

Comprend: Windsor, London, Kitchener-Waterloo, Hamilton, Niagara Falls, Toronto, Peterborough, Kingston, Ottawa, Orillia, Barrie, Owen Sound

Économie: secteur des services, industrie manufacturière, tourisme, agriculture

CENTRE

Principaux écosystèmes: Bouclier boréal

Comprend: Pembroke, North Bay, Sudbury, Sault-Sainte-Marie, Timmins, Cochrane, Thunder Bay, Kenora, Armstrong, Sioux Lookout, Huntsville, Red Lake, Pickle Lake

Économie: foresterie et exploitation minière, secteur des services, tourisme, transports

NORD

Principaux écosystèmes: Bouclier boréal, Plaines hudsoniennes, baie d'Hudson-baie James (maritime); les marais littoraux abritent 50 p. 100 de la population de bernaches cravant pendant la migration, et assurent une halte migratoire pour plus de 2,5 millions d'oies des neiges.

Comprend: Moosonee, Kashechewan, Attawapiskat, Fort Severn, Sandy Lake

Économie: exploitation minière, pêche, foresterie, tourisme, activités de subsistance

La sous-région nord s'étend de la limite nord de la sous-région centrale jusqu'aux rivages de la baie d'Hudson et de la baie James. Elle est faiblement peuplée, principalement par de petites collectivités autochtones affiliées à la Première nation Nishnawbe-Aski. La partie septentrionale du territoire de cette sous-région se caractérise par la présence de pergélisol continu ou discontinu. Le terrain essentiellement plat et mal drainé constitue un habitat crucial pour les oiseaux migrateurs. Cette sous-région dépend de son réseau de plus de 3 000 km de routes d'hiver pour assurer l'approvisionnement de nombreuses collectivités éloignées, pour lesquelles le transport aérien est la seule voie d'accès ouverte toute l'année.

 

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